Ballet comique, sur un livret de Charles-Simon Favart
(1710 - 1792), représenté à l'Académie
royale de musique, le 12 février 1743, suivi d'une reprise des
Amours de Ragonde, de Mouret.
Distribution : Jean-Antoine
Bérard, ténor (Dom Quichotte), Louis-Antoine Cuvillier,
baryton (Sancho), Marie Fel, soprano (Altisidore, une Japonaise),
Mlle Bourbonnois (Une Paysanne), Person (Merlin, un Japonais), Albert
(Montesinos), Mlles Clairon et Gondré (Amantes
enchantées).
Une parodie, Don Quichotte Polichinelle, de Valois d'Orville fut jouée en 1743 au
Théâtre de Marionnettes de la Foire St
Germain.
Synopsis
Acte I
Une forêt
Sancho, à grand renfort de
cris et de gestes, fuit un monstre en furie qu’une chasse tente de
mettre à terre. Don Quichote, vaillant et courageux, met son
bras au service d’Altisidore, suivante de la Duchesse, mise en danger
par la charge du monstre. Le géant vaincu, Altisidore feint un
amour éternel à Don Quichote, pour arrêter plus
longtemps le héros chez la Duchesse. Celui-ci, flatté,
n’en décide pas moins d’aller braver d’autres dangers dignes
de son courage. Il se découvre ainsi amoureux d’une belle
infante, Dulcinée. qu’il souhaite mériter par sa
bravoure. La jalousie d’Altisidore se fait sentir, lorsque Don
Quichote et Sancho louent la beauté et la noblesse de
l’infante. Une troupe de « pastres » admire cependant la
grandeur guerrière du héros à la demande
d’Altisidore. Une paysanne, aux forts accents rustiques, fait son
apparition. Sancho feint de voir en elle la Dulcinée
recherchée, pour retenir à nouveau Don Quichote chez la
Duchesse, malgré les protestations offusquées de la
femme. Altisidore soupire de honte et de dépit, en voyant le
héros se mettre à genoux devant la paysanne, alors que
Merlin tente de raisonner Don Quichote et de l’envoyer dans la
caverne de Montesinos où sa Dulcinée est en danger,
prisonnière avec amants et amantes. Merlin persuade Don
Quichote que mille coups redoublés sur le pauvre Sancho
désenchanteront la belle. L’écuyer s’oppose à la
gloire prétendue qu’on lui promet, mais, enfin, parait y
consentir.
Acte II
La caverne de
Montesinos
Le héros soupire sur le
sort de son aimée. Altisidore, qui tente de l’empêcher
de commettre une folie, lui déclare une flamme « trop
longtemps contenue » et se dévoile comme la reine du
Japon. Sancho supplie son maître d’accepter les feux de la
belle, que ce dernier s’obstine à refuser pour un destin
guerrier plus noble. Don Quichote vante ainsi la constance de son
amour et ne souhaite point en changer. Altisidore, furieuse, feint de
jeter un sort àson maître. Contre la volonté
d’Altisidore, Don Quichote se lance à l'assaut de la caverne
de Montesinos, où il combat un nain qui devient géant.
Les amants et les amantes sont libérés et chantent le
courage de leur héros. Altisidore transformée en
magicienne fait mine de métamorphoser Don Quichote en ours et
Sancho en singe ! Eux peuvent se reconnaître, mais tous les
hommes s’enfuiront désormais horrifiés...
Acte III
Les jardins de la
Duchesse
Les deux pauvres animaux errent.
Ils rencontrent Dulcinéeet ses suivantes, qui feignent de fuir
devant les deux bêtes. Altisidore arrice à ce moment
pour jouir de sa vengeance. Devant l’envie de Don Quichote de mourir,
elle le menace de tuer sa Dulcinée. Merlin s’avance alors et
rompt le charme. Devant la constance des voeux du héros.
Altisidore est éblouie et rend à Dulcinée le
titre de reine du Japon et à Don Quichote celui de
roi.
