Masque pour le divertissement du roi, en un
prologue et trois actes, sur un livret d'auteur inconnu,
créé devant la cour d'Oxford au cours de
l'été 1681.
Le rôle de Vénus était
chanté par Mary Davies, dite Moll, née en 1657,
ancienne maîtresse de Charles II Stuart, et celui de Cupid par
Lady Mary Tudor, leur fille, à peine âgée de neuf
ans (1673 - 1726).
Le livret fut publié en 1684, date à
laquelle eut lieu une représentation au pensionnat de filles
de Josias Priest à Chelsea, où devait être
représenté, cinq ans plus tard, Dido and Aeneas
de Purcell.
Toùmbée dans l'oubli, l'oeuvre ne fut
exhumée qu'à la fin du XIXe siècle, et
publiée en 1902.
Synopsis
Prologue
Cupidon apparaît au milieu de bergers et
bergères, un arc dans la main et une flèche dans
l'autre, et d'autres flèches autour de la ceinture. Cupidon
chante son pouvoir et appelle à l'inconstance des amants, car
seuls les sots, les laids et les vieux font preuve de
fidélité.
Acte I
Vénus et Adonis sont assis sur un divan. Ils
échangent des baisers et des mots d'amour. On entend des
meutes de chasseurs. Adonis ne veut pas chasser, mais Vénus le
presse de rejoindre les chasseurs, car "l'absence enflamme des
désirs nouveaux". Des chasseurs s'approchent d'Adonis et le
convient à chasser un puissant sanglier.
Acte II
Vénus et Adonis entourés de petits
Cupidons. Cupidon demande des conseils à sa mère. Puis
il fait la leçon aux petits Cupidons. Vénus teste
Cupidon en lui demandant comment rendre Adonis éternellement
fidèle. Elle rit beaucoup de la réponse de son fils :
"fais-le beaucoup souffrir". Danse de Cupidon. Les petits Cupidons
s'amusent entre eux, puis sont brusquement dispsersés par
l'effroyable Cupidon masqué. Cupidon ayant fait appel aux
Grâces, ils réapparaissent avec précaution et se
joignent à elles en chantant. Danse des Grâces. Les
Cupidons parent Vénus.
Acte III
Vénus apparaît, mélancolique.
Affligé, un Cupidon traverse la scène et lui brandit
une flèche. On amène Adonis qui a été
blessé par le sanglier. Vénus pleure. Adonis meurt. Les
Cupidons emportent Adonis dans les airs, pour qu'il trône dans
les cieux.
Innsbruck, Innenhof der
Theologischen Fakultät - 14, 17, 19 août
2013 - The Pavillon Ensemble - dir. Piers Maxim - mise en
scène Laurence Dale - costumes Gabriella Ingram -
chorégraphie Benito Marcelino - avec Kelebogile Boikanyo
(Venus), Edward Grint (Adonis), Jake Arditti (Cupid), Einat
Aronstein (Shepherdess), Jeffrey Francis (Shepherd)
Théâtre de
Caen - 12, 13 octobre 2012 -
Théâtre de Lille - 19, 20, 22, 23 octobre
2012 - Luxembourg - Grand
Théâtre - 9, 10 novembre 2012 - Les
Musiciens du Paradis - La Maîtrise de Caen - Paris - Opéra Comique - 12, 13,
14, 15 décembre 2012 - Grenoble - 20 et 21 décembre
2012 - Angers - 6, 8 et 9
janvier 2013 - Nantes -
Théâtre Graslin - 14, 15, 17, 18 et 20
janvier 2013 - Les Musiciens du Paradis - dir. Bertrand Cuiller -
mise en scène Louise Moaty - décors Adeline Caron -
costumes Alain Blanchot - lumières Christophe Naillet -
chorégraphie Françoise Denieau - avec Marc Mauillon
(Adonis), Céline Scheen (Vénus) - Coproduction avec
Théâtre de Caen; Les Théâtres de la
Ville de Luxembourg; Angers Nantes Opéra; Opéra
Comique; Centre de Musique Baroque de Versailles
Maville.com
"Joué encore ce soir et
demain, Vénus et Adonis est la création de
l\92année au théâtre de Caen. Un plateau de 48
artistes pour un opéra baroque contant la passion
déchirante de la déesse de l\92amour avec son bel Adonis.
