COMPOSITEUR
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Georg Friedrich HAENDEL
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LIBRETTISTE
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Nicola Giuvo
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DVD
ENREGISTREMENT
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ÉDITION
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DIRECTION
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ÉDITEUR
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FICHE
DÉTAILLÉE
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2009
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2010
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Antonio Florio
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Dynamic
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Serenata a tre, composée
pour le mariage du duc d'Alvito, prince de Colubrano, et de Beatrice
Sanseverino, fille du prince de Monte Miletto, ainsi que pour
l'accession du cardinal vénitien Vincenzo Grimani au
trône de Vice-roi de Naples.
Terminée le 16 juin 1708,
elle fut exécutée à Naples en juillet 1708, au
palais du duc d'Alvito, à Chiaja.
Le rôle de Polifemo
était tenu par la basse Giuseppe Maria Boschi.
Haendel séjourna dix
semaines à Naples, de mai à juillet.
Le livret s'inspire du
livre XIII des Métamorphoses
d'Ovide.
Synopsis
Le jour se lève. Acis,
fils de Pan, et Galatée, la nymphe des mers, fille de Neptune,
sont épris l'un de l'autre. Mais Galatée verse des
larmes. Interrogée par Acis, elle lui révèle
qu'elle est poursuivie par la jalousie du cyclope Polyphème.
On entend soudain un fracas : le cyclope a ouvert son antre et
approche. Galatée demande à Acis de la laisser seule
avec lui. Polyphème renouvelle ses reproches et menace de s'en
prendre à son rival. Galatée fait front avec courage.
Polyphème s'en irrite. Acis survient pour défendre
Galatée. Celle-ci dit préférer la mort
plutôt que de céder au cyclope. Polyphème
renouvelle ses menaces. Galatée, pressée par
Polyphème, appelle son père au secours, et court se
jeter dans la mer. Polyphème finit par s'en aller. Acis reste
seul, puis est rejoint par Galatée. De son côté,
Polyphème attend le passage d'Acis. Pendant qu'Acis et
Galatée échangent des paroles d'amour, il fait rouler
un énorme rocher qui va écraser Acis. Galatée
est désespérée. Elle en appelle à son
père pour qu'il transforme son amant en fleuve.
Polyphème essaye de la retenir, mais elle a déjà
rejoint Neptune. Il ne peut que contempler Acis, transformé en
fleuve, qui embrasse Galatée dans le flots.
Représentations :
- Opéra de Lille
- 14 octobre 2013 - Paris -
Théâtre des Champs-Elysées - 19
octobre 2013 - Concert d\92Astrée - dir. Emmanuelle Haïm
- avec Lydia Teuscher (Aci), Delphine Galou (Galatea), Laurent
Naouri (Polifemo)
"... En smoking bleu-nuit,
jabot blanc, bottines rouges à hauts talons, la soprano
allemande Lydia Teuscher possède la science des vocalises
d\92une mozartienne accomplie. Incarnation d\92un torrent de montagne,
son Aci possède la finesse, la fraîcheur de timbre et
l\92agilité voulues. Son premier air « Che non può
la gelosia » permet d\92apprécier ses aigus faciles tandis
que le troisième « Verso già l\92alma col sangue
» révèle pleinement la pureté sonore de son
chant délicat et sensible.
Le personnage de Galatea,
sorte de passionaria acharnée, convient au tempérament
dramatique et à la voix émouvante de Delphine Galou
dont l\92élégante silhouette est mise en valeur par une
robe en taffetas marron, fort seyante. On retient la beauté
des variations de « Benché tuoni e l\92etra avvampi »
ainsi que le vibrant « Se m\92ami o caro », magnifiquement
soutenu par le violoncelle et le violon.
Contrastant avec ces deux
voix féminines, le baryton-basse Laurent Naouri
interprète un Polifemo volcanique comme il se doit \97 le
personnage étant une personnification de l\92Etna. Constamment
présent au drame, Naouri lui confère beaucoup
d\92humanité en sachant se montrer tour à tour,
furieusement jaloux, vengeur, voire pathétique. Si le chanteur
peine un peu à assurer pleinement cette partie vocale
oscillant entre le caverneux de la basse profonde et des aigus
montant jusqu\92au La, il s\92en tire néanmoins très
honorablement.
