L'INCORONAZIONE DI POPPEA

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI
LIBRETTISTE

Giovanni Francesco Busenello
 
ORCHESTRE
London Philarmonic
CHOEUR
Glyndebourne Chorus
DIRECTION
Raymond Leppard
MISE EN SCENE
Peter Hall

Poppea
Maria Ewing

Nerone
Dennis Bailey

Ottavia
Cynthia Clarey

Seneca
Robert Lloyd

Arnalta
Anne-Marie Owens

Drusilla
Elizabeth Gale

DATE D'ENREGISTREMENT
1984
LIEU D'ENREGISTREMENT
Festival de Glyndebourne
ENREGISTREMENT EN CONCERT
oui

EDITEUR
Warner Vision France
DATE DE PRODUCTION
29 juin 2004
LANGUE
italien
IMAGE
4 / 3
SOUS-TITRES EN FRANCAIS
oui
SON
Dolby Digital 2.0 stéréo
NOMBRE DISQUES
2
DISPONIBLE
Toutes

 Critique de cet enregistrement dans :

"Excepté un souci d'exhaustivité ans la publication des archives de Glyndebourne, on voit mal ce qui a pu pousser à la réédition de cette représentation monteverdienne datant, sauf erreur, de 1984. Dirigée par son auteur, la réalisation musicale signée Raymond Leppard est lourde et encombrante, déjà dépassée à l'époque, et aujourd'hui totalement hors de propos. Si certains d'entre eux arrivent à émouvoir (Clarey, Lloyd), les chanteurs ne se distinguent pas par leur style, et la mise en scène très sage de Peter Hall ne les aide pas à s'abandonner aux dévorantes passions qui devraient les chavirer. Si Maria Ewing réussit à tirer son épingle du jeu, c'est que sa sensualité troublante fait fi du romantisme guindé qui l'entoure. Un Couronnement qui n'est rien d'autre qu'une curiosite aux images souvent sombres."

  "Deux catégories d'amateurs s'intéresseront d'emblée à cet enregistrement de 1984 : les historiens du Festival de Glyndebourne y retrouveront une production marquante en son temps ; et les passionnés de scénographie admireront l'architecture du décor. Conçu par John Bury, il mêle en effet néo-classicisme et néo-platonisme : un espace scénique carré et scandé de colonnes romaines, elles-mêmes surmontées d'une balustrade du haut de laquelle les trois figures allégoriques - Fortuna, Virtù et Amore - observent, commentent et raillent les pauvres destinées humaines. Ce travail est un modèle d'intelligence et de fonctionnalité.

En revanche, en bien des points, cette production laisse fort insatisfait. A commencer par l'édition, ou plutôt la rectification de la partition monteverdienne (donc du magnifique livret de Busenello) par Raymond Leppand ; on a beau la connaître depuis longtemps, rien n'y fait. Quelles qu'en soient les motivations (avec Otello ou Parsifal, Leppard aurait-il osé coupé des scènes entières, fondu deux actes en un, supprimé des personnages, transposé des rôles et abîmé l'harmonie ?), ce dépeçage grossier est une mutilation, que les théâtres ne jouent heureusement plus, sauf lorsque le DVD le rappelle comme ici à notre bon souvenir ! Le travail dramatique est gras, tant dans l'ironie que dans la grandiloquence faussement héroïque; et la direction d'acteurs est inexistante. Autant de stratagèmes qui, réactionnaires, éjectent le double propos de l'oeuvre : la politique et le désir.

Formée de chanteurs ayant largement dépassé l'âge de leur rôle, la distribution frappe par sa cacophonie stylistique; la déclamation y est toujours épaisse et les vocalises pachydermiques ; noyant l'écriture musicale, le travail vocal vise un héroïsme qui, de nos jours, tombe tristement à plat. Une seule interprète parvient à faire exister son personnage: Maria Ewing (Poppea), et quel mérite face à un Nerone vociférant (Dennis Bailey). Enfin, la direction musicale écrase l'oeuvre du début à la fin, et jamais ne suscite l'énergie. Ce qu'il reste de la partition s'écroule sous la pesanteur de sa réalisation."

"Glyndebourne eut tôt son heure de gloire dans la résurrection du répertoire ancien, de Monteverdi à Cavalli : Le Couronnement dès 1962, Ormindo en 1967, Callisto en 1970, Ulysse en 1972 firent date. Les témoins enregistrés, audio et vidéo, montrent surtout aujourd'hui le chemin parcouru depuis ces adaptations/restitutions signées Raymond Leppard, fort contestables dans leurs orchestrattions : choix des tessitures, coupures et autres "tripatouillages". Ce Couronnement de 1984 n'échappe pas à la règle,d'autant qu'en gardant si tard la partition Leppard (qui la dirige cependant avec entrain et sur-dramatisation), il s'inscrit radicalement dans un camp déjà bien dépassé à l'époque. C'est la masse sonore qui surprendra le plus les oreilles d'aujourd'hui par ses sonorités très romantiques, que seule une distribution hors pair (type ce que Liebermann avait osé rassembler à Paris) peut sauver de l'exaspération. Or ici, non seulement la mise en scène de Peter Hall, d'un compassé absolu, se contente d'une direction d'acteurs sans verve, dans une géométrie décorative à trois dimensions bien peu exploitée (les dieux parcourant l'espace d'un décor au classicisme peu expressif ), mais l'équipe vocale laisse sur sa faim. Si l'on excepte Elisabeth Gale et Anne Marie Owens, les seconds rôles s'ennuient, Lloyd, CIarey sont hors style, mais bien moins que le Néron de Dennis Bailey. Reste fois Maria Ewing, discutable, mais seule à vibrer de tout son être dans un rôle s ou sa sensualité (et sa nudité même) sont parfaitement exploités. Un témoin, dépassé."

 

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