Campée par la soprano belge Céline Scheen, cette
dernière est troublante de justesse et d\92émotion et
tient subtilement la barre de ces trois actes filant presto (1 h 30).
Ses inénarrables « Adooonis » vous
réveilleraient un mort qui restera pourtant à
trépas. Revisité par la jeune metteuse en scène
Louise Moaty, ce premier opéra anglais de John Blow plonge le
spectateur de tout son long dans une ambiance à la bougie
augmentée de jolies mélodies. Après une ode
adoratrice des vertus de la musique, il s\92ouvre avec enthousiasme et
quelques drôleries shakespeariennes sur la question de la
fidélité que le jeune éphèbe Cupidon
taquine avec espièglerie. Une danse aphone ouvre quelques
contemporanéités à un propos globalement
fidèle aux lois du genre baroque, mais cette transition est un
peu longue. Peut-être le seul bémol de ce spectacle
traversé de légèreté via à la
présence de six très jeunes choristes. Prélude
à une conclusion tragique, le passage des Grâces est un
instant du même nom. Et tout au long, les seconds rôles
emportent cette \9Cuvre d\92où ils viennent : d\92un petit recoin du
Paradis. Un travail de titans surmonté
d\92orfèvreries."
Concertclassic
"L'histoire a parfois la
mémoire ingrate. Si Didon et Enée de Purcell a
passé la rampe de la postérité, son «
modèle », Vénus et Adonis (vers 1683)de son
maître et ami John Blow(1649-1708) \96 premier exemple
d'opéra anglais conservé \96 n'a pas connu les
mêmes faveurs. C'est au Théâtre de Caen \96 qui
avait déjà donné sur sa scène le masque
de Blow en 1986 \96 que revient l'honneur d'inaugurer la nouvelle
production commandée à Louise Moaty et Bertrand
Cuiller. Double réparation oserait-on écrire, puisque
c'est également une Ode à Saint-Cécile de Blow,
« Begin the song », qui ouvre la
soirée.
On sait le goût de la
condisciple de Benjamin Lazar pour l'intimisme de l'éclairage
à la bougie. Sur un plateau dénudé, les
candélabres sont allumés un par un à partir
d'une chandelle, tandis que l'on voit arriver les membres du choeur
des Musiciens du Paradis et les danseurs, tous de noir vêtus,
et dont se distinguent l'assurance émérite d'Alain Buet
ainsi que la vitalité et la juvénilité
percutantes de David Tricou. Mais cette pénombre
feutrée donne à la variété d'inspiration
de l'ode des allures de leçons de ténèbres, et
les mouvements chorégraphiques, imaginés par
Françoise Denieau à partir des codes baroques, qui se
prolongent en écho des dernières notes, ne convainquent
que rétrospectivement.
Car avec Vénus et
Adonis, tout s'éclaire. Les personnages en couleurs se
détachent du noir plus anonyme des ch\9Curs. On comprend la
continuité entre les deux ouvrages, l'Ode tenant lieu de
prologue allégorique, à l'instar des tragédies
lyriques à la française qui inspire l'ouverture
solennelle du masque, même si un contraste visuel aurait sans
doute été plus dynamique. Les cénotaphes,
globes, tombeaux et instruments de musique au milieu des arbres
mêlent l'innocence de la pastorale au memento mori de la
vanité, soulignant la vulnérabilité des hommes
et des sentiments dans un esprit très dix-septième
siècle.