L\92\9Cuvre se terminant dans la
joie sur un hymne à la fidélité, Emmanuelle
Haïm offre un bis repetita de « Chi ben ama ha per oggetti
fido amor, pura costanza » à un public apparemment
comblé."
"Aci, Galatea e Polifemo est
une serenata composée par Haendel, alors âgé de
tout juste vingt ans, au cours de son séjour en Italie. La
première représentation eu lieu à Naples le 19
juillet 1708, probablement à l\92occasion des festivités
d\92un mariage. La partition, comme toutes celles écrites par
Haendel à cette époque (La Resurrezione, Agrippina, Il
Trionfo \85), se caractérise par une extrême richesse dans
l\92orchestration et une immense variété dans
l\92écriture vocale. Il est vrai qu\92Haendel, à l\92aube de
sa carrière, avait encore tout à prouver. Les trois
personnages furent probablement créés par trois hommes
: deux castrats dans le rôle des deux amoureux et Antonia Manna
(un prêtre napolitain!) dans celui du cyclope Polifemo.
Emmanuelle Haïm avait déjà donné cet Aci en
2002 au TCE puis l\92avait enregistré dans la foulée chez
Virgin Classics (avec Piau, Mingaro et déjà Naouri).
Cette nouvelle production, bien supérieure aux premiers essais
d\92Haïm, est mémorable en tout point.
En Galatea, Delphine Galou,
que l\92on découvrait ce soir, est renversante. Avec une voix de
contralto homogène sur toute la tessiture, sans aucune
vulgarité dans le grave, elle présente un portrait du
personnage absolument parfait, tour à tour virtuose et
bouleversante. La soprano allemande Lydia Teuscher n\92est pas en reste
dans le rôle d\92Aci. La voix est plus ronde et plus pulpeuse que
celle de Piau, capable de magnifiques pianissimo dans l\92aigu. Les
voix des deux jeunes femmes se marient en outre parfaitement, donnant
lieu par exemple à un ensorcelant duo d\92ouverture. Le
rôle du méchant cyclope Polifemo est l\92un des plus
terrifiants jamais écrits pour une voix de basse : tessiture
meurtrière (du ré-1 au la-3), virtuosité
inhabituelle pour ce type de voix. Laurent Naouri y est
époustouflant : la performance vocale est déjà
impressionnante, mais Naouri réussit en outre à
parfaitement incarner le personnage. Il faut admirer l\92artiste qui se lance dans un tel
défi après plusieurs années de
carrière.
En très grande forme ce
soir, le Concert d\92Astrée répond pleinement à
l\92exigeante écriture instrumentale de Haendel : son brillant,
pâte sonore superbe et prestations éblouissantes des
instrumentistes, sollicités dans de nombreux soli (en
particulier Matthews Truscott au violon, Jean-Marc Philippe au
hautbois, Héloïse Gaillard à la flûte
à bec). Il faut dire qu\92Emmanuelle Haïm, est dans cet Aci
comme un poisson dans l\92eau, imaginative et alerte.
Au final, un triomphe du
public qui rappelle plusieurs fois les artistes (et donne lieu
à un bis du trio final). Triomphe réjouissant et
étonnant pour une partition somme toute peu connue. Natalie
Dessay, présente dans la salle et maintenant simple
spectatrice depuis son retrait la semaine dernière des
scènes lyriques, a certainement du apprécier cette
mémorable soirée, toute à la gloire de
Haendel."
"À main gauche, Lydia
Teuscher (soprano), Delphine Galou (mezzo), belles comme le jour,
solistes impeccables à faire se damner un escadron de
baptistes presbytériens. À main droite, Laurent Naouri
(baryton), solide comme roc, plus impressionnant et tempétueux
encore que le cyclope Polifemo qu\92il incarne dans cette cantate de
Haendel, Aci, Galatea e Polifemo, donnée ce lundi soir
à l\92opéra de Lille par Emmanuelle Haïm et le
Concert d\92Astrée. Une de ces partitions toute en
virtuosités extrêmes que « l\92Italien » Haendel
compose lors son séjour à Rome au tout début du
XVIIIe siècle avant de la reprendre à Londres quelques
années plus tard. Un conte tiré de l\92incontournable
Ovide (les Métamorphoses) qui est, en vérité, un
opéra miniature : ouverture à la française (deux
mouvements lents encadrant un mouvement rapide), récitatifs,
airs, duos, trios, il en faut pour les amours contrariées, les
jalousies, les roucoulades et les cris de désespoir qui
jalonnent cette intrigue tempétueuse entre une nymphe et un
berger sous l\92\9Cil courroucé (le seul, évidemment) du
cyclope.
