TAMERLANO

DVDBlue-ray

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE

Nicola Francesco Haym, d'après C. Agostino Piovene
 
ORCHESTRE

Choeur et Orchestre du Teatro Real de Madrid
CHOEUR

DIRECTION

Paul McCreesh
MISE EN SCÈNE

Graham Vick
DÉCORS, COSTUMES

Richard Hudson
LUMIÈRES

Matthew Richardson

Bajazet

Plácido Domingo

Tamerlano

Monica Bacelli

Asteria

Ingela Bohlin

Andronico

Sara Mingardo

Irene

Jennifer Holloway

DATE D'ENREGISTREMENT

29 mars, 1er et 4 avril 2008

LIEU D'ENREGISTREMENT

Teatro Real - Madrid

EDITEUR

Opus Arte

DISTRIBUTION

Codaex

DATE DE PRODUCTION

1er mars 2009

NOMBRE DE DISQUES

3

FORMAT

16 / 9 - Son 5.1 DTS - Surround PCM Stereo

DISPONIBILITE

Toutes zones

SOUS-TITRES EN FRANCAIS

oui

 Disponible également en Blu-ray

 Critique de cet enregistrement dans :

"Superbe spectacle madrilène d'avril 2008. Domingo superstar maîtrise l'éloquence haendélienne avec force, profondeur, intensité, dont l'éclat est rehaussé par le feu dramatique et tragique de Paul McCreesh. La réalisation est mémorable, hissée au firmament par un dieu chanteur, d'une étonnante audace défricheuse, à l'intelligence baroque, indiscutable.

Quel est son secret? Quand ses cadets tel Villazon doivent se ménager et s'imposer des retraites salvatrices pour reconquérir leur potentiel vocal, le ténor légendaire qui a tout chanté et tout prouvé, "ose" encore des prises de rôles mémorables : The First Emperor de Tan Dun (superbe incarnation lyrique dans le répertoire contemporain) et dans cette production madrilène d'avril 2008, Bajazet dans Tamerlano de Haendel. Avec un fini expressif baroqueusement passionnant! Il faut ajouter que la probité des dynamiques et des nuances, dans la fosse, redouble cette attention à l'éloquence: McCreesh veille à la précision comme aux rebonds dramatiques.

L'articulation ciselée, le sens du verbe et son impact musical, surtout le génie scénique du chanteur demeurent saisissants. Alors qu'il a chanté par extraits les opéras de Haendel, voici une première scénique intégrale, d'autant plus opportune pour le mois anniversaire des 250 ans de la mort du compositeur né Saxon devenu britannique de coeur. L'apport de Domingo à la scène haendélienne est majeur: il montre combien le dramaturge baroque sait lui aussi comprendre les rôles, tailler pour les grands acteurs des situations et des airs à leur mesure.

Conscient des dernières évolutions de sa voix, Placido Domingo se ménage, caresse la ligne, négocie aigus et basses dans un rôle qui reste dans le medium de la tessiture, ce qui lui convient idéalement. En Bajazet, Domingo est ce sultan soumis, défait, grave et ténébreux, mais dont la noblesse d'âme illumine la scène; dont l'humanité et le profil psychologique sont admirablement travaillés. La scène du suicide touche au-delà de la vision, de l'écoute, toute concentrée et portée par un métier superlatif. Hélas, le Tamerlano de Monica Bacelli abaisse la très haute tenue de son partenaire. Même souci de l'aria palpitant et du récitatif mordant mais ample et souple grâce au velouté de son timbre grave et clair à la fois, Sara Mingardo campe un Andronico passionnant, dans la veine du Bajazet de Domingo, même si le ténor impérial, "écrase" tous les autres chanteurs de son charisme vocal et scénique.

Quelle bonne idée pour sertir l'art du chanteur, que de reprendre la noblesse austère et raffinée des décors et de la mise en scène de Graham Vick (dispositif créé 7 ans avant la présente production, au Mai musical Florentin 2001). Le luxe des vêtements, la dignité des tableaux visuels, ne dissimulent en rien l'errance solitaire et la vacuité morale des protagonistes, à l'exception de l'exemple de vertu qu'incarne le digne mais vaincu Bajazet (qui renonce à tout y compris à la vie par honneur et loyauté). Autour de cet astre admirable, circule sans atteindre à son incandescence émotionnelle, Tamerlano versatile, irréfléchi dont le coeur bascule entre Isteria (la fille de Bajazet) et Irene... Même si l'opéra porte son nom comme titre, le personnage central demeure Bajazet (surtout incarné par un Domingo solaire et léonin. Vivaldi reprendra le même sujet mais en préférant l'intituler "Bajazet", opéra postérieur à celui de Haendel, créé en 1735, et récemment dévoilé par le disque et au concert par Fabio Biondi).