Céline Scheen incarne
Vénus avec une fraîcheur aussi émouvante que
l'Adonis très théâtral de Marc Mauillon. Mais
c'est sans doute la large participation de la Maîtrise de Caen,
dont est issu Grégoire Augustin, Cupidon, qui donne sa
tonalité particulière au spectacle, tant il est vrai
que c'est la puissance expressive plus que la beauté formelle
du chant qui ici prévaut, et qui participe de
l'originalité de l'ouvrage \96 à l'image des audaces
harmoniques jusque dans le bouleversant choeur final, sommet de la
musique anglaise qui surpasserait même celui de Didon et
Enée. Suivant les conseils d'Eugène Green, les
chanteurs ont réalisé un travail de restitution
linguistique plus favorable à l'exotisme baroque qu'à
l'intelligibilité du texte. Pour son baptême de fosse,
Bertrand Cuiller révèle les contrastes de la partition,
entre ivresse rythmique \96 le ground au deuxième acte ! - et
sonorités âpres, et l'on ne peut que souligner
l'excellence des Musiciens du Paradis, où l'on reconnaît
le premier violon de Sophie Gent ou l'archiluth de Thomas Dunford
(entendu la semaine précédente au côté
d\92Hugo Reyne à l'Hôtel de Soubise).
Après avoir
été étrennée à Caen, la production
tournera à Lille, Luxembourg, Paris, Grenoble, Angers et
Nantes. Assurément, les occasions de succomber à la
musique de Blow ne manqueront pas."
Forum Opéra
« Attention chef-d\92\9Cuvre
inconnu » allions-nous titrer, en forçant à peine
le trait, car l\92unique opéra de Blow se fait extrêmement
rare sur les scènes de France et de Navarre. Aussi n\92est-il
pas inutile de le présenter avant que de partager notre
enthousiasme pour une production touchée par la grâce.
Contrairement à une idée reçue, Venus &
Adonis (1681 ou 1683) n\92est pas le premier opéra en langue
anglaise, mais le plus ancien qui nous soit parvenu, la musique du
Siege of Rhodes (1656) ayant malheureusement disparu. Matthew Locke,
qui prit part à l\92écriture de cet ouvrage conçu
à six mains (un librettiste et cinq compositeurs),
exerça une profonde influence sur John Blow et Henry Purcell,
mais celle-ci ne peut suffire à expliquer les nombreuses
similitudes entre Dido & Aeneas (1689) et Venus & Adonis.
« Les ressemblances entre ces \9Cuvres sont troublantes, observe
Bertrand Cuiller, et leurs liens contextuels frappants : je pense
qu\92il y a eu des échanges d\92idées importants et
fréquents entre les deux hommes, qui ont nourri la composition
de l\92un et l\92autre opéra », une émulation
réciproque d\92autant plus plausible que nous savons que Blow a
très vite décelé l\92immense potentiel de cet
élève qui devint également son ami.
L\92identité du
librettiste de Venus & Adonis demeure un mystère, mais
l\92hypothèse selon laquelle il serait de la plume d\92Aphra Behn,
avec laquelle Blow collaborera plus tard, ne laisse pas
d\92étonner, surtout lorsque cette conjecture prétend
s\92appuyer sur les accents féministes du texte. C\92est oublier
un peu vite qu\92Adonis est né de l\92union contre-nature de
Myrrah avec son propre père Cinyras dont, follement
éprise, elle partagea la couche à la faveur de
l\92obscurité. En outre, l\92auteur du poème flatte-t-il la
gent féminine en rendant Vénus responsable de la mort
d\92Adonis ? Alors que chez Ovide la déesse met en garde son
amant contre les dangers de la chasse : « Ton âge et ta
beauté, qui ont charmé Vénus, ne sauraient
charmer les lions, les sangliers hérissés de soies,
frapper les yeux et les c\9Curs des bêtes sauvages », comme
si elle en pressentait l\92issue fatale, dans l\92opéra, elle l\92y
encourage, le presse même, par un froid calcul de coquette:
« Une absence enflamme des désirs nouveaux, je ne
voudrais pas que mon amant se lasse ». Il faut saluer ici un
coup de génie, sur le plan dramaturgique, car à la
douleur de la perte, se mêle le poison du remords. Cet
infléchissement du mythe accentue le contraste qu\92offre le
dénouement tragique après la pastorale enjouée
des deux premiers actes, émaillée d\92allusions
savoureuses aux m\9Curs légères de la cour de Charles II
où fut créé ce mask pour huit chanteurs
solistes, ch\9Cur, orchestre (deux parties de violons, une d\92alto, deux
flûtes à becs) et basse continue. La maîtresse du
roi, Mary (« Moll ») Davies, incarnait Vénus alors
que leur fille, Lady Mary Tudor, âgée de neuf ans, se
frottait au rôle de Cupidon.
