BALLET DU ROY ou BALLET DE LA
DÉLIVRANCE DE RENAUD
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NB. cette page a été réalisée
avec l'aimable et active participation de David
Escarpit
COMPOSITEUR
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Pierre GUÉDRON et autres
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LIBRETTISTE
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René Bordier, Étienne Durand,
Pierre Guédron
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Ballet dansé par Sa
Majesté en la Grand’ Salle du Louvre le dimanche 29e de
janvier 1617.
L'argument, choisi par Louis XIII
lui-même, est tiré de la Jérusalem
Délivrée du Tasse,
dont l’action se déroule dans un Moyen Âge mythologique.
Le preux chevalier Renaud de Montauban (rôle tenu par le duc de
Luynes, favori de Louis XIII) est séduit par les enchantements
de la magicienne Armide qui le conduit dans ses jardins
enchantés et l’ensorcelle. Ce sont ses compagnons, dont
Godefroy de Bouillon (Louis XIII) qui viendront le délivrer et
rompre les enchantements d’Armide.
Le vrai sujet est la
glorification de la personne royale. Louis XIII avait alors quinze
ans et demi, et venait de s'affirmer en chassant sa mère Marie
de Médicis, ancienne régente, de la Cour, et faisant
assassiner les favoris de celle-ci, Concini et Léonora
Galigaï. Le jeune roi timide dansait le premier ballet royal du
règne, et affirmait ainsi au monde son
autorité.
L'allégorie du sujet
était en effet transparente pour les contemporains : Renaud se
libère de la tyrannie d’Armide, comme le roi de celle de la
reine-mère, Marie de Médicis, et de ses conseillers.
Concini, conseiller de la reine, venait d'être assassiné
(complot mené par le duc de Luynes pour “délivrer” le
roi). La scène finale représente le roi exerçant
son pouvoir dans un royaume soumis à sa loi (Godefroy et ses
chevaliers).
Le roi avait apporté le
plus grand soin à la préparation du ballet, son
médecin Héroard notant, le 19 janvier : Il recorde szon ballet deux fois par
jour.
La foule était telle, dans
la salle du Louvre, que la représen,tation fut
retardée, et que le roi lui-même, qui était aller
souper chez le duc de Luynes, eut beaucoup de peine à se
frayer un passage. La représentation commença à
deux heures et demi et se termina à cinq heures.
Les airs sont de Pierre
Guédron, surintendant de la musique d'Henri IV et de Louis
XIII, un des inventeurs selon Henry Prunières, de la
vocalité à la française, pour lors très
inspiré par le style vocal italien (parsaggiato), à la
mode depuis la visite en 1605 de Giulio Caccini à la cour de
France. Les autres pièces sont d'Antoine Boësset
(1), son gendre, de Gabriel Bataille
(2), et peut-être de Jacques Mauduit
(3).
(1) Antoine
Boesset
(2) Gabriel Bataille (1574-1630), fut
maître de musique de la reine-mère en 1617, puis des
deux reines, Marie de Médicis et Anne d'Autriche, vers 1624.
Il collabora à la musique vocale de nombreux ballets de cour
sous Louis XIII. Compositeur, luthiste et chanteur très
inspiré par l'italianisme, il publia avec succès les
premiers livres d'Airs de différents autheurs mis en tablature
de luth (1608-1615). On connaît de lui une cinquantaine d'airs.
Son fils Gabriel, né vers 1615, lui succéda comme
maître de musique de la reine et quitta la cour à la
mort d'Anne d'Autriche.
(3) Jacques Mauduit (1557 - 1627),
compositeur et luthiste. Ami de Ronsard, il fut un des pères
du chant mesuré à l'antique à la fin du XVIe
siècle, au sein de la seconde académie de Baïf.
OUtre des hymnes, motets, fantaisies instrumentales et chansons, il
participa aux ballets de cour du règne de Henri IV et Louis
XIII.
Les vers sont des poètes
René Bordier (1), Etienne
Durand (2), qui signa la dédicace au Roi, et de
Guédron lui-même.
(1) René Bordier écrivit
le livret de dix-sept ballets entre 1615 et 1635, dont le Ballet de
monsieur le Prince (1620, Ballet du roy sur le sujet des Bacchanales
(1623), Grand Bal de la douairière de Billebahaut (1626), Le
Sérieux et le Grotesque (1627), Le Ballet des triomphes
(1635). Il se flattait d'être en charge de la poésie
auprès de Sa Majesté. Pourtant, poète
méprisé de ses confrères et ignoré du
public, il mourut dans la misère après
1648.
(2) Étienne Durand (1585-1618)
occupa la charge de contrôleur ordinaire des guerres, et
s'adonna très tôt à l'écriture. Ses
Méditations, publiées en 1611 forment la majeure partie
de son œuvre. Attaché à la maison de Marie de
Médicis, il resta fidèle à celle-ci après
le meurtre de Concini et fut accusé de comploter contre
Luynes, le favori du roi. Il fut condamné pour cela à
être roué vif en place de Grève, le 19 juillet
1618.