Le compositeur a mis dans
cette courte mais redoutable partition une bonne partie des
ingrédients dont il truffera ses grandes \9Cuvres
ultérieures. Emmanuelle Haïm mène l\92ensemble du
clavecin, sans perdre une seconde : tempi engagés, couleurs
instrumentales éclatantes, voix somptueuses. Magnétisme
d\92un plateau musical parfaitement équilibré.
Ovation."
- Salzbourg - Haus für
Mozart - 11 juin 2011 - version de concert - Akademie
für Alte Musik Berlin - dir. René Jacobs - avec Sunhae
Im (Aci), Vivica Genaux (Galatea), Marcos Fink (Polifemo)
- Halle - Dom - 8
juin 2011 - Festival Haendel de Halle - The English Concert - dir.
Harry Bicket - avec Sophie Bevan (soprano), Marina de Liso
(mezzo), João Fernandes (basse)
- Cité de la
Musique - 19 novembre 2010 - Théâtre de Caen - 21
novembre 2010 - version de concert - Les Arts Florissants - dir.
Jonathan Cohen - avec Christiane Karg (Aci), Delphine Galou
(Galatea), Christopher Purves (Polifemo)
"Délicieuse Galatea de
Delphine Galou (entendue à Beaune cet été dans
Alessandro) ; délicat et empreint de douleur son personnage
s\92insurge avec véhémence face aux assauts du cyclope.
Il aura pourtant fallut que le la voix se chauffe avant que l\92on
puisse pleinement jouir de son timbre de velours et il est vrai que
face à ses 2 collègues la projection de sa voix lui a
fait défaut (à sa décharge, il faut dire que ses
airs sont dans l\92ensemble moins brillants que ceux des deux autres
solistes et qu\92elle joue principalement le rôle d\92une jeune
fille fragile). Heureusement la chanteuse a su compenser en
réalisant des da capo inventifs et des cadences audacieuses.
Son dialogue avec les flûtes dans l\92air « S\92agita in mezzo
all\92onde » est remarquable. Virtuose, elle a pourtant
éprouvé quelque peine à terminer l\92air «
Benché tuoni » pris, il est vrai, à une vitesse
vertigineuse.
Celui qui est à
l\92origine de tous ses tourments, c\92est le redoutable cyclope
Polifemo, rendu monstrueux par une écriture impossible : le
rôle requiert au moins 3 octaves et de périlleux sauts
de notes extrêmes ! C\92est avec maestria que le baryton basse
Christopher Purves, habitué du rôle, s\92est joué
de tous les pièges de la partition, se permettant même
un jeu de scène impayable (déclamant le texte, riant
à tout rompre, frappant du pied\85 sans parler de ses
irrésistibles mimiques). Son air du papillon, véritable
tour de force technique, procure paradoxalement une ineffable
poésie, ce qui a suscité de longs applaudissements
mérités.
Mais la grande surprise est
venue de la soprano allemande Christiane Karg qui a conquis le public
parisien de sa voix ronde, claire et sonore couplée à
une technique sans faille au service de l\92émotion. Elle a
immédiatement éclipsé la très
regrettée Rosemary Joshua puis Jaël Azzaretti
initialement annoncées dans le rôle. Subtile
interprétation aigre douce de l\92air avec hautbois
obligé « Qui l\92augel » où la voix imite le
vol et le chant de l\92oiseau et dans lequel la chanteuse n\92a pas
hésité à accroître considérablement
les difficultés techniques jusqu\92à une
étourdissante virtuosité maîtrisée avec
aplomb ! Chacune de ses interventions n\92a été que pur
ravissement donnant une sacrée allure à son Aci !
Talent à suivre !