On a du mal à
comprendre pourquoi Venus & Adonis n\92est pas plus souvent
à l\92affiche. Certes, le chef-d\92\9Cuvre de Purcell fut
édité à trois reprises au cours du XIXe
siècle quand celui de Blow dut attendre 1902, et Dido &
Aeneas fit ainsi son entrée au répertoire des
sociétés chorales avant d\92intégrer celui des
maisons d\92opéra. Mais le renouveau baroque est passé
par là, des musicologues ont étudié les
partitions de Blow et revu le jugement sans nuance de Charles Burney,
qui assimile les hardiesses expressives du compositeur à des
« gaucheries » et lui reproche « d\92insulte [r]
l\92oreille de ses harmonies litigieuses ». Burney connaissait-il
Venus & Adonis ? Rien n\92est moins sûr, il ne le cite jamais
et ses critiques portent sans doute exclusivement sur la musique
liturgique de Blow, qui, certes, constitue le c\9Cur de son
activité, le musicien ayant été le premier
à occuper la fonction de compositeur officiel de la Chapelle
royale. La brièveté de l\92ouvrage, qui dure moins d\92une
heure, ne représente, pas plus que celle de Dido & Aeneas,
un obstacle insurmontable ni une raison valable pour ne pas le
monter.
En choisissant l\92ode à
Sainte Cécile « Begin the Song » (1684) pour
précéder l\92opéra, Louise Moaty et Bertrand
Cuiller n\92ont pas seulement complété le programme et
révélé une page magnifique qui, par ses
qualités tant musicales que littéraires, égale
les meilleures contributions de Purcell au genre. Ils ont
conçu un spectacle cohérent et harmonieux où les
\9Cuvres entrent en résonnance, gestuelle et mouvements
chorégraphiés animant et unifiant le discours
porté par les mêmes interprètes. Une danse,
précisément, « prolongée quelques instants
dans le silence, comme une respiration, explique Louise Moaty, vient
dessiner la course du temps et suspendre le nôtre pour nous
plonger dans celui de la tragédie ». Cette transition
déroutante pourra sembler un peu longue, d\92autant que le bruit
des pas brise le silence, mais elle s\92achève avant d\92avoir
estompé le charme d\92un visuel de rêve, nimbé de
mélancolie, où affleure le souvenir de Vanités,
de Dürer, des Cranach ou encore de Thomas Hilliard dont les
modèles semblent jaillir sous nos yeux.
Lorsque nous l\92avions
interviewé au lendemain d\92une représentation de
l\92Egisto à Favart, Marc Mauillon se réjouissait
à l\92idée d\92aborder Venus & Adonis car il
retrouverait l\92esthétique de Benjamin Lazar, avec qui Louise
Moaty a beaucoup travaillé, de même qu\92Adeline Caron
(décors), Alain Blanchot (costumes), Françoise Denieau
(chorégraphie) et Christophe Naillet, responsable de ces
fascinants clairs-obscurs qui, cette fois, ne nous privent d\92aucun
détail. La comédienne et metteure en scène a
toutefois développé son propre langage,
s\92affranchissant notamment d\92un jeu exclusivement frontal, pour
concevoir un théâtre à la fois contemplatif et
dynamique, à l\92image de ce tableau de l\92ode, d\92une
beauté irréelle et d\92une grande force
d\92évocation, où Alain Buet, immobile à
l\92avant-scène, chante un solo d\92une ensorcelante douceur alors
que la foule rassemblée au fond, dos au public, lève
les bras et trace des gestes alentis en regardant au loin, comme pour
saisir l\92insaisissable. Les mots nous semblent incapables de
restituer cette magie qui naît dans l\92instant et que la
photographie peine aussi à capturer ; quand bien même
ils y arriveraient, nous nous en voudrions de dévoiler les
idées lumineuses, drôles ou poétiques qui
surprendront et raviront le spectateur.
