Opéra de chambre (H
488), en deux actes, pour neuf voix, composé fin 1686 ou
début 1687 pour la duchesse de Guise.
Marc Antoine Charpentier tenait
le petit rôle d'Ixion, celui d'Orphée étant
chanté par François Anthoine.
Synopsis
Acte I
Scène 1 - Daphné appelle le choeur des nymphes
à célébrer le mariage d'Orphée et
Eurydice. Les nymphes entrent en chantant et dansant. Air d'Enone et
Aréthuze. Euridice demande à ses compagnes de ne
cueillir des fleurs que pour confectionner une couronne
destinée à Orphée. Soudain elle pousse un cri.
Enone la plaisante, croyant qu'elle s'est piquée sur une
épine. Mais Euridyce sent monter le venin du serpent qui l'a
piquée.
Scène 2 - Orphée a entendu Eurydice et accourt.
Eurydice meurt dans ses bras. Orphée et le choeur des bergers
se lamentent. Orphée décide de suivre Eurydice dans la
mort.
Scène 3
- Apollon apparaît pour
dissuader Orphée de mourir. Il lui conseille d'aller essayer
d'apitoyer le dieu des Enfers pour qu'il lui rende Eurydice.
Acte II
Scène 1
- Ixion, lié à une
roue en perpétuelle rotation, Tantale, condamné
à une faim et une soif éternelles, et Titye, dont le
foie est dévoré par des vautours, pleurent leur
sort.
Scène 2 - Orphée apparaît qui leur dermande de
cesser leurs lamentations, son propre sort étant bien plus
cruel. Le chant d'Orphée les apaise.
Scène 3 - Pluton s'étonne de voir apparaître un
mortel. Orphée lui explique qu'Eurydice est l'objet de sa
descente aux Enfers. Proserpine est touchée, ainsi que les
Fantômes, et lui demande de raconter ses malheurs.
Orphée raconte comment est morte Eurydice et demande à
Pluton de lui rendre sa bien-aimée. Pluton refuse, mais
Proserpine et les Fantômes intercèdent en faveur
d'Orphée. Proserpine suggère à Orphée
d'utiliser le charme de son chant pour fléchir Pluton. Ce
qu'il fait en rappelant à Pluton comment il enleva Proserpine.
Pluton finit par céder, et promet qu'Eurydice pourra le suivre
à condition qu'Orphée ne se retourne pas avant
d'être sorti des Enfers. Orphée craint de ne pouvoir
respecter la condition.
Scène 4 - Le Choeur prie Orphée de rester pour
continuer à le charmer, et déplorent que la voix
d'Orphée ne soit plus qu'un "souvenir si doux".
"Dans La Descente
d\92Orphée aux enfers, le librettiste (inconnu) a choisi de
faire mourir Eurydice au milieu de la première scène
pastorale célébrant ses noces. Orphée,
désespéré, voulant la suivre dans le
trépas, finit néanmoins par se résoudre, en
suivant les conseils d\92Apollon, à tenter d\92« implorer la
puissance du prince ténébreux qui règne chez les
morts » (acte I). Traversant les enfers, croisant et charmant
furies et fantômes, Orphée réussit à
émouvoir Proserpine, qui convainc Pluton de laisser Eurydice
regagner le monde des vivants (acte II). La célèbre
condition à laquelle est soumise cette faveur (« pour la
regarder ne te retourne pas ») est énoncée juste
avant la scène finale ; aussi n\92a-t-elle aucune
conséquence dramatique : l\92opéra se termine
plutôt sur un « ch\9Cur d\92ombres heureuses, coupables, de
furies et de fantômes » qui, dans les enfers, pleurent le
départ d\92Orphée." (Cité de la Musique - janvier
2004)
"L'oeuvre évoque le
mythe d'Orphée, de la mort d'Euridice au fléchissement
de Pluton. Elle se termine par une sarabande légère
dansée par les fantômes et un choeur consolateur
chanté par les Furies." (Diapason - avril 1996)
"Le librettiste, anonyme, a proposé un
poème assez difficile à manier, parce que
ampoulé et construit en deux volets étanches : la
majeure partie du premier acte est faite de réjouissances
bigarrées, tandis que la fin du premier acte et le second acte
baignent dans une atmosphère continûment
éplorée. La faiblesse du livret est la trop grande
rupture d'atmosphère, au point que le second volet se
suffirait parfaitement à lui-même.
Charpentier n'a pas su (ou
voulu) trouver des liens musicaux organiques entre ces deux volets.