Les "machines" furent
construites par Francine (*), maître
fontainier du roi.
(*) Tomaso Francini (1571 - 1651),
naturalisé en 1600 sous le nom de Thomas Francine,
était venu de Toscane où il était au service de
Ferdinand de Médicis, à la demande d'Henri IV. Il
devint d’Intendant Général des Eaux et Fontaines en
1623.
La musique instrumentale
comprenait d'une part vingt-huit violes et quatorze luths, pour
l'accompagnement des airs et des récits, d'autre part les
vingt-quatre violons, pour les danses. Il semble que la disposition
orchestrale ait été double, avec deux chœurs avec
instruments, disposés de part et d'autre de la scène,
l'un conduit par Mauduit, l'autre par Guédron.
La musique vocale regroupait
soixante-quatre voix, et chacun avoua
que l'Europe n'avait jamais rien ouy de si ravissant. Lors de la dernière entrée qui
saluait la délivrance de Renaud, les choeurs et les
instruments se réunirent sous la direction de Guédron
qui conduisit un ensemble de
quatre-vingt-douze voix et de plus de quarante-cinq instruments,
estant joincts ensemble, qui faisoit un si doux bruit qu'il ne
sembloit point revenir au quart de ce dont il étoit
composé.
Enfin, les entrées de
ballet sont l'œuvre de Jacques de Belleville, roi des instrumentistes
de France (*),
peut-être aidé par François Richomme, « roi
des violons » de 1614 à 1624.
(*) Jacques de Montmorency de
Belleville, instrumentiste, compositeur et maître de danse
(vers 1580 - 1640). Il participa à un grand nombre de ballets
de cour entre 1615 et 1640.
Le chanteur de haute-contre
Marais tenait le rôle d'Armide (il était aussi danseur),
et le surintendant de la musique Henri de Bailly (mort en 1637)
jouait le rôle du Vieillard.
Le rôle de Renaud
était tenu par Charles de Luynes (*), favori de Louis
XIII. Le roi paraissait dans son propre rôle, puis dans celui
de Godefroy de Bouillon, et enfin dans le costume du Soleil.
Belleville et les vingt-quatre violons du Roi montèrent sur
scène, puisque le musicien conduit le ballet des monstres (6e
entrée).
(*) Charles, marquis d'Albert, duc de
Luynes (1578-1621), favori de Louis XIII, duc et pair de France,
grand fauconnier de France, maréchal de France.
Le Ballet de la Délivrance de
Renaud est un des mieux
conservés du règne de Louis XIII : grâce à
l'édition de Pierre Ballard, intitulée Discours au vray du ballet dansé par le roi le
dimanche 29e jour de janvier 1617. Avec les dessins tant des machines
et apparences différentes que de tous les habits des
masques, on possède le texte
des airs à voix seule avec l'accompagnement en tablature de
luth et celui des choeurs en parties séparées, la
musique instrumentale, reprise par l'atelier Philidor, et les dessins
des décors et des costumes.
En 1618, parut le IVe Livre
d'airs de Guédron, comprenant onze pièces, dont sept
airs de ballet, dont les airs du Ballet de la Délivrance de
Renaud.
Synopsis
détaillé
(édition Ballard de
1617)
Rien n'estoit encore paru qu'une
si grande perspective de palais et paysage recullé, qui
cachoit le jardin d'Armide à tous les spectateurs, quand on
entendit un grand concert de musique, dont les concertans estoyent
cachez, et pouvoyent neanmoins voir toute l'assemblée au
travers des fueillages qui les couvroyent.
Ceste musique, composée de
soixante et quatre voix, vinct-huict violes et quatorze luths, estoit
conduite par ïe sieur Mauduit, et tellement concertée,
qu'il sembloit que tout ensemble ne fust qu'une voix, ou plustost que
ce fussent ces oiseaux qu'Armide laissoit à l'entour de
Renault pour l'entretenir en son absence, ayant pouvoir de
contrefaire les voix humaines, et de chanter les plaisirs de l'amour,
avec les persuasions contenues en ces vers (faits et mis en musique
par le sieur Guedron, intendant de la musique de sa
Majesté)
Air : Puisque les ans n’ont qu’un printemps, de Pierre Guédron (vers et musique). Trois
parties de voix, une partie pour violes et une pour luth.
Première
entrée
Ceste musique cessant au signal
que le Roy luy fit donner, se perdit la perspective première
qui la cachoit, et parut la montaigue pourtraicte en la premiere
planche qui se verra ey après. Renault
(représenté par Monsieur de Luynes, premier Gentilhomme
de la chambre de sa Majesté, et son Lieutenant general au
Gouvernement de Normandie) estoit couché sur l'herbe et sur
les fleurs, au dedans d'une grotte enfoncée dans le milieu de
ceste montaigne. Au-dessus et à l'entour de ceste grotte
estoit Sa Majesté, accompagnée de douze Seigneurs,
representant autantde Demons laissez par Armide à la garde de
son bien aymé, avec charge de lui faire passer le temps en
tous les delices imaginables. A chacun des costez de ceste montaigne
estoit une roche se perdant dans les nues, qui sembloient routier
au-dessus. Et tout ensemble avec les bocages des costez (ou se
cachoit le corps de la musique precedente) occupoit la largeur de la
grande salle du Louvre, où fut faitte ceste action.