"Juxtaposition de
scènes brèves allant sans cesse du comique au
tragique"..."Un livret paresseux, une intrigue escamotée, un
rythme dramatique uniformément hâtif et des personnages
si peu creusés qu'ils en deviennent de véritables
figurines"..."une écriture vocale inconsistante"..."mais une
intéressante habileté instrumentale, très
teintée de ramismes..." (Opéra International - janvier
1997)
"Le livret, conçu par
Favart, joue efficacement, encore qu'avec quelques lourdeurs, d'une
double mise en abîme : celle qui nous montre des individus
réels (le Duc et la Duchesse), tentant d'utiliser à
leurs fins un héros de roman (Don Quichotte), lui-même
épris d'un personnage purement fantasmatique
(Dulcinée). Lorsque Don Quichotte, tout droit
échappé d'un récit chevaleresque,
débarque chez la Duchesse (en costume Louis XV), celle-ci
pense d'abord à en faire l'objet d'un divertissement
destiné à ses invités (le public lui-même,
et les membres du choeur, en costumes contemporains). Elle estime que
le ridicule amour que le chevalier porte à ('inaccessible
Dulcinée mérite bien quelques niches. Mais le Duc n'est
pas d'accord la constance de Don Quichotte l'émeut. "Gageons,
lance alors la Duchesse, gageons que cette belle
fidélité ne résistera pas aux attraits de ma
suivante, Altisidore". Et voilà la fête changée
en joute amoureuse, façon Choderlos de Laclos, et Don
Quichotte changé en pion entre les mains fantasques et
cruelles de ses hôtes. Il entre par la salle, et, passé
le prologue, une fois franchi l'orchestre, n'aura plus droit qu'au
chant : ainsi se manifeste son entrée dans la fantasmagorie
tissée, une heure trente durant, par ses hôtes,
aidés de Boismortier. Au cours de trois brefs actes, qui le
conduisent successivement dans une forêt enchantée, dans
un palais souterrain, sur la lune et au Japon, Don Quichotte
combattra monstres, magiciens, géants, fantômes et
lutins, avant d'être changé en ours et de faire
triompher le Duc : car, tout au long de ses aventures, le Chevalier
est resté fidèle à sa Dulcinée, en
dépit des métamorphoses imposées à
celle-ci par Altisidore.
Ce "ballet comique" en trois
actes, créé à l'Académie royale de
musique pour le Carnaval de 1743, est relevé d'une musique
toujours inventive, bien que, comme le souligne Hervé Niquet,
courte de souffle, articulée en une multitude d'airs
très brefs, mais aussi de danses, de choeurs, et de rares
ensembles fort agréables. On ne peut s'empêcher de
croire que nombre des plus beaux morceaux sont des parodies d'airs de
Rameau. (Opéra International - juin 1996)
Représentations :
Toulouse - Chapelle Ste
Anne - 22 novembre 2005 - Orchestre baroque de
Montauban - dir. Jean-Marc Andrieu
Montréal
- 1er novembre 2004 - La Nouvelle Sinfonie -
dir. Hervé Niquet
Théâtre de
Lucerne - 25, 26 et 31 octobre 2001, 01, 16 et 18 nov
2001, 24, 25 et 27 janvier 2002 - dir. Hervé Niquet /
Didier Bouture - mise en scène Béatrice Jaccard,
Peter Schelling - décors, costumes Regina Gappmayr - avec
Tom Allen, Silvia Baroni, Jennifer Davison, Simon Jaunin, Werner
Mann, Tobias Schabel, Miriam Timme
Opéra de Bordeaux
- 11, 12, 13, 14 mai 1997 - dir. Didier Bouture - mise
en scène Criqui - avec Eschenbrenner, Thierry
Grégoire, Jacquet, Arnaud Marzorati
Opéra
Comique - 1er
et 2 avril 1996 -
Metz - 4 juin 1996 - Concert spirituel - dir.
Hervé Niquet - mise en scène Vincent Tavernier -
décors et costumes Erick Plaza-Cachet - chorégraphie
Marie Geneviève Massé Compagnie - L'Eventail - avec
Stephan van Dyck (Don Quichotte), Richard Biren (Sancho
Pança), Meredith Hall (Altisidore), Paul Gay (Le Duc),
Dominique Lavanant (La Duchesse)
"Intrigue virevoltante,
complexe, sans queue ni tête donc, prétexte à un
divertissement qui n'est pas sans évoquer les fastes de The
Fairy Queen de Purcell : tout cela pas trop mal servi par la verve de
Vincent Tavernier, qui, en dépit de décors et costumes
assez laids, sait tirer parti, sans grande finesse mais parfois avec
poésie, du rapport scène-salle, Dominique Lavanant, en
"guest star", se chargeant de jouer, avec un certain panache, les
Monsieur Loyal...Il est malheureux que cette musique
pétillante, largement reconstituée par Hervé
Niquet, et amoureusement distillée par un orchestre
très coloré, ait été livrée
à des solistes si médiocres, aux voix minuscules et,
surtout, à l'élocution épouvantable (Meredith
Hall). Le "choeur" et les seconds rôles (Anne Mopin dans
l'ariette finale) sont plus satisfaisants, mais il semble
étrange qu'un spectacle conçu en 1988 soit encore si
mal rodé..." (Opéra International - juin
1996)
Grand Palais
- 1988 - représentation -
dir. Hervé Niquet