ARIANE OU LE MARIAGE DE BACCHUS
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COMPOSITEUR
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Robert CAMBERT
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LIBRETTISTE
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Pierre Perrin
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Comédie en musique, en un prologue et cinq
actes, sur un livret de Pierre Perrin, composée en 1659.
Le cardinal avait apprécié la
représentation de la Pastorale d'Issy donnée en
avril 1659 à Vincennes en présence du roi et d'Anne
d'Autriche, et avait engagé Cambert à renouveler
l'expérience. Il est probable que Perrin écrivit le
livret de mai à septembre 1659, alors qu'il était
incarcéré pour dettes à la prison de St-Germain
des Prés.
La mort de Gaston d'Orléans, oncle du roi, le 2
février 1660, empêcha tout divertissement durant le
carnaval. La mise en répétition eut lieu plus tard dans
la galerie du palais du cardinal Mazarin, mais l'oeuvre ne fut pas
représentée en raison du mariage de Louis XIV, puis de
la mort de Mazarin, le 9 mars 1661.
Lorsqu'il fut en possession du privilège pour
l'establissement des Académies d'Opéra
signé par le roi le 28 juin 1669, Perrin choisit Ariane et
Bacchus pour être représentée la
première. Il disposait déjà d'une troupe dont
les répétitions se tenaient dans le cloistre
Saint-Honoré, chez le chanoine Brousse, ou chez Cambert,
jusqu'au début de décembre 1669. Il y eut même
des représentations privées dans la bibliothèque
de l'hôtel de Nevers, où habitait Philippe de Mancini,
duc de Nevers, neveu du cardinal Mazarin, devant quantité
de personnes de qualitez, sçavoir le Gouverneur de Paris (*),
le Grand Prieur, les comte et chevalier de Soissons, M. de Lyonne et
M. de Nyel (**), premier valet de chambre du roi, sans pour le moins
2 000 autres personnes.
(*) le duc de Mortemart, père de Madame de
Montespan
(**) ou de Niers, s'illustra aussi comme chanteur
Le 12 décembre 1669, Cambert et Perrin
s'associèrent au marquis de Sourdéac et au sieur
Champeron qui devaient apporter le financement nécessaire. Le
chanteur Pierre Monier fut chargé de recruter des chanteurs en
province. Il revint à Pâques 1670, ayant recruté
Bernard Clédière (à Béziers), Pierre
Rossignol (à Albi), François Beaumavielle, Jean
Bourel-Miracle et Pierre Taulet. La troupe comprenait
également Catherine Suptille, Pierre Monier, Marotte Labadoys.
L'association fut rompue rapidement en raison des agissements
délictueux de Sourdéac et Champeron. Par ailleurs
Ariane et Bacchus fut abandonnée au profit de la
pastorale Pomone.
Ariane et Bacchus fut reprise à Londres,
au théâtre de Drury Lane, le 30 mars 1674, dans une
adaptation réalisée par Cambert - alors exilé en
Angleterre - et Louis Grabu, maître de la musique du roi -
ainsi qu'à Nantes en 1687.
La partition - à laquelle Grabu participa pour
la représentation à Londres - est perdue. On sait
qu'elle comportait un concert de trompettes, tambours et fifres pour
ouverture, une symphonie de luths et théorbes, des musettes au
IIe acte, une symphonie instrumentale au IIIe,
un concert de hautbois au IVe, une grande symphonie de
violons au Ve. Chaque acte se terminait par un
ballet.
Saint-Évremond considérait
qu'Ariane était le chef-d'oeuvre de Cambert, et
que les plaintes d'Ariane ne cèdent en rien à ce que
Baptiste a fait de plus beau. En revanche, selon Titon du Tillet,
les paroles en furent trouvées encore plus
méchantes que celles de la Pastorale d'Issy.
On disait de Cambert qu'il n'entrait pas assez dans
le sens des vers, et qu'il aimait surtout travailler sur des passions
violentes : c'était un petit Crébillon en musique.
(Lettres de Nicolas Boindin)
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