Les enfants participent bien
sûr à la fraîcheur du spectacle. Si l\92option
s\92impose d\92un point de vue scénique pour camper les Amours de
l\92acte II, Blow destinait probablement aussi les ch\9Curs de Venus
& Adonis à ses chanteurs de la Chapelle royale et donc la
partie de soprano aux boyish trebles. En l\92occurrence, bien qu\92ils
n\92égalent ni en éclat ni en puissance les choristes
d\92Outre-Manche, les garçons de la Maîtrise de Caen, au
premier rang desquels Grégoire Augustin dans le rôle de
Cupidon, s\92en tirent avec les honneurs. On n\92en dira pas autant du
seul soprano adulte, issu du ch\9Cur des Musiciens du Paradis, qui
détonne par rapport à ses partenaires, les
ténors David Tricou et Robert Getchell d\92une tout autre
sûreté, sans parler d\92Alain Buet (Bergers, Chasseurs),
dans une forme superlative et maître du verbe comme jamais. En
revanche, l\92orchestre des Musiciens du Paradis connaît plus
d\92une fois le purgatoire. Décalages, approximations et baisses
de régime jalonnent une performance inégale, entre
fulgurances et flottements. Lors de son exil à Paris, Charles
II avait pris goût à la tragédie lyrique, dont le
modèle a influencé Blow et ses compatriotes (ouverture,
prologue, danses, etc.), mais également aux flûtes
à bec dont il fera importer l\92usage. L\92introduction d\92un
hautbois et d\92un basson, particulièrement indiqué pour
la scène des chasseurs, cadre avec les pratiques de
l\92époque et enrichit les couleurs d\92une fosse où le
splendide théorbe de Thomas Dunford tire
particulièrement bien son épingle du jeu.
Silhouette de Diane, timbre
scintillant mais sans rondeur, la Vénus de Céline
Scheen se révèle au troisième acte : du murmure
de la sidération au cri du désespoir, elle incarne le
surgissement du tragique dans un climax quasi insoutenable, la
bouleversante déploration du ch\9Cur achevant
d\92enténébrer le finale de l\92opéra.
Créature ambiguë, innocente mais fruit du plus coupable
des amours, Adonis hérite de la vocalité non moins
singulière de Marc Mauillon, âprement douce, et de sa
présence au texte, qui confèrent un relief
appréciable au personnage. Même si la réalisation
musicale n\92a pas tenu toutes ses promesses ce 20 octobre, avec cette
lecture de Venus & Adonis, Louise Moaty et Bertrand Cuiller nous
rappellent que si l\92opéra peut divertir, émouvoir,
troubler, interroger, il peut aussi réenchanter le monde."
Le Figaro
"Pur produit de la tradition
britannique, maître à chanter - et à penser - de
Henry Purcell, John Blow reste surtout connu des amateurs de baroque
pour sa musique sacrée. Pourtant, il est aussi le père
de l'un de ces masques typiques d'Albion, écrit pour le
divertissement du roi Charles II et qui aurait pu servir de
modèle à ce que l'on a coutume de considérer
comme le premier opéra anglais: Didon et
Énée.
Sa Vénus et Adonis,
relecture tragique du mythe amoureux, est un bijou de poésie
et d'élégance, où la
légèreté, comme chez Purcell, le dispute au
drame. Il n'est donc nullement question de remettre en cause les
qualités musicales de l'\9Cuvre: la nouvelle production que
propose l'Opéra-Comique (créée en octobre au
Théâtre de Caen) est avant tout l'occasion de
redécouvrir ce bref chef-d'\9Cuvre, subtil alliage de
grâce pastorale et de sensibilité doloriste. On
s'interrogera en revanche sur la pertinence du passage d'un tel
ouvrage à la scène. Car une fois passée la
poétique claire-obscure et onirique de la partition, l'absence
de véritable dramaturgie, eu égard au miracle
théâtral que sera Didon et Énée,
laisse le spectateur sur sa faim. La mise en scène de Louise
Moaty, dont on avait tant aimé le Rinaldo épique et
sensuel, semble s'enliser dans une esthétique de
Vanités et d'éclairages à la bougie qui
soulignent les faiblesses du livret, plus qu'elle ne les compense.