Pas un ne vit ceste montaigne
ornée d'une si bizarre beauté, remplie de personnes si
inventivement masquées et vestues, et si claire par les
brillans et broderies rejaillissantes contre les flambeaux opposez,
qui ne creust estre en quelque agréable songe, ou qui ne prist
pour Demons veritables ceux qui les representoyent seulement.
Ce ne fut pas sans choix ny
raison que le Roy voulut représenter icy le Demon du feu et se
couvrir do comme il est pourtraict en la seconde planche, car entre
que sa Majesté voulut faire voir à la Royne sa femme,
quelque représentation des feux qu'il sentoit pour elle, i! se
vestit encores de la sorte à desseing de tesmoigner sa
bonté à ses sujets, sa puissance à ses ennemis,
et sa Majesté aux estrangers ; il sçavoit bien que
c'est le propre du feu d'épurer les corps impurs et de reunir
les choses homogênées et semblables, séparant
l'or et l'argent de toute autre matière moins noble et moins
riche, comme c'est le principal desir de sa Majesté, de
rappeler tous ses sujets à leur devoir et les purger de tous
pretextes de desobeissance. Il sçavoit bien, dis-je, que !e
feu court après la matiere combustible et ne consume rien en
son lieu naturel; ains sert à l'entretien des creatures
inférieures et donne contentement a ceux qui le voyent d'une
distance proportionnée de mesme que sa Majesté
destruict facilement ceux qui l'outragent, et n'employé son
authorité qu'à la conservation de ses peuples, ou
l'agrandissement de ceux qui l'approchent avec le respect qui luy est
deu. Bref, il cognoissoit que le feu est le plus eslevé de
tous les elemens, comme luy le plus grand de tous les hommes; que le
feu ne peut estre enfermé, ny borné, que de ses bornes
naturelles, comme luy ne peut estre limité que par la
puissance divine et sa propre volonté; et que les Esprits qui
sont les plus proches de Dieu entre les hiérarchies
célestes, estant appelez Séraphins, qui signifie feu
eschauffant, il doit aussi affecter une qualité si
agréable à Dieu mesme, comme estant le plus proche et
le plus aymé de luy parmy les hommes.
C'est pour toutes ces raisons
qu'il se voulut couvrir de flammes, et ses flammes estoyent
esmaillées et faites avec un tel artifice, que le feu mesme se
rendoit plus esclatant par elles, lorsque les rayons des flambeaux
innombrables de la salle estoyent adressez dessus, et que ceux qui
les regardoient en recevoyent la reflexion. Son masque et sa coiffure
estoyent de mesme composition que son habit, et n'eust esté la
douceur extresme de ses actions on eust creu que dès lors sa
Majesté s'estoit couverte de feu pour consumer ses ennemis.
Ainsi vestuë et couverte de
flammes, elle descendit les degrez d'un petit théâtre
eslevé de trois pieds seulement, au son de vingt-quatre
violons representant autant d'Esprits, logez en une niche
separée pour servir aux differens actes du Ballet, et comme si
sa Majesté eust repris Renault d'estre sorty sans son
congé (parce que déja il s'estoit avancé dans la
salle), elle le ramena jusques au milieu, et dansa avec luy
jusqu'à ce que Monsieur le chevalier de
Vendosme(1)
(representant le Demon des eaux) et Monsieur de
Mompoullan(2) (un Esprit
de l'air) descendirent de la montaigne pour les venir joindre. Tous
quatre sont signalez par differens nombres en la seconde planche, sa
Majesté par l'unité. Monsieur de Luynes par 2, Monsieur
le chevalier par 3, Monsieur de Monpoullan par 4. Et chacun des
pourtraicts exprime si naïvement leurs habits, que la
description en restant inutile, c'est assez de dire que leur
entrée fut ornée de si belles dances, si diverses
égares, et si follastres actions, qu'ils laissèrent
à ceux qui les veirent une créance de ne pouvoir rien
voir de mieux, et aux autres masques une aprehension de n'avoir plus
de quoy se pouvoir faire regarder.
(1) Alexandre de
Vendôme (1598-1629), dit le Chevalier de Vendôme, Grand
prieur de France, deuxième fils légitimé d'Henri
IV de France et de Gabrielle d'Estrées. Il avait
été envoyé à Rome, en 1615, en ambassade
auprès du pape Paul V.
(2) Monsieur de Mompoullan :
Jean de Caumont, marquis de Montpouillan, sixième fils de
Jacques de Nompar de Caumont, premier duc de La Force, pair et
maréchal de France. Favori de Louis XIII, il fut nommé
premier gentilhomme de la Chambre, mais, en butte à la
jalousie de Luynes, il dut se retirer de la Cour en 1618. Il mourut
en 1621 en défendant Tonneins, ville huguenote, contre
l'armée royale, et fut décapité en effigie par
arrêt du Parlement de Bordeaux.
