Opéra en trois actes
(HWV 15), sur un livret de Haym d'après celui de Stefano
Benedetto Pallavicino pour le Teofane
composé par Lotti en 1719.
Nicolo Haym dédia le
livret au comte de Halifax.
Achevé le 10
août 1722, il fut créé au King's Theatre,
Haymarket, à Londres, le 12 janvier 1723, en présence
du roi, avec une distribution rassemblant Margherita Durastanti,
soprano (Gismonda), Francesca Cuzzoni,
soprano, qui faisait alors ses débuts londoniens (Teofane),
Anastasia Robinson, alto (Matilda), Francesco Bernardini, dit
Il Senesino, castrat alto (Ottone), Giuseppe Maria Boschi, basse (Emireno), Gaetano Berenstadt,
castrat alto (Aldeberto).
Arrivée à Londres
à la fin de 1722, la Cuzzoni refusa de chanter l'aria
"Falsa imagine", provoquant une des plus célèbres
colères de Haendel. Pourtant, c'est avec cet air qu'elle
parvint d'un seul coup à la gloire. Elle était
cependant "courte, épaisse, la
figure de travers, mauvaise actrice, mal fagotée, sotte,
extravagante"...
L'oeuvre connut un grand
succès, avec onze représentations du 12 janvier au 16
février, ainsi que les 26 mars, 4 et 8 juin 1723, accru par la
présence de Francesca Cuzzoni, pour qui Haendel ajouta quatre
nouveaux airs, lors de la séance du 26 mars. Une
édition parut dès le mois de mars 1723.
Elle fut reprise pour six
représentations du 11 décembre de cette même
année au 1er janvier 1724,
pour la cinquième saison de la Royal Academy, avec la
même distribution.
De nouvelles reprises eurent lieu
en 1726, avec 8 représentations du 8 février au 8 mars.
Haendel avait ajouté cinq nouveaux airs. La distribution
réunissait : le castrat alto Francesco Bernardi, dit
Senesino (Ottone), la soprano Francesca Cuzzoni (Teofane), la
basse Giuseppe Maria Boschi (Emireno), la contralto Anna Dotti
(Gismonda), le castrat alto Antonio Baldi (Adelberto), la soprano
Livia Constantini (Matilda).
Anastasia Robinson avait alors
abandonné la scène. Elle épousa son protecteur,
Lord Pertersborough, décrit comme un "vieil original, excentrique et
remuant", et le suivit au
Portugal.
On note également une
reprise en 1727, avec deux représentations, les 11 et 13
avril.
Une nouvelle reprise eut lieu en
1733, avec quatre représentations du 13 au 24 novembre, avec
une distribution réunissant le castrat alto Giovanni
Carestini, called Cusanino (Ottone),
la soprano Anna Maria Strada del Pò (Teofane), la basse
Gustavus Waltz (Emireno), la soprano Margherita Durastanti
(Gismonda), le castrat soprano Carlo Scalzi (Adelberto), la contralto
Maria Caterina Negri (Matilda).
Une série de cinq
représentations eut lieu au King's Theatre, en 1734, du 10 au
23 décembre, organisée par l'Opéra des Nobles,
avec une distribution réunissant le castrat alto Francesco
Bernardi, dit Senesino (Ottone),
la soprano Francesca Cuzzoni (Teofane), la basse Alessandro
Montagnana (Emireno), la soprano Maria Segatti (Gismonda), le castrat
soprano Carlo Broschi, dit Farinelli
(Adelberto), la contralto Francesca Bertolli (Matilda). Farinelli
chantea sept airs, dont cinq extraits d'autres opéras de
Haendel.
L'oeuvre fut adaptée
par Telemann en allemand, sous le titre Otto.
Personnages : Gismonda, veuve de Berengario, tyran italien
(soprano), Teofane, fille de Romano, empereur d'Orient (soprano),
Ottone, roi d'Allemagne (castrat alto), Matilda, cousine d'Ottone
(alto), Adalberto, fils de Gismonda (castrat soprano), Emireno,
pirate, en réalité Basilio, frère de Teofane
(basse).