Alors à partir de cette
distribution quasi parfaite couplée à un chef
inspiré, à des interventions d\92instruments solistes de
qualité, et à des airs et des récitatifs vivants
et expressifs, une rare alchimie a pu se créer, élevant
cette naïve « serenata » au rang de
tragi-comédie, sans céder pour autant cette
fraîcheur toute juvénile qu\92avait certainement
souhaitée le fougueux Haendel lors de son séjour
italien. "
"Le drame, dont la
durée a la longueur d\92un opéra, est resserré
autour de trois personnages qui s\92affrontent en permanence : le
berger Aci, la nymphe Galatea et le cyclope Polifemo,
interprétés respectivement par une soprano, une
contralto et une basse. Normalement, c\92est Rosemary Joshua qui aurait
dû interpréter le rôle d\92Aci, mais souffrante,
elle a été remplacée au dernier moment par la
toute jeune soprano Christiane Karg qui nous aura
réservé la plus heureuse surprise de toute la
soirée. La voix est magnifique et le timbre solaire. Comme une
clématite qui peut s\92entortiller à n\92importe quoi,
cette chanteuse, avec sa grande souplesse vocale, est capable de
faire fi des plus redoutables vocalises que Haendel a écrites
dans de nombreuses pages. Moment de grâce avec l\92air Qui
l\92augel da pianta in pianta, lorsque la voix dialoguait pendant
près de dix minutes avec le violon de Florence Malgoire et le
hautbois de Hans-Peter Westermann (ou son sosie car son nom ne
figurait pas dans le programme).
C\92est ensuite Delphine Galou
qui interprétait le rôle de Galatea. J\92attendais
énormément de cette chanteuse parce qu\92un ami m\92en
avait fait l\92article. Il est en effet assez rare de trouver de vrais
contralto pour les opéras de Handel, et en dehors de Sara
Mingardo, il n\92y a pas grand monde qui soit capable de tenir la route
: je n\92ai jamais été très fan Marijana
Mijanovic, je trouve Marie-Nicole Lemieux assez inégale, quant
à Sonia Prina\85 j\92en ai déjà dit assez de mal
qu\92il n\92est pas nécessaire de charger la barque ! Il est vrai
que la voix de Delphine Galou est extrêmement séduisante
et prometteuse (elle a déjà chanté le
rôle-titre de Giulio Cesare à Caen où elle a fait
sensation). Et quand sa voix concerte avec la flûte de
Sébastien Marcq et de Michelle Tellier, on est
transporté, mais quand l\92orchestre joue au complet, on
découvre que la voix est encore trop petite. Le principal
défaut de Delphine Galou est de manquer de projection, mais
heureusement c\92est un défaut qui disparaît à
l\92enregistrement, voilà pourquoi on recommandera aux
spectateurs mal placés ou absents d\92écouter la
retransmission du concert qui aura lieu le 4 décembre sur
France-Musique.
Dernier personnage à
entrer en scène, le géant Polifemo,
interprété ce soir par Christopher Purves, un chanteur
qui combine les qualités d\92un grand acteur et qui a
provoqué l\92hilarité de Florence Malgoire quand,
enragé contre cette pauvre Galatea qui lui résistait,
il s\92est mis à chanter en plantant son talon dans le sol. Des
trois, c\92est d\92ailleurs le premier qui a recueilli les
applaudissements du public, dans son grand air, Fra l\92ombre e
gl\92orrori, qui est probablement le plus beau de tout l\92opéra :
un air très lent, très poignant aussi, qui prend
à la gorge, exactement comme Ombra mai fù. Mais c\92est
un chanteur très à l\92aise dans tous les registres,
mélancolique ou guerrier, comme dans Sibilar l\92angui d\92Aletto
où, accompagné par deux cors qui n\92ont pas
canardé, il a vraiment donné le meilleur de
lui-même ce soir."