Deuxième
entrée
Tandis qu'ils achevoyent leur
Ballet, et que deja Renault, se voulant reposer, s'acheminoit vers sa
grotte, Monsieur le comte de la Roche-Guyon (pour le Demon de la
chasse, marqué 5 en la planche suivante) et Monsieur le
general des Galleres (tenant lieu du Demon des foux, marque 6)
descendirent de la mesme montaigne, dont estoit sortie sa
Majesté et sa suitte mais si l'invention de leurs habits fut
extravagante et gentille, la justesse de leur dance, et !e rapport de
leurs gestes fut autant inimitable, que les premiers s'estoyent creus
sans comparaison on douta longtemps s'ils n'avoyent point appris
quelque chose des Demons mesmes, et si les hommes pouvoyent avoir
autant de promtitude et de conduitte tout ensemble.
(1) François de
Silly, grand louvetier de France, comte puis duc (en 1621) de La
Roche-Guyon. Il mourut en 1628 au siège de La
Rochelle.
(2) Philippe-Emmanuel de
Gondi de Retz, comte de Joigny, marquis de Belle-Isle (1581-1662),
succéda en 1598 à son frère Albert de Gondi, duc
de Retz comme Général des
galères.
Troisième
entrée
Mais quand ces seconds cesserent
de dancer, et que Monsieur de Liancourt (representant un Esprit
follet signallé en la planche suyvante par 7), Monsieur de
Blinville (le Demon du jeu, par 8), Monsieur de Challais (celuy des
avaricieux, par 9) et Monsieur de Humieres (celuy des villageoises,
aussi remarqué par 10) quand, dis-je, ces quatre nouveaux
Demons descendirent de leur montagne, pour venir chercher Renault
qu'ils ne voyoient plus, les regardans estonnez de ce qu'ils avoient
veu revinrent à eux par l'estonnement de ce qu'ils voyoient,
et l'extraordinaire disposition des personnes, joincte à la
bizarre rencontre des habits, avec la difficulté des pas si
facillement surmontee, firent avouer à tous que la merveille
surpassoit de bien loing la creance qu'ils avoyent euë de leur
perfection.
(1) Roger du Plessis de
Liancourt (1598-1674), bientôt Premier Gentilhomme de la
Chambre, très grand danseur de ballets, et accessoirement
cousin de Richelieu (qui n’était alors encore qu’un simple
secrétaire d’Etat et pas encore cardinal).
(2) le marquis de
Blainville, premier gentilhomme de la chambre du roi
(3) Henri de
Talleyrand-Périgord, comte de Chalais, exécuté
en 1626 pour avoir participé à la "conspiration de
Chalais", qui visait à assassiner Richelieu et destituer Louis
XIII au profit de son frère Gaston
d'Orléans.
(4) le chevalier
d’Humières, issu d’une vieille famille du
Rouergue
Encores la bonne fortune de
rassemblée ne s'arresta-t-elle pas au plaisir que leur donna
ceste troisiesme entrée ; une quatriesme (representée
en la cinquiesme planche) la suyvit et luy fit dire que les
admirations eatoyeut vaines, ou les miracles se suyvoient. Monsieur
le marquis do Courtanvaut (au lieu d'un Esprit aerien, marqué
11), Monsieur le comte de la Roche-foucaut (comme le Demon de la
vanité, marqué 12), Monsieur de Brantes (pour le Demon
des Mores, marqué 13), et Monsieur le baron de Palluau
(representant le Demon de la guerre, marqué 14) furent les
quatres qui sortirent les derniers de la montaigne; mais ils ne
furent pas les derniers en l'estime que l'on fit des personnes et des
actions l'ordre gardé dans leurs dances, la majesté de
leurs habits, et la beauté de leurs figures, fit quasi oublier
ce qu'auparavant on avoit admiré, et chascun ne sçavoit
à quoy se plaire pour avoir trop de plaisir.
(1) Jean de Souvray, marquis
de Courtenvault, Premier Gentilhomme de la Chambre
(2) François V de La
Rochefoucauld (1588-1650), issu d’une des plus vieilles familles de
la noblesse de France, catholique et ami de Louis XIII, lequel
érigera son comté en duché-pairie en
1622
(3) Gentilhomme
provençal originaire d’Avignon
(4) Seigneur
vendéen
Quatrième
entrée
Un nouvel ayse fit bientost
perdre ce doute; car Renault ressortit de sa grotte avec tous les
Demons qui l'avoyent cherché ou suivy, et se joignans tous
avec les quatre restans, dançerent un Ballet de quatorze, si
différent des premiers en nombre et en béante, qu'il
eut tout sent les applaudissements qu'avoyent eus tous les antres, et
qu'on unissant on se plaignit qu'il avoit trop peu duré. Tous
les Demons s'évanouirent, et lors se commença la
delivrance de Renault, car deux cavalliers (armez & l'antique, et
marquez en la planche suyvante par 15 et l6, l'un portant une
baguette et l'autre une carte avec un escu argenté et luysant
comme un miroir) entrèrent par dedans une feuillée
eslevée a costé de ceste montaigne, et dançerent
quelque temps sous un air de trempette, si artificieux et si beau,
qu'on eust souhaité ne l'entendre jamais finir. Ces
chevalliers (n'ayant autre but que la delivrance de Renault) n'eurent
pas longtemps paru dans la salle, qu'ils se retournerent vers la
grotte premiere ou ce heros avoit paru.