Synopsis
En chemin pour l'Italie
où il va être proclamé empereur, en l'an 972,
Ottone est retardé pour avoir croisé sur sa route le
pirate Emireno. A Rome, Ottone va épouser la princesse
Teofane, qui est déjà arrivée. Ils ne se sont
jamais vus, mais Teofane possède un petit portrait
d'Ottone.
Acte I
Une galerie dans le palais,
orné de statues
(1) Gismonda a l'ambition de voir
régner son fils Adalberto. Celui-ci accepte de se faire passer
pour Ottone afin d'épouser Teofane ; sa mère est ravie
(La speranza è giunta in
porto, Mon espérance est arrivée au
port). (2) Teofane rencontre
Adalberto et est horrifiée de découvrir que le portrait
qu'elle possède ne lui ressemble en rien. Il lui propose de
l'épouser, comme s'il était Ottone, et se dit impatient
de connaître les joies du mariage (Bel labbro, formato,
Belles lèvres, qui furent
faites). (3) Teofane, confuse et
bouleversée, accuse le portrait de l'avoir trompée
(False imagine, Fausse
image).
Tentes au bord de la mer et
bateaux
(4) On entend un concert au
moment où Ottone arrive, suivi d'Emireno qu'il a fait
prisonnier. Emireno laisse entendre qu'il est plus qu'un simple
pirate, mais se vante de garder sa fierté intacte, même
dans la défaite (Del minacciar
del vento, Le vieux chêne).
Impassible, Ottone le fait mettre en prison. (5) Alors qu'il
s'apprête à appareiller vers Rome où l'attend
Teofane, Matilda lui révèle la trahison d'Adalberto ;
il jure de l'aider à se venger, tout en rêvaant
d'embrasser Teofane (Ritorna, o dolce
amore, Reviens, ô doux amour). (6) Matilda est déchirée entre
l'affection qu'elle porte à Adalberto et son envie de le punir
pour l'avoir trahie (Diresti poi
cosi, Dirais-tu bien cela).
Dans l'enceinte du palais ; un
trône sur le côté
(7) Gismonda prétend
être la mère d'Ottone, Adélaïde, et dit
à Teofane qu'elle doit aimer Adalberto par amour et pas
simplement par devoir. Les manières hautaines de Gismonda
offensent Teofane. (Pensa ad amare,
Pense à aimer). (8) Teofane
va monter sur le trône aux côtés d'Adalberto. (9)
Gismonda annonce que le véritable Ottone est arrivé
à Rome, et elle ordonne à son fils d'aller
immédiatement le combattre. (10) Lorsqu'elle comprend que
quelqu'un s'est fait passer pour Ottone, Teofane se sent envahie
d'une grande angoisse (Affanni del
pensier, Douloureuses pensées).
Les troupes d'Ottone
repoussent celles d'Adalberto. Celui-ci, sur ordre d'Ottone, le
rencontre désarmé.
(11) Intraitable dans la
défaite, Adalberto refuse de révéler où
se trouve Teofane (Tu puoi
straziarmi, Tu peux me torturer).
(12) Ottone reste optimiste, déclare une amnistie dans la
ville et pense à son mariage (Dell'onda ai fieri moti, Son bateau au
port).
Acte II
A la cour
royale
(1) Adalberto se dirige sous
escorte vers la prison lorsque Matilda lui reproche son
infidélité. (2) Gismonda lui reproche son échec
(Lascia, che nel suo
viso, Permets qu'avant de la quitter). (3) Les deux femmes suggèrent d'implorer la
clémence d'Ottone, puis Gismonda rejette cette idée
indigne d'elle. La priorité de Matilda reste la liberté
d'Adalberto (Ah ! tu non
sai, Ah, tu ne sais). (4)
Restée seule, Gismonda révèle qu'elle ressent,
elle aussi, de la compassion pour son fils (Vieni, o figlio,
Viens, ô mon
fils).