«Le feu comme matière vivante, au même titre que le
végétal ou l'animal (incarné un peu
artificiellement par de véritables chiens de chasse, NDLR),
les hommes et leur musique, leur plaisir, leur savoir, leur folie,
viennent ici s'offrir en contraste dans la profondeur de la
nuit», explique-t-elle dans sa note d'intention. Las, le plaisir
et la folie firent justement défaut lors de la
création, à Caen, de cette production trop
dirigée vers les modes interprétatives et pas assez
vers le propos théâtral ou musical. Dommage!
Méritants, les enfants de la Maîtrise de Caen ont
travaillé la diction baroque avec le vénérable
Eugène Green.
Mais la récitation du
vieil anglais ne leur est pas naturelle, et cela se sent. Le jeune
orchestre des Musiciens du Paradis, sous la baguette de Bertrand
Cuiller, se tire fort honorablement d'une partition fort peu
jouée mais le ch\9Cur, lors de la première, ne semblait
pas suffisamment prêt. Une consolation cependant: le
merveilleux couple composé par Marc Mauillon et Céline
Scheen. Ces derniers démontrent une fois de plus qu'ils sont
bien les meilleurs espoirs de la scène baroque
actuelle."
Classica - novembre 2013 - Erreur
d'aiguillage
"Titien,
Véronèse, Rubens soulignent l'intensité
amoureuse et la volupté qui lient le couple Vénus et
Adonis, même lorsque ce dernier part pour une chasse au
sanglier qui lui sera fatale. Louise Moaty, peut-être
influencée par le tableau de Poussin du musée de Caen,
ville où se crée son spectacle, annonce d'emblée
le drame à venir : éclairage minimal des bougies,
costumes uniformément noirs, excepté ceux des
protagonistes, décor allégorique échappé
d'une vanité. Ce bref opéra conçu pour le
divertissement du roi Charles II est-t-il vraiment animé de la
«puissance tragique » que lui prête la jeune metteuse
en scène? On a fini par le croire à force de rapprocher
l'\9Cuvre de John Blow du Didon et Énée de son ancien
élève Henry Purcell. Mais Vénus et Adonis
s'apparente davantage à une pastorale, comme Acis et
Galatée de Haendel inspiré des mêmes
Métamorphoses d'Ovide. La fin tragique ne relève pas
d'un complot ni d'une volonté supérieure, mais de la
simple malchance. Céline Scheen et Marc Mauillon (Vénus
et Adonis) ont alors beau chanter au mieux leurs personnages, ils ne
peuvent leur donner une consistance que le livret et, parfois, la
musique leur refusent malgré le soutien des Musiciens du
Paradis et de la Maîtrise de Caen menés du clavecin par
Bertrand Cuiller. L'Arcadie ne se laisse plus faacilement
visiter."
Versailles - Opéra
Royal - 13 janvier 2012 - Les Arts Florissants - dir.
Jonathan Cohen
Château d'Hardelot -
Tour vagabonde - 10 juin 2011 -The New London Consort - dir. Philip
Pickett - avec Joanne Lunn (Venus), Michael George (Adonis),
Juliet Schiemann (Cupidon), Julia Gooding (une bergère),
Christopher Robson (un berger, un chasseur), Andrew King (un
berger, un chasseur), Simon Grant (un berger, un chasseur)
ConcertClassic
"Folie d\92un riche Anglais au
XIXe siècle, Sir John Hare, le château d\92Hardelot \96
néo-Tudor et pré-disneylandesque \96 a été
totalement restauré à l\92initiative du Conseil
Général du Pas-de Calais entre 2007 et 2009 et
héberge désormais le Centre Culturel de l\92Entente
Cordiale.