Armide, qui n'en estoit sortie
qu'après avoir disposé ses Demons à sa garde,
leur fit voir à l'abbort le premier effect de ses charmes :
car ceste montaigne se tourna d'elle-mesme, les rochers des costez
secouërent leurs testes qui sembloyent immobiles ; tout changea
d'un instant, et en leur place parut ce qui est representé en
la sixiesme planche sçavoir de beaux jardinages occupans la
largeur de la salle, et dans ces jardins trois grandes fonteynes
rustiques. Celle du milieu jettoit son eau d'une trompe en niche,
eslevée au-dessus d'un bassin dont les gargouilles
jaillissoyent contre la trompe comme si elles eussent esté
faschées qu'elle leur derobast la veüe du ciel qu'elle
leur cachoit. Les deux fonteynes des costez pissoyent à
travers le stucq incrusté sur le pendant d'une roche, qui
sembloit preste à tomber sur les bassins entoures de petits
arbrisseaux, et d'un nombre infini de fleurs.
La nouveauté de cet aspec
arresta quelque temps les cavaliers mais se ressouvenant des advis
qu'on leur avoit donner ils se servirent de leur haguettte pour
destruire ces magiques puissances d'Armide. Au premier coup que ces
trois fonteyncs en reçeurent, toutes trois se fixerent, l'eau
cessa mesme de couller, et l'or esclatant dont elles estoyent
enrichies, perdit le p!lus beau de son lustre. Un nouveau charme
encore leur donna nouvel estonnement, car une Nymphe echevelée
et tonte nuë sortit du bassin de la fontayne du milieu, et
tandis que les cavalliers cherchoient passage pour entrer dans le
jardin, elle chanta ces vers faits par Bordier, recitez par uu des
pages de la musique du Roy.
Air de Boesset (une voix de
haute-contre, viole, luth) : Quelle
pointe de jalousie vous a mis en la fantasie
D'autres que ces cavaliers
eussent este arrestez par la douceur de la voix ou beauté de
la Nymphe mais leurs oreilles et les vuës estoyent
bouchées, et leurs baguettes suppleant à leur courage
(qui leur deffendoit d'employer des armes sur une femme belle et nue
comme estoit celle-là), ils la forcerent de se replonger en
l'eau dont elle estoit sortie pour les arrester.
Cinquième
entrée
Aussitost parurent six differents
Monstres pourtraicts en la septiesme planche, deux desquels avoyent
la teste, les aysles et les pieds de hiboux, avec le reste du corps
couvert d'un habit de jurisconsulte, sçavoir d'un bonnet
quarré, d'une soutanne et d'une robbe noire; deux autres
avoyent la teste, les bras et les jambes de chien, le reste du corps
rapportant à un païsan et les deux derniers ayant teste,
bras et jambes de singe, representoyent une fille de chambre, jeune
et parée selon l'usage présent. Ces Monstres plaisans
et difformes tout ensemble, attaquerent les deux cavalliers, comme
ils entroient desjà dans le jardin, et eux leur restant par
les armes, et par la puissance de la baguette, leur contraste donna
lieu à un Ballet de bouffonneris et de gravité
entremêlée, qui n'eust pas la derniere place en la
louange de ceux qui les regardèrent.
Enfin, il s'acheva comme ïcs
précédents, et s'achevant les Monstres s'enfuyrent,
tandis que Renault, transporte d'ayse, en la possession de son
Armide, estoit couché sur les fleurs qne l'eau de ses
fonteynes arrousoit en tombant, et chantoit ces vers faits par
Durand.
Air de Gabriel Bataille (pour une
voix de basse-taille, viole et luth) : Déités qui, libres
d’ennuis
Les hautbois jouent la 5è
entrée, sur un mode à la fois martial (percussions
très présentes) et goguenard.
Les Cavalliers, plains d'ayse ef
d'ardeur en la rencontre de ce qu'ils cherchoyent, s'arresterent tout
court à l'entrée de ce jardin, et faisant voir Renault
a luy-mesme dans l'escu de cristal qu'ils avoyent apporté,
l'emmenèrent hors de ce lieu enchanté jusques au milieu
de la salle, où ce guerrier eut telle honte de sa jeunesse
ainsi passée, que ses carquans luy furent des meurtres
reprochables, ses dorures des taches infâmes, et sa demeure
voluptueuse une funeste prison, dont à l'heure mesme il desira
de sortir. Aussi, la huitiesme planche le represente tel, tout
honteux et furieux tout ensemble, brisant ses chesnes en passant
auprès de ce jardin, qui paravant luy sembloit entouré
de precipices, et fuit aussi soudainement la presence d'Armide
qu'ardamment il en avoit souhaité la veuë.