(5) Avant qu'Ottone et Teofane
puissent se rencontrer réellement et se parler, Matilda
implore la miséricorde d'Ottone. Teofane, qui se cache, voit
Ottone embrasser Matilda avec pitié, après avoir
refusé de sauver la vie d'Adalberto, et elle se méprend
sur le sens de cette scène. Outragée, Matilda invoque
les cieux et leur demande de punir Ottone de son inflexibilité
(All'orror d'un duo
eremo, Tu condamnes mon amour). (6) Teofane accuse Ottone de la tromper avec
Matilda. A son tour, il lui reproche d'avoir accepté
d'épouser Adalberto et elle lui enjoint de lui dire
franchement s'il l'aime vraiment, maintenant qu'il la voit
(Alla fama, dimmi il
vero, Dis-moi la vérité). (7) Ottone cherche à savoir qui a
dressé Teofane contre lui, et il compare la souffrance de son
coeur à un ciel qui retrouve le calme après l'orage
(Doppo l'orrore, Après
l'horreur).
Un jardin donnant sur le
Tibre, avec des fontaines, des grottes et un passage souterrain
fermépar une pierre. La nuit.
(8) Abandonnée et seule,
Teofane implore la nature de la réconforter (O grati orrori,o solitare piante !, O pénombre
bienveillante, ô buissons solitaires). Elle sait toutefois que si elle avouait à
Ottone combien elle est malheureuse, il aurait pitié d'elle
(S'io dir potessi, Si je pouvais
dire).
(9) Matilda a aidé Emireno
et Adalberto à s'échapper par le souterrain. Emireno,
qui a l'intention de redevenir pirate, jure de se venger
(Le profonde vie
dell'onde, Ô cieux, accordez moi). (10) Adalberto se cache en entendant des gens
venir. Matilda comprend qu'Ottone cherche Teofane et lui propose de
l'aider. Teofane reconnaît sa voix, se cache et entend Ottone
demander à Matilda de ne dire à personne combien
l'amour le rend ridicule. Naturellement, Teofane se méprend
à nouveau sur le sens de ces paroles. (11) Lorsque Emireno
invite Adalberto à prendre la mer avec lui, ce dernier se
saisit de Teofane et l'emporte sur le navire. (12) Matilda revient
après s'être débarrassée d'Ottone. En
compagnie de Gismonda, elle se réjouit du départ
d'Emireno avec Adalberto, sous couvert de la douce nuit, chère
complice des entreprises de l'amour (Notte cara, a te si deve, Chère nuit,
c'est à toi que revient).
Acte III
L'appartement du
roi
(1) Ottone se lamente de la
disparition de Teofane (Dove sei,
dolce mia vita ?, Où es-ta, ma douce vie ?). Bien qu'elle sache que cela lui coûtera la
vie, Gismonda avertit Ottone qu'il ne connaîtra jamais plus la
paix, maintenant que son fils est libre (Trema, tirranno, encor, Ô tyran
redoute le sort). (2) Ottone est
convaincu que tout le monde l'a trahi (Io son tradito,
Je suis trahi). S'il ne peut même pas retrouver Teofane, il
perdra tout espoir (Tanti
affanni, J'ai tant de chagrin).
Un bois près d'une mer
agitée, où les fugitifs ont été
obligés de débarquer
(3) Adalberto espère
qu'une fois la tempête passée, Teofane se calmera et
prendra pitié de lui (D'innalzar i flutti al ciel, Puisse le cruel
vent du sud). Il part à la
recherche d'un refuge. (4) Lorsque Teofane affirme à Emireno
qu'Ottone, ou son père Romano, ou son frère Basihio
puniront ses ravisseurs, Emireno comprend qu'elle est sa soeur et
tente de la serrer dans ses bras. (5) Adalberto vient la
défendre. Emireno le fait prisonnier et promet à
Teofane qu'elle sera bientôt heureuse. (6) Teofane s'attend
à mourir, mais décide de rester fidèle à
Ottone, malgré l'infidélité de ce dernier
(Benchè mi sia
crudele, Bien qu'il soit cruel envers moi). Emireno révèle alors à
Teofane qu'il n'est autre que son frère Basilio. Devant les
gardes, il la rassure (No, non
temere, o bella, Non, ne crains plus, ô belle).