- Turin - Teatro
Carignano - 12, 14, 16, 18, 19 juin 2009 - dir. Antonio
Florio - mise en scène Davide Livermore - avec Ruth Rosique
(Aci), Sara Mingardo (Galatea), Antonio Abete (Polifemo) -
coproduction Teatro Regio Torino; Teatro di San Carlo di Napoli


- Hanovre -
Ballhof - 23, 28, 31 janvier, 2, 4 février 2009
- dir. Andreas Wolf - mise en scène Christian Carsten -
décors et costumes Alexandre Corazzola - dramaturgie
Dorothea Hartmann - avec Carmen Fuggiss (Aci), Mareike Morr
(Galatea), Tobias Schabel (Polifemo)
- Milano - Teatro
dell'Arte - 23, 24 septembre 2008 - Cappella della
Pietà de' Turchini - dir. Antonio Florio - avec Maria
Ercolano (Aci), Romina Basso (Galatea), Raffaele Costantini
(Polifemo)
- Londres - St. John's,
Smith Square - 7 mai 2005 - Bristol - St George's - 11 mai 2005 -
The English Concert - dir. et violon Andrew Manze - avec Carolyn
Sampson, soprano, Hilary Summers, contralto, Charbel Mattar,
basse
- Wigmore Hall -
4 juillet 2003 - Early Opera Company - dir. Christian Curnyn -
avec Mhari Lawson (Aci), Hilary Summers (Galatea)
- Théâtre de
Caen - 12 juin 2003 - Festival
de l'Abbaye de St-Michel-en-Thiérache - 22 juin 2003 -
Le Concert d'Astrée - dir. Emmanuelle Haïm -
avec Sandrine Piau (Aci), Delphine Haidan (Galatea), Laurent
Naouri (Polifemo)
"Après de
brillants concerts en mars 2002 et après un enregistrement en
décembre dernier, le Concert d\92Astrée et Emmanuelle
Haïm remontent la cantate peu connue, Aci, Galatea e Polifemo.
Haendel s\92est particulièrement intéressé
à cet épisode de la mythologie antique non seulement
dans le masque, Acis and Galatea de 1718, mais aussi dans cette
cantate, démesurément longue pour ce genre musical,
composée dix ans avant. Contrairement au masque qui compte
plusieurs personnages, la cantate n\92est chantée que par trois
solistes (soprano, contralto, basse) et ramasse l\92action, la rendant
ainsi plus spectaculaire et plus intense. Musicalement, cette oeuvre
n\92a rien à envier à Acis and Galatea, et possède
un certain nombre d\92airs virtuoses et dramatiques de toute
beauté.
A l\92exception de Delphine
Haidan, Emmanuelle Haïm a repris la même équipe que
précédemment mais a nettement développé
les idées qui étaient en germe dans les premiers
concerts. Les instrumentistes sont en petit nombre et la cantate
retrouve son caractère intime initial. Le disque, paru
récemment, témoigne également de ce nouveau
travail et il est bien supérieur à ce que l\92on avait pu
entendre l\92année dernière.
Sandrine Piau, qui,
après la défection de Natalie Dessay l\92année
dernière, a assuré non seulement l\92enregistrement mais
aussi une grande partie des concerts, est égale à
elle-même. Elle se joue avec grande maîtrise de toutes
les difficultés vocales mais n\92apporte pas une étoffe
suffisante au personnage pour marquer ce rôle. Usant et abusant
des couleurs agréables de sa voix, elle chante tous les airs
avec la même monotonie et ne souligne pas l\92évolution du
personnage. Sa voix, si agile soit-elle, laisse entrevoir des \93a\94
graves fort laids et des notes piquées qui s\92apparentent
davantage à des cris, quand elles ne sont pas fausses, comme
dans l\92air \93Che non può la gelosia\94. Seule la page \93Qui
l\92augel da pianta in pianta\94, difficile par sa longueur et par sa
tension vocale, donne à Sandrine Piau la possibilité de
mêler un sentiment de douleur, notamment avec la retenue
qu\92elle marque sur \93Ma si fa cagion\94, à une virtuosité
vocale. En revanche, pour la magie, il est préférable
d\92écouter l\92enregistrement. Sa prestation est très bien
mais loin d\92être exceptionnelle.
Delphine Haidan, nouvelle
venue, possède d\92immenses qualités qu\92elle ne met en
avant que dans la seconde partie du concert. Il faut attendre l\92air
\93Se m\92ami, o caro\94 pour l\92entendre déployer sa voix de
contralto. Attentive au texte, elle souligne la douleur de Galatea en
accentuant la répétition de la sifflante dans \93lasciami
sola a sospirar\94 et en découpant nettement les syllabes Enfin
elle parvient à créer une véritable
intensité dramatique! Delphine Haidan se montre très
(trop) appliquée dans le reste du concert ce qui restreint
quelque peu son jeu. Mais dans une véritable salle, elle
donnerait beaucoup de consistance à cette partition car les
nuances qu\92elle apporte à certains moments laissent supposer
une grande musicalité de sa part. Son timbre, de plus, est
assez fascinant et il devient assez rare de trouver de vraies
contralto. La comparaison avec Sara Mingardo ne tourne pas à
son désavantage mais Delphine Haidan sera parfaite quand elle
saura dominer son inquiétude.