Armide accoure esplorée
sur les lieux que Renault a laissez elle voit ses fontaynes taries,
ses Nymphes muettes, ses Monstres chassez, et bref, tout son jardin
changé de ce qu'il estoit auparavant. Alors ceste maison
choisie par elle pour ses delices, est le lieu de son desespoir alors
elle esprouve que l'Amour ne s'attache point par d'autres charmes que
par les siens ; alors, dis-je, elle apprend que les plaisirs du vice
aboutissent à la douleur, et qu'il faut tost ou tard que
l'Amour face une action d'un Dieu qui porte des aysles. Le depit
prend la place de sa bonne volonté, et luy fait appeler ses
Demons par des conjurations toutes nouvelles ; mais il semble que ces
malicieux ministres apprehendassent de l'approcher, ou que selon la
nature de l'affliction qui appelle les risées de tout le
monde, ils prissent plaisir à se mocquer de son inquietude.
Tous ces Demons sont pourtraicts en la neufviesme planche
sçavoir, trois en forme d'escrevisse, deux en tortues, et deux
en limassons, et tous sortirent de dessous des antres obscurs,
à mesure qu'Armide (qui est pourtraicte au milieu d'eux)
redoubla ses conjurations.
L'enchanteresse, depitée
de voir ses Démons sous ces formes moqueuses, fit de nouveaux
caracteres, prononça de nouveaux mots, et chanta ces vers
faits par Bordier.
Air de Pierre Guédron
(voix de haute-contre, le chanteur et danseur Marais, luth et
viole) : Quel subit
changement !
Sixième
entrée
A la fin de ces vers, les Demons
sortirent de leurs coques, et parurent de nouveau comme ils sont
pourtraicts en la dixiesme planche, sçavoir en formes de
vieilles depuis le nombril en haut, avec grands chapperons à
l'antique, ayant la queuë détroussée, un corcet de
satin noir, chamarré d'argent ; et du nombril en bas, elles
avoyent des culottes à l'antique, du satin incarnad
brodé d'or, dont les canons descendoyent jusques au bas des
genous. Ces vieilles estoyent bottées et esporonnées,
et se peut dire que (jusques icy) rien ne s'est veü de si
bizarre et si plaisant que ce Ballet. Marais estoit celuy qui
representoit Armide en ses furies et ses chants, et Belleville (qui
generalement avoit fait tous les airs et toutes les dances du Ballet)
estoit encores le particulier conducteur de tous les Demons invoquez.
Tous les deux estans assez cognus n'eut besoing que d'estre nommez
pour avoir des louanges; aussi retouné-je à dire
qu'Armide se fit emporter par ses Demons ; que son jardin qui,
paravant estoit si beau, ne devint plus qu'une caverne déserte
et affreuse aux yeux de ceux qui la virent ; que tout trembla et
changea tout ensemble, au transport de ceste sorciere, et que tous
les Ballets d'entrée finirent en ce changement.
Après un moment de
relasche (pour donner loysir aux esprits de se porter à
nouveaux objects), entra dans la salle un petit bois, cy après
pourtraict, dans lequel chantoyent seize personnes vestuës en
cavalliers antiques, avec sallades en testes, et grandes plumes
pendantes en arriere, qui remplissoient ce petit bois d'une
diversité tres-agreable.
Ces cavalliers faisoyent un
concert de musique conduit par le sieur Guedron veritablement
inimitable en ses sciences, mais particulierement admiré par
l'invention de ses beaux airs. Le bois et les hommes sembloyent estre
esmeus par la puissance d'un hermite représenté par le
Bailly qui se peut glorifier d'avoir et d'avoir eu la plus belle et
plus charmeuse voix de son temps, et cet hermite tenait la place du
vieil Pierre, par la science duquel Renault fut delivré de sa
prison. Les autres cavalliers representoient les soldats de
l'armée de Godefroy, qui impatiens de l'eslongnement de
Renault, le cherchoyent en chantant ces vers faits par Guedron :
Air de Guédron, vers et
musique (trois parties de voix, violes et luths) : Allez, courez, cherchez de toutes
parts.
Après ces vers, l'hermite
commençoit ce dialogue, en les advertissant du retour de
Renault.
Dialogue de Guédron, vers
et musique (voix de basse et choeur des Soldats) : Vostre héros n’est plus en servage, Renault
est enfin de retour.
Et ce dialogue fini se faisoit
une grande Musique du concert du sieur Guedron, et de l'autre qui
premièrement s'estoit fait admirer sous la conduitte du sieur
Mauduit. Chacun avoua que l'Europe n'a jamais rien ouy de si
ravissant et le nombre de quatre vingt douze voix et de plus de
quarente cinq instrumens estant joincts ensemble, faisoit un si doux
bruict qu'il ne semblait pas revenir au quart de ce dont il estoit
composé. Les vers qui suyvent, faits et mis en air par Guedron
furent ceux qu'ils chantèrent ensemble.