L\92an dernier naissait le
Midsummer Festival d\92Hardelot, manifestation partagée entre
musique et théâtre autour de la rencontre entre les
cultures britannique et française. Placée sous la
direction artistique de Sébastien Mahieuxe, la manifestation
doit une part de sa singularité au lieu dans lequel elle se
déroule. A quelques pas du château est en effet
installée spécialement pour le festival une Tour
Vagabonde en bois, librement inspirée (en petit format) du
Globe Theater de Londres (photo). L\92intimisme de cette salle
éphémère crée une proximité pour
le moins unique entre la scène et le public. La soirée
inaugurale de l\92édition 2011, avec Philip Pickett et ses
chanteurs et musiciens du New London Consort, a permis de s\92en
convaincre. (...)
L\92ouvrage n\92est pas souvent
donné en France. Avec ce Masque for the entertainement of the
King en trois actes (1683) on remonte à la source de
l\92opéra britannique. Sur un livret d\92Anne Kingsmill, une
demoiselle d\92honneur de la Duchesse de York, Blow a signé un
ouvrage séduisant par sa concision, sa variété,
sa beauté mélodique et la gamme de sentiments qu\92il
explore, de la drôlerie (les irrésistibles Petits
Cupidons à l\92Acte II) au drame (la mort d\92Adonis face une
Vénus éplorée à l\92Acte III). Un certain
William Purcell, élève de John Blow, n\92a pas
manqué de méditer l\92exemple de son
maître\85
L\92atmosphère
chaleureuse de la Tour Vagabonde s\92avère idéale pour
goûter un petit bijou lyrique donné dans une version
mise en espace, avec le plus strict minimum d\92accessoires, musiciens
disposés sur scène côté jardin. Qu\92importe
la modestie de la réalisation, le charme opère
immédiatement sous la conduite de Philip Pickett, familier
d\92une partition dont il soigne avec amour le relief et les coloris
délicats."
Avantage aux dames dans une
distribution d\92où se détachent la sensuelle
Vénus de Joanne Lunn et le piquant Cupidon de Juliet
Schiemann. Plus qu\92honorable prestation de Michael George dans
Adonis, même si le baryton a plus le physique pour un
rôle de père que pour celui qu\92il tient là\85
Délicieux Petits Cupidons de Anne et Leo Bevan \96 une paire de
jumeaux ou ça en a tout l\92air -, jolie bergère de Julia
Gooding, chasseurs non exempts de reproche pris individuellement mais
satisfaisants dans les ensembles (Christopher Robson, Andrew King et
Simon Grant)."
Milwaukee - Florentine
Opera - 13, 14, 15, 18, 19, 21, 22 mai 2011
Boston - New England
Conservatory\92s Jordan Hall - 29 novembre 2008 - Boston
Early Music Festival - version semi-scénique - Boston Early
Music Festival Chamber Ensemble - dir. Paul O\92Dette et Stephen
Stubbs - mise en scène Gilbert Blin - avec Amanda Forsythe
(Venus), Jesse Blumberg (Adonis), Mireille Lebel (Cupid)
Wiener Kammeroper
- 24, 26 février, 1er, 3, 5, 8, 10,
12, 15, 17, 19, 22, 24, 31 mars, 2, 5, 7, 9 avril 2005 - dir.
Bernhard Klebel - mise en scène, décors, costumes
Daniel Angermayr, Thomas Görge - lumières Lukas
Kaltenbäck - avec Lusine Azaryan (Venus), Daniel Schmutzhard
(Adonis), Max Riebl / Juliette Khalil (Amor)
Varsovie - Opéra de
Chambre de Varsovie -12 octobre
2004 - Musicae Antiquae Collegium Varsoviense - dir. Jerzy Zak -
mise en scène et décors Ryszard Peryt -
scénographie Andrzej Sadowski - avec Marzanna Rudnicka
(Venus), Slawomir Jurczak (Adonis), Olga Pasiecznik
(Cupido)
Toronto - Canadian Opera
Company - 31 janvier 2001 - dir. Richard Bradshaw, mise
en scène Alfred Kirchner - avec Susan Marie Pierson (Prima
Donna, Venus), Timothy Noble (Hero-Player, Mars), Alan Woodrow
(Clemente, Adonis).