Mais le grand triomphateur,
paradoxalement, du concert est sans nul doute Laurent Naouri.
Dès son entrée dans un air vif \93Sibilar l\92angui
d\92Aletto\94, il crée une atmosphère et le drame commence
à se mettre en place. Contrairement aux deux chanteuses qui
tentent d\92estomper la frontière entre la version
scénique et la version concertante, Laurent Naouri la brise
irrémédiablement et utilise sa voix à des fins
dramatiques : le théâtre est là. Il ne joue pas
Polyphème, il est Polyphème. Très attentif aux
récitatifs et à leur contenu, il mène l\92action
et ses partenaire d\92une main de maître. Haendel favorise
particulièrement sa partie avec l\92air \93Fra l\92ombre e
gl\92orrori\94, dans lequel le chanteur trouve ses plus effrayantes
expressions, ses plus menaçantes. La partition propose des
tonalités différentes et un jeu d\92écho se
crée entre des notes basses et des notes hautes. Laurent
Naouri se souvient aussi qu\92il a fait ses premières armes
haendeliennes avec Marc Minkowski car les reprises sont
chantées à mezza voce et à un tempo plus lent.
L\92air \93Non sempre, no, crudele\94 est un petit bijou de douceur et le
chanteur apporte une touche de lumière dans la
reprise.
Emmanuelle Haïm, qui fait
figure de nouvelle spécialiste de Haendel, dirige avec
beaucoup de fermeté et d\92énergie un petit ensemble
réunissant d\92excellents solistes. Le violoncelliste Atsushi
Sakaï (fidèle des Talens Lyriques et de Christophe
Rousset) en est un très bon exemple notamment dans l\92air \93Non
sempre, no, crudele\94 de Polyphème: il apporte une note de
douceur contrastant en cela avec la voix menaçante et
inquiétante de Laurent Naouri. Le chef du Concert
d\92Astrée affine son jeu au fur et à mesure des concerts
mais n\92accorde pas encore à la musique la liberté de
s\92épanouir totalement. Dans l\92ouverture, par exemple, elle la
retient trop. Espérons que cette tendance à la
sécheresse s\92estompera au cours des années."
(ConcertoNet)
- Salzbourg - Kleines
Festspielhaus - 6 juin 2003 - Il Giardino Armonico -
dir. Giovanni Antonini - avec Roberta Invernizzi (Aci), Sonia
Prina (Galatea)
- Ludwigsburg - Alice Busch
Theatre - juin 2002 - Batzdorfer Musiker - dir. Graeme
Jenkins - mise en scène Ingrid Fischer - avec Ulrike
Bartsch (Galatea), Christine Wolff (Aci), Gregor Finke
(Polifemo)
- Toulouse - Halle aux
Grains - 21 mars 2002 -
Théâtre des Champs Elysées - 23
mars 2002 - version de concert - Le Concert d'Astrée - dir.
Emmanuelle Haïm - avec Natalie Dessay (Aci), Sara Mingardo
(Galatea), Laurent Naouri (Polifemo).
"La serenata pastorale Aci,
Galatea e Polifemo est tirée d'un épisode des
Métamorphoses d'Ovide. Elle appartient également
à la période de la jeunesse de Haendel et de ses
années d'apprentissage en Italie. Composée pour le
mariage du duc d\92Alvito et de Béatrice Sanseverino, cette
sérénade fut achevée le 16 juin 1708 et
exécutée un mois plus tard. Il s\92agit en
réalité d\92un petit opéra en un acte, un exemple
presque parfait de l\92art napolitain où se retrouvent toutes
les marques d\92un genre bien codifié: enchaînement
d\92arias da capo, abscence de ch\9Cur, rôle principal masculin
confié à une voix plus élevée que le
premier rôle féminin. Le livret est d\92une bonne
qualité dramatique et l\92orchestration riche, faisant
intervenir harpe et trompettes à côtés des
instruments habituels. Dix ans plus tard, le compositeur reprendra la
triste histoire d\92Acis et de Galatée comme sujet d\92un "masque"
en anglais, sous le titre Acis and Galatea."