Choeur de Guédron, vers et
musique (trois parties de voix, avec accompagnement ad libitum des
instruments en tutti : Enfin, le Ciel
a retiré ce Renault qu'Amour avait
attiré.
Tout se changea de soy-mesme
à mesure que ce petit bois se retira. Aux deux costez du
théâtre s'esleverent deux grands palmiers, portant
chacun des trophées qui montroyent avoir esté conquis
sur les ennemis du nom chrestien ; mais pas un ne les
considéra, car la face du milieu ou Godefroy et les chefs de
son armée estoyent assemblez pour se resjouïr de
l'heureux retour de Renault, attira tant d'yeux à soy, qu'il
n'en resta plus pour les trophées. La planche suivante montre
bien quelque chose de sa beauté, mais elle en est pourtant
autant eslongnée que la pensée des plaisirs est
différente de leur realité. Le Roy, comme un autre
Godefroy, estoit sur un trosne dans ce pavillon de toille d'or,
regardant au-dessous de luy les mesmes seigneurs de sa Cour qui
l'avoyent accompagné en sa représentation des Demons,
et qui, par cette feinte, tesmoignoyeut la veritable envie qu'ils
avoyent de le suivre en la mesme action qu'ils representoyent. Tous
ensemble parurent à mesure que ce grand pavillon se tourna, et
comme on a quelquefois entendu les peuples devotieusement assemblez,
s'escrier ucanimement en l'apparition de quelque miracle, on ouyt
toute l'assemblée donner des applaudissemens à la
veuë de ce pavillon enrichy de si rares personnes. L'esclat des
pierreries cacha pour un temps la majesté des visages, et
soudain après, les visages se faisant connoistre, firent
negliger les enrichissements des habits. Il fut douteux encores si
les masques paroissoyent immobiles pour l'estonnement de voir tant de
beautez, ou si les beautez mesmes ne se mouvoyent point de peur do se
divertir tant soit peu de l'agréable veü des masques.
Mais enfin, le Roy donna le signai, et chascun descendit pour luy
faire place, et tandis qu'il s'avança sur le devant du
theâtre, les violons jouèrent le grand Ballet.
Ce grand Ballet fut dancé
avec tant d'ordre et de disposition, qu'aucun autre devant luy ne se
peut vanter de la mesme beauté. Un seul des François ne
se peut tenir de benir le Ciel en la gentillesse de son Roy ; la
Majesté, qui semble contraire à telles actions, estoit
tousjours au devant de ses pas, et la grâce n'eust esté
que pour luy seul, si ceux qui l'accompagnoyent ne l'eussent par fois
dérobée pour faire admirer ce qu'ils faisoyent en
l'imitant ; mais tous ensemble se sentirent de la puissance que sa
Majesté eust alors sur les esprits car ceux qui n'avoyent
point de bonne fortune, en acquirent, et ceux qui en avoyent les
mirent en point de ne pouvoir estre perduës. Ainsi le Ballet se
nnit et fit passer une nuit plus delicieuse que la plus belle
journée du printemps. Tandis que le grand Bal se dança,
et que chacun s'amusa à lire les vers particuliers que le Roy
et les seigneurs de sa suitte donnerent aux Dames, sur le personnage
que chacun d'eux avoit representé aux entrées.
Synopsis
(résumé)
Le rideau tombe. Perspective de
palais et de paysages dans le lointain. Un chœur monte soudain de
derrière le décor de scène. Ce sont les esprits
enchantés d’Armide qui, changés en oiseaux, commencent
l’ensorcellement.
Pierre Guédron (vers et
musique) chœur : Puisque les ans
n’ont qu’un printemps. Trois parties
de voix, une partie pour violes et une pour luth.
Première
entrée : La musique
cesse. Renaud paraît, couché sur l’herbe au pied d’une
montagne dans laquelle s’ouvre une grotte. De la montagne descend Sa
Majesté, se représentant lui-même, suivi de douze
seigneurs représentant les esprits d’Armide. Le roi descend de
la montagne « au son des vingt-quatre violons »
qui, costumés en esprits, sont dans une niche
séparée. Le roi s’approche de Renaud qui se lève
et ils dansent la ensemble, bientôt joints par un Démon
des Eaux (le chevalier deVendôme) et un Esprit de l’Air (M. de
Montpouillan). Le roi, Renaud et les deux esprits dansent ensemble.
La bande des violons joue la
première entrée (deux parties)
Deuxième entrée : le
comte de La Rocheguyon et le Général des Galères
(deux démons) descendent de la montagne et dansent avec
Renaud.
La bande des violons joue la 2è
entrée
Troisième entrée : les huits
autres seigneurs, (Chalais, Humières, Liancourt, Courtanvaux,
La Rochefoucault, Brantes et Palluau) représentant tous des
démons et des esprits, descendent un à un de la
montagne et tous font avec Renaud et le roi un grand ballet et
entrent dans la grotte.