Anvers - Opéra des
Flandres - 6, 8, 10, 12, 14 novembre 1998 - Gand - 20, 22, 24, 26, 27 novembre 1998
- Il Fondamento - dir. René Jacobs - mise en scène
Lawless - avec Rosemary Joshua (Vénus), Nancy Argenta
(Cupido), Daniel Mobbs (Adonis)
Gand - 15, 17,
19, 22 et 23 novembre 1996 - Anvers - 13, 15, 17, 18 et 20
décembre 1996 - Il Fondamento - dir. René Jacobs -
mise en scène Stephen Lawless- décors Benoît
Dugardin - avec Janice Hall, Daniel Mobbs, Susan McLean, Ned
Barth, Kathleen Brett, Susan Bickley
Innsbruck - Festival de
Musique Ancienne - 23, 25 et 26
août 1995 - dir. René Jacobs - mise en scène
Stephen Lawless - décors Benoît Dugardyn - costumes
Lez Brotherston - avec Elizabeth Gale (Venus), Per Vollestad
(Adonis), Paula Hoffmann (Cupidon)
"Dans la mise en
scène de Vénus et Adonis, l'équilibre est
superbe entre l'émotion et l'humour, essentiel ici le prologue
chantant les désirs amoureux est fort plaisant. On y voit de
petits Amours voletant au loin transformés en écoliers
anglais, dans la scène de la leçon, ils sont
irrésistibles, surtout lorsque les adultes - Dominique Visse,
en voyou oxfordien - se mêlent à eux, également
en culottes courtes... les décors, les éclairages,
élégants et envoûtants à la fois, et les
superbes toiles peintes, sont finement exploités, autant
qu'une chorégraphie, efficace... (Opéra International -
octobre 1995)
Poissy -
Théâtre - 10 mars 1995 - Orchestre et
Choeur de The Age of Enlightenment - dir. René Jacobs -
avec Rosemary Joshua (Vénus), Gérald Finley
(Adonis), Constanze Baches (Cupidon)
"En première
partie, le chef ne trouve pas le ton juste dans Vénus et
Adonis. Sa direction ne sait pas s'incliner devant l'apparente
simplicité de la musique, afin d'en faire ressortir la
richesse harmonique, elle se raidit trop souvent et le phrasé
manque vraiment de souplesse. L'orchestre, the Age of En-ightenment,
dans ses conditions, ne se présente pas sous son meilleur
jour, tandis que la distribution paraît elle aussi un peu
juste. Rosemary Joshua laisse ainsi une impression mitigée :
l'autorité et la pétulance sont indéniables en
Vénus, mais l'humour et la douceur font défaut.
Constanze Baches incarne Cupidon d'une voix très "boyish", au
charme piquant, mais avec les limites de timbre et d'intonation d'une
voix de garçon ! Gerald Finley reste ce soir-là fixe
d'émission, la justesse douteuse, sommaire en Adonis...
(Opéra International - mai 1995)
Opéra
Comique - 15 octobre 1990 - The London Baroque - dir.
Charles Medlam - avec Nancy Argenta, Stephen Varcoe, Olivia
Blackburn
Théâtre
de Caen - Théâtre
des Arts de Cergy-Pontoise - 1986 - production de
l'Arcal - dir. Jonathan Darlington - mise en scène
Christian Gangneron - scénographie Thierry Leproust -
chorégraphie Robert Kovich
Nottingham - Holme
Pierrepont Hall - septembre 1980 - dir. Peter Holman -
mise en scène Jack Edwards - décors Robin Linklater
- avec Elizabeth Brice (Venus), Margaret Perry (Adonis), Geoffrey
Dalton (Mars)
Paris - Studio
104 - concert radiophonique - dir. Delage - avec
Christiane Eda-Pierre, Meneut, Selig, Demigny