- Festival de Beaune
- 14 juillet 2000 -
version de concert - Les Folies Françoises - dir.
Emmanuelle Haïm - avec Juanita Lascarro (Aci), Delphine
Haidan (Galatea), Jérôme Correas
(Polifemo)
"Plus grave, plus sensuelle et
d\92une expression plus violente que le masque anglais Acis and Galatea
qu\92elle précède de dix ans (et avec lequel elle
n\92entretient quasiment aucune parenté musicale), cette «
sérénade à trois » composée pour
Naples démontre à nouveau la richesse de la
période italienne du jeune Haendel. Dirigeant une dizaine de
musiciens depuis l\92orgue et le clavecin, Emmanuelle Haïm, qui a
offert à Christie et Rousset de si admirables continuos,
semble encore pouvoir gagner en mordant dans les tutti et en
expressivité dans les contrastes rythmiques - l\92acoustique
très réverbérée de la « Salle des
Pôvres » où le froid et la pluie avaient contraint
artistes et public à se replier, ne l\92aide pas, il est vrai \96
mais révèle d\92emblée une clarté de la
facture, une sensibilité dans les nuances et le dialogue entre
les instrumentistes avec lesquelles on sera ravi de compter
désormais. Ayant opté pour une orchestration à
un musicien par pupitre, au risque de rendre parfois grinçants
les échanges entre les deux violons, elle souligne ainsi
l\92extrême subtilité d\92écriture de chaque partie
et la pertinence dramatique de leur appariement \96 dont l\92opposition
entre le second air d\92Acis, accompagné du clavecin seul, et
ceux à l\92habillage foisonnant dévolus à
Polyphème constitue l\92exemple le plus frappant ; le
procédé sera d\92ailleurs repris dans Rinaldo. Dans ce
combat de David contre Goliath, Haendel a su, comme toujours, tracer
du méchant un portrait complexe. Il manque hélas
à Jérôme Correas les moyens physiques du
rôle (certes démesurés : pas moins de trois
octaves) ; l\92aigu est décoloré, le grave
disparaît dans sa sublime sarabande, et la bonne volonté
du musicien ne saurait suffire. Manquant de sûreté dans
les vocalises, Delphine Haidan s\92impose par l\92opulence d\92un timbre
nostalgique et la sincérité de l\92expression. Mais c\92est
Juanita Lascarro qui laisse en Acis le souvenir le plus marquant,
timbre intense et corsé soutenant un phrasé aussi
délié que percutant." (ConcertoNet)
- Château de
Méry-sur-Oise - 13 juin 2000 - Festival
d\92Auvers-sur-Oise - Les Folies Françoises - dir. Emmanuelle
Haïm - avec Natalie Dessay (soprano), Delphine Haidan
(mezzo), Jérôme Corréas (baryton)
- Potsdam - Musikfestspiele
Potsdam Sanssouci - 1999 - dir. Andreas Spering - mise
en scène Jakob Peters-Messer - décors et costumes
Sven Bindseil - avec Joerg Waschinski (Aci)

- Festival de
Salzbourg - 16 août 1994 -
dir. Charles Medlam - avec Emma Kirkby, Carolyn Watkinson, David
Thomas
- Halle - Festival
Haendel - 1990 - Goethe Theater -
Virtuosi Saxoniae - dir. Ludwig Güttler - mise en
scène Peter Konwitschny - décors Helmut Brode -
costumes Friederike Grumbach
- Halle - Festival
Haendel - 1988 - Goethe Theater -
Virtuosi Saxoniae - dir. Ludwig Güttler - mise en
scène Peter Konwitschny - décors Helmut Brode -
costumes Friederike Grumbach
- Beaune - VIIes Rencontres
Internationales de Musique Baroque et Classique - 15 juillet 1989 - version originale de 1708 -
London Baroque Orchestra - dir. Charles Medlam - avec Carolyn
Watkinson (Galatea), Lorna Anderson Aci), David Thomas
(Polifemo)
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