Pastorale en un acte, sur
un livret de, représentée
à Versailles, sur le Théâtre des Petits Cabinets,
en ouverture de la seconde saison, le 20 (ou le 21) décembre
1747.
Avant Ismène, le spectacle
commença avec un Prologue inattendu entre MM. de Nivernais et
de la Vallière, puis par une comédie, Le Mariage fait et rompu, jouée par M. de Clermont d'Amboise, M. de
Duras, et le duc de Nivernais.
Le rôle d'Ismène était tenu par la
marquise de Pompadour, le duc d'Ayen était Daphnis, Mme
Trusson, femme de chambre de la Dauphine (Marie-Josèphe de
Saxe, épouse de Louis, premier fils de Louis XV), qui
remplaçait Mme de Marchais, enrhumée, Chloé.
Madame de Pompadour était vêtue d'un
corps, jupe et mante de taffetas bleu doublé de blanc,
garnis de gaze brochée et de blonde ; manches de cour de gaze
à plusieurs rangs de blonde ; noeuds de cour de gaze à
plusieurs rangs blonde ; noeuds de manche, bracelets et collier de
ruban bleu brodé de blonde ; chapeau de paille doublé
de taffetas blanc et couronné de fleurs. Le duc d'Ayen
portait : corps et des tonnelets de taffetas blanc, garnies
découpures bleues avec chenille et réseau d'argent ; la
mante drapée de taffetas bleu, garnie de bouffettes et de
taffetas blanc glacé d'argent, rehaussée de
réseaux et de chenille bleu et argent, la palentière de
même.
M. de Courtenvaux dansa, avec sa grâce
habituelle, et les ensembles furent dansés par des jeunes
garçons et filles.
François Rebel, qui dirigeait l'orchestre, et
Moncrif furent félicités par le Roi, qui avait
apprécié ce charmant spectacle.
Pierre Laujon raconta, dans l'avertissement de
Æglé, à propos de la représentation
d'Ismène : Après la représentation et
son succès, le Roi fit compliment à Rebel, puis demanda
Moncrif. C'était ce que le duc de la Vallière
attendait, pour le faire descendre dans la salle, et pour lui
procurer des asurances aussi flatteuses de son succès. Les
acteurs étaient restés sur le théâtre,
quand le Roi dit en sortant : "Voilà un charmant spectacle !"
Et l'assemblée ne cessa comme lui de répéter :
"Voilà un charmant spectacle !"
Une reprise eut lieu, toujours au Théâtre
des Petits Cabinets, le 10 janvier, avec la même distribution
que la première fois, et le 10 (ou le 11) mars 1748, sans Mme
Trusson, qui avait laissé la place à Mme de Marchais,
et M. de la Salle et le duc d'Ayen, tout deux fort
enrhumés.
Ismène n'obtint pas le même
succès lors de sa reprise à l'Académie royale de
musique, le 28 août 1750, dans le cadre des Fragments,
avec une distribution réunissant Mlle Coupée
(Ismène, Nymphe), Mlle Jacquet (Chloé,
Bergère), Chassé (Daphnis, Berger), et le danseur
Vestris dans le rôle du Faune. Un couplet circula,
commençant par "Ismène est toujours
misérable..."
Une nouvelle reprise eut lieu le 18 février
1751, dans le cadre de Fragments, composés des actes
d'Ismène, Titon et l'Aurore, et de
Æglé. Le Mercure de France d'avril 1751
écrivit à cette occasion : Nous avons rendu compte
de celui d'Ismène dans le Mercure d'octobre. Cet Acte, dont
les paroles ssont de M. de Moncrif, des Académies
Françoise & de Berlin , Lecteur de la Reine , avait
remporté le prix sur les Fragmens donnés dans
l'été. Dans cette reprise , il fait le même
plaisir. Des vers doux & faciles, une galanterie noble &
délicate, des chants simples & quelquefois saillans, sont
les parties aimables qui forment l'ensemble de cet acte. On y
reconnoît surtout, ce ton du monde, cette politesse, cet
agrément qu'on aime et qu'on estime depuis si longtemps en M.
de Moncrif, et qu'il répand sur tous ses
ouvrages.
Le 9 mars, les Fragments se poursuivirent, avec
le remplacement de Titon et l'Aurore par Pygmalion, de
Rameau, et le public y a couru en foule.
(*) François-Augustin Paradis de
Moncrif (1687 - 1770), poète, musicien et auteur dramatique.
Secrétaire du comte d'Argenson et du comte de Clermont, puis
lecteur de la reine Marie Leczinska, il entra à
l'Académie en 1733. Auteur des « Essais sur la
nécessité et sur les moyens de plaire
».