Il semble avoir mis en oeuvre successivement deux langues musicales
inconciliables. Si la partie allègre et en extérieur
adopte un style français, fait de brefs récits et de
fragments d'airs de cour, la seconde nous plonge dans la musique
italienne : Charpentier y déploie sa veine la plus intime,
compose de magnifiques ensembles pour trois basses de viole (le
violon est quasi absent) et, par d'impressionnantes
déplorations, se place dans le sillage des opéras
sacrés romains et de précédents Orfeo, dont
celui de Luigi Rossi, avec sa sublime déploration finale
"Lasciate Avemo". (Opéra International - juin
1996)
Partition : Editions des
Abesses - collection Les Arts Florissants - édition
critique de Fannie Vernaz - 2005
Orphée descendant
aux enfers (H 471) - cantate pour
trois voix d'hommes et basse, composée en 1683 - à
ne pas confondre avec La Descente
d'Orphée aux Enfers (H
488) - enregistrement du Ricercar Consort, avec Henri
Ledroit
Représentations :
La Haye - Grote Kerk
- 26, 27 avril, 3, 4, 5, 6, 7 mai 2014 - Opera2day -
dir. Hernán Schvartzman - mise en scène Serge van
Veggel - décors Herbert Janse - costumes Joost van Wijmen -
lumières Uri Rapaport - chorégraphie Thom Stuart,
Rinus Sprong - avec Reinoud Van Mechelen (Orphée) Sophie
Junker (Euridice), Lionel Meunier (Apollon), Geoffroy
Buffièr (Pluton), Stephanie True (Proserpine), Zsuzsi
Tóth (Daphné), Amélie Renglet (Énone),
Victoria Cassano (Aréthuze), Marine Fribourg, Raphael
Höhn, Robert Buckland
Victoria - Canada -
McPherson Playhouse - 14, 15 mars 2014 - Boston Early
Music Festival - dir. Paul O'Dette / Stephen Stubbs - mise en
scène Gilbert Blin - costumes Anna Watkins -
chorégraphie Melinda Sullivan - avec Aaron Sheehan
(Orphée), Mireille Asselin (Flore, Proserpine), Jesse
Blumberg (Apollon, Pan), Tyler Duncan (Silvandre, Pluton),
Danielle Reutter-Harrah (Hyacinte), Jason McStoots (Forestan,
Ixion), Carrie Henneman Shaw (Rosélie, Euridice), Teresa
Wakim (Amarante, Enone), Brenna Wells (Daphné), Zachary
Wilder (Mirtil, Tantale)
New York - Trinity Church
Wall Street - St Paul's Chapel - 1er, 3, 5 janvier 2014
- Gotham Chamber Opera - dir. Neal Goren - mise en scène
Andrew Eggert - avec Daniel Curran (Orphée), Jamilyn
Manning-White (Eurydice), Yunghee Rhie (Daphne), Jeff Beruan
(Pluton), Mary Feminear (Proserp ine, Aréthuze), Marguerite
Krull (Énone), Cullen Gandy (Ixion), John Brancy (Tantale,
Apollon), Michael d'Emilio (Titye)
Amsterdam - Doelenzaal
- 4 mars 2012 - dir. et mise en scène Timothy
Nelson
Versailles - Opéra
Royal - 13 janvier 2012 - Les Arts Florissants - dir.
Jonathan Cohen
Boston - New England
Conservatory\92s Jordan Hall - 26, 27 novembre 2011 -
Boston Early Music Festival Chamber Opera Series - dir. Paul
O'Dette & Stephen Stubbs - mise en scène Gilbert Blin -
costumes Anna Watkins - chorégraphie Melinda Sullivan -
avec Aaron Sheehan (Orphée)
Strasbourg - Palais des
Fêtes - 31 mai 2007 - Abbaye Herkenrode - Festival de
Vlaanderen - 16 juin 2007 - Le Parlement de Musique - dir. Martin
Gester - mise en espace et décor Carlos Harmuch - costumes
Maria Adelia - lumières Christian Peuckert - avec Axelle
Barnage (Eurydice), Rodrigo del Pozo (Orphée),
Paris - Cité de la
Musique - 13, 14 janvier 2004 - Utrecht - Musikcentrum - Festival de
Musique Ancienne - 16 janvier 2004 - Bruxelles - Palais des Beaux Arts - 18
janvier 2004 - Londres - Barbican Centre
- 20 janvier 2004 - Caen -
Théâtre - 23 janvier 2004 - Vienne - Konzerthaus - 25 janvier 2004
- Zurich - Tonhalle - 27
janvier 2004 - Chicago - Symphony Center
- Orchestra Hall - 1er février 2004
- Washington - Kennedy Center -
Eisenhower Theater - 3 février 2004 - New York - Lincoln Center - Alice Tuddy Hall
- 5, 7 février 2004 -
Atlanta- Emory University -
Schwarz Center - 9 février 2004 - Les Arts
Florissants - dir. William Christie - mise en espace Vincent
Boussard - costumes Christian Lacroix - avec Sunhae Im, soprano
(Daphné, Enone), Olga Pitarch, soprano (Proserpine),
Jaël Azzaretti, soprano (Euridice), Marijana
Mijanovíc, alto (Aréthuse), Cyril Auvity,
haute-contre (Ixion), Paul Agnew, haute-contre (Orphée,
Tantale), Kre\9Aimir \8Apicer, ténor (Apollon, Titye, Un
Guerrier), Joao Fernandes, basse (Pluton, Un Guerrier), Jean-Yves
Ravoux (ténor), Nicolas Rivenq (basse)
"En 1979, Michel
Laplénie, ténor de l'Ensemble vocal et instrumental
baroque d'Ile-de-France, suggérait un nom plus
séduisant à la jeune formation: Les Arts Florissants.