Les violons puis les hautbois jouent la 3è
entrée (2 parties)
Quatrième entrée : Renaud
ressort de la grotte avec le roi et les 12 seigneurs et dansent tous
ensemble un ballet de 14 (très applaudi d’après les
sources)
Les violons jouent la 4è entrée
Les démons disparaissent et commence la
délivrance de Renaud ensorcelé. Deux cavaliers entrent
sur scène au son d’une fanfare de trompettes. Armide, se
doutant des intentions des cavaliers, essaye de les impressionner en
faisant disparaître son palais et le remplaçant par des
jardins avec « trois fontaines rustiques ».
Les deux cavaliers font disparaître les
enchantements illusoires de la magicienne : éteignent
l’eau qui coulait des fontaines d’un coup de leur baguette.
Armide fait alors surgir une nymphe
échevelée qui les prend violemment à partie.
Air d’Antoine Boesset (vers de Bordier) pour la nymphe
(récit de haute-contre, puisqu’aucune femme ne chantait sur
scène à cette époque) : Quelle pointe de
jalousie (1 voix, viole et luth).
Un temps éblouis par le chant de la nymphe qui
leur ordonne de laisser Renaud à Armide, les deux cavaliers la
chassent finalement.
Cinquième entrée : Armide
fait alors paraître six monstres : deux sont des hiboux
géants portant des toges de jurisconsultes, deux des chiens
géants déguisés en paysans et deux des singes
géants déguisés en femmes de chambre. Ils
attaquent les cavaliers tout en dansant un ballet mi-guerrier,
mi-grotesque.
Les hautbois jouent la 5è entrée, sur un
mode à la fois martial (percussions très
présentes) et goguenard.
Les monstres fuient. Mais Renaud paraît alors,
complètement sous l’emprise de son Armide, béatement
couché sur les fleurs. Renaud chante :
Air de Gabriel Bataille (vers de Durand) :
Déités qui, libres d’ennuis (une voix, viole et
luth). Récit de basse-taille, registre propre aux héros
à l’époque.
Les deux cavaliers (l’un est Louis XIII costumé
en Godefroy), heureux d’avoir retrouvé Renaud, lui montrent
son image dans un écu de cristal pour lui faire honte de son
lâche abandon. Puis ils l’entraînent loin des jardins
d’Armide.
La magicienne, furieuse, accourt et voit ses fontaines
taries et sos sortilèges rompus par les deux preux. Elle
convoque alors ses monstres qui apparaissent, sous forme
d’écrevisses, de tortues et d’escargots. Agacée par ces
formes stupides, Armide se met en colère et chante :
Air de Pierre Guédron (vers de Bordier) :
Quel subit changement ! Récit de haute-contre,
Armide étant jouée par le chanteur Marais. Voix seule,
luth et viole.
Sixième entrée : Les monstres
dansent et se transforment en « vieilles bottées et
éperonnées » qui dansent une gigue, danse
rapide en 3/8, caractérisée par des frappements de
talons et des jetés de jambes. Le Roi des Instrumentistes
Jacques de Belleville, violon du roi, conduit le ballet des monstres,
qui doit être bizarre et drôle.
Les violons jouent la 6è entrée, sur un
mode burlesque.
Tout tremble et le décor disparaît.
Apparaît à la place un petit bois. Dedans,
jouant de luths et de violes et chantant, paraissent les soldats de
l’armée de Godefroy de Bouillon qui, pendant tout ce temps,
sont inquiets de l’absence de Renaud. L’hermite Pierre qui a
délivré Renaud à distance par ses
sortilèges, est avec eux. Ils dialoguent.
Chœur des soldats, musique et vers de
Guédron : Allez, courez, cherchez de toutes parts
Trois parties de voix, violes et luths.
Récit du mage (récit de basse, ce timbre
étant en général celui des êtres
surnaturels) : Vostre héros n’est plus en servage.
Vers et musique de Guédron.
Une grande musique retentit alors, qui mêle tous
les instruments et toutes les voix. C'était la première
fois qu’une œuvre d’une telle dimension était
jouée.
Chœur Enfin, le Ciel a retiré de
Guédron (vers et musique) avec accompagnement ad libitum des
instruments en tutti. Trois parties de voix.
Dernière entrée : Le
décor change. Les compagnons de Renaud disparaissent ainsi que
le petit bois.
Louis XIII paraît, en majesté sur son
trône, dans un pavillon de toile d’or. A ses pieds sont tous
ses seigneurs.
Sa Majesté se lève alors et
« donne le signal ». Le roi (costumé en
Soleil, disent certaines sources) s’avance seul devant le
théâtre, tandis que tous lui font place et s’inclinent
devant lui. Ils ne sont plus costumés : Louis XIII ne
représente que lui-même et les autres ses sujets.
Alors les violons jouent le grand ballet final, que Sa
Majesté conduit.
Triomphe et apothéose de Louis XIII.
Violons, hautbois tour à tour jouent le grand
ballet final.
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