Une cour dans le
palais
(7) Gismonda révèle
à Ottone que Matilda a aidé les prisonniers à
s'enfuir. Celle-ci se repent et jure de tuer Adalberto. Emireno
ramène Adalberto qui est son prisonnier. Lorsque Ottone
ordonne sa mort, Matilda requiert de l'exécuter
elle-même (Nel suo
sangue, Dans son sang). (8)
Adalberto avoue tout et éveille sa pitié. Teofane
empêche Gismonda de se tuer et, avec Ottone, ils se
réjouissent de leurs retrouvailles (A' teneri affetti,
Que nos coeurs
s'abandonnent). Elle explique aussi
qu'Emireno est en réalité son frère Basilio.
Gismonda jure d'être loyale envers Ottone ; Matilda avoue aimer
encore Adalberto et le libère. Tous invoquent la paix ;
qu'elle se substitue à l'orgueil et que l'amour l'emporte sur
la trahison." (Kobbé - Robert
Laffont)
Représentations :
Karlsruhe - Kleinen Haus
des Badischen Staatstheaters -
23, 24, 26, 28 février 2002 - nouvelle production -
Deutsche Händel-Solisten - dir. Charles Farncombe - mise en
scène Ralf Nürnberger - décors Heinz Balthes -
costumes Claudia Rühle - dramaturgie Udo Salzbrenner - avec
David Cordier (Ottone), Clara O'Brien (Gismonda), Glenn Kesby
(Adelberto), Linnéa Sallay (Matilda), Tammy Tyburczy
(Teofane), Christian Rieger (Rimreno)
"Une mise en
scène désopilante qui semble faire tomber toutes les
barrières, en transportant les personnages
historiques...dans un environnement moderne plus accessible...De
multiples impertinences soigneusement calibrées, font pour
la plupart mouche...Les chanteurs acteurs restent tous
musicalement agréables, à défaut de grande
révélation. En tête d'affiche David Cordier
qui prête à Ottone un timbre de sopraniste toujours
un peu fluctuant, mais aussi une indéniable prestance."
(Opéra International - mai 2002)
Magdebourg - 2002 - reprise de la version adaptée par
Telemann en allemand, sous le titre Otto - dir. Jan
Michael Horstmann
Magdebourg - 2001 - version adaptée par Telemann en
allemand, sous le titre Otto - version
scénique - dir. Yuuko Amanuma
Londres - London Handel
Society, Britten Theatre - 3 au 7
avril 2000 - mise en scène Tom Hawkes - décors et
costumes Peter Ruthven Hall - lumières Bruno Poet - dir.
Denys Darlow / Michael Rosewell - avec Clint van der Linde / Simon
Baker (Otto), Rachel Nichols / Emma Gane (Teofane), Donna Bateman
/ Ann Johansson (Gismonda), Catrin Johnsson / Julianne Young
(Adelberto), Kristina Wahlin / Victoria Lowe (Matilda),
Christopher Dixon / Adam Green (Emireno)
Londres - Sadler's
Wells - Handel Opera Society -
octobre 1971 - dir. Charles Farncombe - mise en scène
Douglas Craig - avec Josephine Barstow, Patricia Kern, Anna
Reynolds, Sally Le Sage, Robert Lefever, Anthony
Raffell
Halle - Festival Haendel
- 1960 - Orchestre du Landestheater Halle - dir. Horst
Tanu Margraf - mise en scène Heinz Rückert -
décors et costumes Rudolf Heinrich
Halle - Festival Haendel
- 1958 - Landestheater Halle -
dir. Horst Tanu Margraf - mise en scène Heinz Rückert
- décors et costumes Rudolf Heinrich
Göttingen -
1921 - première reprise moderne d'un opéra de
Haendel, dans une édition d'Oskar hagen