Un quart de siècle plus tard, un concert-anniversaire rend
hommage au divertissement homonyme de Marc-Antoine Charpentier,
suivi, en deuxième partie, par La Descente d'Orphée aux
enfers. La trouvaille de Michel Laplénie résume
toujours merveilleusement l'enthousiasme et les bonnes
manières baroques des jeunes chanteurs réunis par
William Christie, son goût des textures délicates et des
couleurs tendres, sa passion pour les jardins. Et, si l'on compare
cette soirée aux fameux Arts florissants confiés, il y
a plus de vingt ans, aux micros d'Harmonia Mundi, elle
révèle un sens nouveau : en taillant chaque
année le rosier pour assurer sa riche floraison, le jardinier
contraint sa croissance. Car, si l'on excepte l'heureuse substitution
d'un ténor aigu (Cyril Auvity) à un
contre-ténor, ces belles voix déclamant sans effort
font quelquefois jeu égal avec leurs
prédécesseurs, mais leur cèdent souvent la palme
de la caractérisation (Christian Lacroix s'est d'ailleurs
contenté de draper tous les personnages féminins d'une
même étoffe pastel, qu'il s'agisse de la Musique ou de
la Poésie, de Proserpine ou d'Eurydice), de l'émotion
ou du mystère. A moins que l'on puisse parler de
mystère pour le vibrato vaporeux et les appoggiatures
détimbrées de Sophie Daneman, qui exhale le "Je meurs"
d'Eurydice sur un soupir humide et chaud, et nous laisse entendre "Je
m'aime". Côté orchestre, en cherchant les couleurs des
cordes avivées en 1981 par Daniel Cuiller, et tout juste
suggérées ici par l'ajout licencieux d'un hautbois,
d'un traversa et d'un basson, on ne trouve, en seconde partie, qu'un
trio de violes, évoquant davantage le vinaigre que la lyre
d'Orphée, puis une miraculeuse multiplication des diapasons.
Forcément problématique dans l'acoustique de la
Cité de la musique, mais ingénieuse dans son
économie, la mise en espace de Vincent Boussard dispose les
violons et les basses de part et d'autre des chanteurs.
Séparation fatale, qui expose la pauvreté sonore du
groupe de continuo. Celui-ci, mené par William Christie au
clavecin, ponctue la mesure quand il pourrait diriger le mouvement et
soutenir les phrases un nouvel acteur s'invite alors à
l'entretien des allégories mis en musique par Charpentier :
l'arithmétique.
Le travail sur l'articulation
n'a guère évolué, les notes inégales se
sont seulement sclérosées. Trademark, elles
résument vingt-cinq ans d'histoire de la musique ancienne : ce
qui était posé comme un échafaudage est
aujourd'hui revendiquè comme l'édifice, les convictions
nécessaires au labeur sont devenues des certitudes,
professées telles des évidences, et l'on peut
désormais décrire le divertissement de Charpentier
comme un " opéra de poche d'une redoutable
difficulté".
Cheltenham (Angleterre) - 8 juillet 2001 - Early Opera
Company - dir. Christian Curnyn - avec Mhairí Lawson, Julia
Gooding, Louise Mott, Sally Bruce-Payne, James Oxley, Andrew
Foster-Williams
Innsbruck - Festwochen der
alten Musik - 28, 29 août 1998 - dir. William
Christie - version de concert - avec Sophie Daneman, Lawson,
Katalin Karolyi, Paul Agnew, François Piolino, Steve
Dugardin, Nathan Berg
Musikfest de Brême
- 27 septembre 1997 -
Cité de la Musique - 5 octobre 1997 - Les Arts
Florissants - dir. William Christie - version de concert
Opéra National de
Paris - Festival Baroque - 19
mars 1995 - New York - Brooklyn
Academy of Music - 28 mars 1995 -
Budapest, Prague,
Milan, Versailles - mai
1995 - Festival d'Aix en
Provence - 28 juillet 1995 -
Tournée des Arts Florissants -
dir. William Christie - mise en espace Christophe Galland - avec
Sophie Daneman, Katalin Karolyi, Patricia Petibon, Monique
Zanetti, Paul Agnew, Fernand Bernardi, Steve Dugardin,
Jean-François Gardeil, François Piolino.