L'orchestre majoritairement sur instruments moderne déborde de vitalité affûtée, de vivacité bondissante grâce au feu dramatique et aussi tragique, sans emphase ni sécheresse de l'indiscutable Paul McCreesh. Superbe spectacle hissé au firmament par un dieu chanteur, d'une étonnante audace défricheuse, à l'intelligence baroque, indiscutable. "

"Printemps 2008 : évènement au Real de Madrid. Pour la première fois, Placido Domingo, soixante-sept ans, affronte un rô1e haendélien, et non des moindres, Baajazet dans Tamerlano. Les caméras d'Angel Luis Ramirez apportent un surcroit de vitalité à la mise en scène, très sobre dans ses conventions, de Graham Vick, qui prend appui sur une solide direction d'acteurs (le travail minutieux effectué sur les récitatifs en est la preuve) ainsi que sur des décors et costumes d'une rare pertinence, dûs à Richard Hudson. Peu familier de ce répertoire, I'orchestre (en fait le Symphonique de Madrid) fait des efforts considérables sous la houlette de Paul McCreesh en termes d'allègement du son, d'articulation, de couleurs. Le résultat est payant, même si plusieurs auditions confirment, dans la direction pourtant très vivante du chef, une certaine propension à l'uniformité : les tempos pourraient être nettement plus libres et plus diversifiés, la tension n'en souffrirait pas. L'enregistrement a tendance à gommer les inégalités de la distribution. Jennifer Holloway y gagne davantage de présence, Monica Bacelli une meilleure projection ; Ingela Bohlin est toujours aussi touchante, et Sara Mingardo aussi stylée et bien chantante. Et Domingo? Dans cet emploi des plus dramatiques, qu'il endosse avec un art consommé du théâtre, il crève l'ecran, s'imposant des son entrée par une diction qui fait vibrer chaque mot, et dans ses airs par une musicalité qui se passe de tout effet superflu. Inutile de dire que sa mort ferait pleurer les pierres ! "

"Graham Vick est de cette fratrie de metteurs en scène à laquelle appartient David McVicar ou Adrian Noble. Leur travail est immédiatement identifiable, personnel mais jamais intrusif, moderne et parfaitement lisible. Des décors blancs, un hémicycle et quelques symboles (turbans, éléphants) font peser sur les personnages l'oppression d'une sphère blanche écrasée par un pied colossal. Cette figure de toutes les tyrannies deviendra au dernier acte un astre funeste. Ici point de folie caustique à la Giulio Cesare : Tamerlano est une tragédie en trois actes où s'affrontent ces figures adorées du XVIIIe siècle : l'envahisseur Tamerlan et le sultan Bajazet. Elle est l'un des nombreux avatars de ces fureurs turques et de ces fantasmes occidentaux dont Racine fut l'initiateur et Pradon l'exportateur. Onze ans après Tamerlano Vivaldi en fera son Bajazet. Économe en action, l'œuvre bénéficie d'un puissant travail d'acteurs. Vick sait chorégraphier les ritournelles (Tamerlano devenu un clown tragique) et laisser l'innocence épancher sa douleur dans d'antiques drapés (Asteria). Un astucieux système de diaphragme rapproche le chanteur du public ou l'atomise dans l'arène du pouvoir. Les costumes, Inde mogole, couleurs ottomanes et blanc crémeux pour la touche XVIIIe, sont magnifiés par une remarquable captation. Cette reprise d'un spectacle donné en 2001 à Florence fit beaucoup parler d'elle en raison de la présence de Placido Domingo. Ses décennies de rôles romantiques lui permettent un jeu d'une profonde humanité ourlée de cette douleur belcantiste qui n'est pas sans évoquer le Fritz Wunderlich d'Alcina et de Xerxes. Sara Mingardo et Monica Bacelli environnent l'homme vieillissant de leurs timbres denses et souples. McCreesh, haendélien subtil, tisse un écrin impeccable à cette mise en scène d'une qualité égale à la Theodora de Sellars et au Giulio Cesare de McVicar."

"La prise de rôle de Placido Domingo en Bajazet, au Teatro Real de Madrid en mars 2008, avait fait figure d'événement. La parution de ce DVD en prolonge l'intérêt, tout en offrant d'autres perspectives. On retrouve ainsi, avec beaucoup de plaisir, la production sobre et élégante de Graham Vick, imaginée pour Florence en 2001, la caméra lui enlevant pratiquement tout ce qu'elle pouvait avoir de froid et de statique, La vidéo confirme la médiocrité du Tamerlano de Monica Bacelli, habituée d'un rôle dans lequel elle apparaît à chaque fois hors propos, faute de séduction, de souplesse, de souffle et d'aisance dans le grave. Quand on pense qu'elle se produisait en alternance avec Ann Hallenberg, on ne peut qu'éprouver d'amers regrets devant pareille contre-performance !

Ce DVD, s'il confirme également es qualités d'Ingela Bohlin - ansi que son relatif manque d'engagement dramatique -, jette, en revanche, un éclairage différent sur les prestations de Placido Domingo et Sara Mingardo. Dans le cas du premier, certainement très impressionnant vu et entendu de la salle, la captation vidéo ne préserve qu'une performance honorable - résultat d'un travail sincère et sérieux - mais jamais entièrement convaincante. La vocalité n'est pas celle de l'emploi (les micros ne pardonnent rien !) et la violence du personnage ne justifie pas une émission trop en force, malgré les énormes efforts accomplis par l'illustre ténor. Et l'acteur, vu en gros plan, ne compense pas toujours ce qui fait défaut au chanteur.

Dans le cas de Sara Mingardo, au contraire, ce qui pouvait sembler un manque d'investissement dramatique, dans une salle de mille huit cents places, se révèle, à l'écran, n'être qu'intelligence et finesse. Dans le rôle du prince amoureux, sincère et vertueux, elle nous offre ainsi d'inestimables moments d'émotion, Sous la baguette de Paul McCreesh, enfin, l'Orchestre du Teatro Real est excellent.

En conclusion, les spectateurs qui avaient été époustouflés par Placido Domingo à Madrid, n'ont peut-être pas intérêt à acquérir ce DVD. Pour les autres, il est, en revanche, parfaitement recommandable."

 

 

 

 

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