Zarzuela en deux actes,
écrite pour l'anniversaire du roi Philippe V, qui obtint,
dès sa création à la cour de Madrid, le 19
décembre 1708, un succès considérable.
Le librettiste était un
dramaturge réputé, au début du XVIIIe
siècle.
L'oeuvre fut reprise plusieurs
fois entre 1710 et 1727 à Madrid, aainsi qu'à Valence
et Lisbonne.
Synopsis
Acte I
Le Cyclope Polyphème
est de retour dans l'île fantastique de Trinacrie où il
a sa résidence. Il découvre que ses habitants se sont
convertis, durant son absence, au culte de Galatée,
déesse marine. Polyphème, offensé, leur reproche
leur infidélité et menace de les
châtier.
Arrive un pâtre, Acis, qui,
amoureux de Galatée, pleure sur son amour. Les pâtres et
bergers s'efforcent d'apaiser la colère de Polyphème.
Par peur de ce dernier, ils dénigrent les sentiments
d'Acis.
Doris, nymphe des bois, et
amoureuse d'Acis, informe le Cyclope, par dépit, de l'amour
d'Acis pour Galatée. Polyphème menace d'ensevelir Acis
sous un rocher et prompet d'anéantir Galatée afin que
nul ne puisse plus tomber amoureux d'elle ou lui vouer un culte. Tous
abandonnent Acis, sauf Doris qui reste seule avec lui et s'obstine
dans son amour. Acis répond en lui rappelant ses anciennes
amours avec Glaucus, frère de Galatée. Doris lui rend
un portrait en lui disant, avec mépris, qu'il n'a qu'à
l'offrir à Galatée, son nouvel amour. Acis jette le
portrait à la mer, afin de ne pas le remettre à
Galatée. Celle-ci surgit des eaux, triomphante,
entourée de sa cour de nymphes, sirènes et tritons. Les
nymphes de la mer dénigrent l'amour, et Glaucus, amoureux de
Doris qui le dédaigne, persuade Galatée de ne pas le
repousser, en lui offrant un portrait qu'il a trouvé dans la
mer, prisonnier de deux belles coquilles.
Galatée reste ensuite
seule dans les bois, absorbée dans ses pensées,
fascinée par le beau portrait du pâtre Acis. Sur les
lieux-mêmes se rend Polyphème pour l'espionner,
guidé par Momus. Le Cyclope ordonne à Momus de
convoquer tous ses sujets pour qu'ils soient témoins de sa
victoire sur Galatée. Pendant ce temps, Polyphème tente
de poignarder la déesse, mais, touché par sa
beauté, ses forces l'abandonnent. Au moment où
accourent les insulaires, en entonnant l'hymne de Polyphème,
le Cyclope se voit obligé de reconnaître
également vaincu par l'amour de Galatée, ce qui le
conduit à ordonner qu'on transforme les vers de l'hymne en
vers de louanges à la déesse.
Doris et Thisbé, sa
confidente, restent seules. Doris demande à Thisbé de
lui chanter quelque chose pour déplorer sa peine. Glaucus
apparaît et reproche à Doris son mépris. Doris et
Thisbé lui font voir l'inutilité de son
amour.
Ils quittent la scène,
remplacés par Acis et Galatée. Acis, ignorant des
perfidies qui se trament autour de lui, fait la cour à
Galatée, sans savoir qu'il est épié par Momus,
bien décidé à semer la zizanie.
Acte II
Choeur. Thisbé demande
à Momus de lui révéler tout ce qu'il pourrait
savoir au sujet des amours secrètes d'Acis et Galatée.
Mise au courant de tous les détails, Doris décide de
les porter à la connaissance de Polyphème.
Pendant que Polyphème est
occupé avec ses Cyclopes à forger un trident pour
l'offrir à Galatée, un berger accourt l'informer que
les habitants de l'île partent déjà en procession
pour consacrer de nouveau son temple à la déesse
marine. Polyphème, loin de s'en offenser, veut aller en
personne lui offrir son cadeau, mais résolu à
améliorer son aspect féroce, s'applique à
paraître moins monstrueux. Arrive Galatée dans son char
triomphal, entourée de nymphes et de bergers. Polyphème
se présente, absolument impeccable, mais son apparition
sème l'effroi et la débandade chez les insulaires
atterrés. Galatée refuse le cadeau et la cour du
Cyclope. Dépité, ce dernier jure de se venger. Doris le
rejoint opportunément avec l'intention d'utiliser la rancoeur
du Cyclope à son bénéfice, et lui
révèle que la déesse, si elle le
dédaigne, accorde ses faveurs à Acis. Glaucus, de son
côté, abandonné à ses peines, se plaint de
sa destinée.
Parce qu'il est vêtu d'une
casaque identique à celle d'Acis, Doris, qui espionnait
Glaucus, confond ce dernier avec Acis, ce qui provoque une nouvelle
scène de jalousie à l'issue de laquelle Glaucus s'en va
avec l'intention de tuer Acis. Ce dernier, qui regardait la
scène depuis une cachette en sort et fait face à Doris,
en lui promettant le pardon malgré ses injures. Resté
seul, Acis exprime sa confiance dans le fait que l'amour lui sera un
remède à tant de furie.
Apparaît Galatée qui
compatit aux souffrances d'Acis. Elle appelle ses nymphes pour le
divertir. Pendant qu'Acis et Galatée jouissent de leur amour
dans un coin du bois, Doris conduit Polyphème sur les lieux
pour qu'il les contemple de ses propres yeux. Furieux, le Cyclope
décide de tuer Acis, et le poursuit à tavers
l'île. Galatée prévient tout le monde et tente
d'arrêter Polyphème. Poursuivi à grandes
enjambées, Acis solicite l'aide de Momus et de Thisbé,
mais le Cyclope le rattrape et l'écrase sous un rocher. Acis
agonise, enseveli sous le rocher. Galatée, ne parvenant pas
à écarter le pesant rocher du corps de son amant,
sollicite une ultime grâce des dieux de la mer : qu'ils
changent son cher Acis en un fleuve immortel, et ainsi ils resteront
unis à jamais.
La première Nymphe -
Néréide - chante un air triomphal, dans lequel se
trouve associé le thème de l'oeuvre avec la figure de
Philippe V, roi d'Espagne en une calire allusion politique à
la guerre engagée avec Charles d'Autriche, pour la succession
sur le trône espagnol. Finalement, tous se réunissent
pour célébrer l'anniversaire du monarque - Philippe VI
- et pour chanter un menuet à la française incluant des
allusions à Marie-Louise de Savoie - l'épouse du roi -
et Louis - leur fils, né en 1707, un an avant la
représentation.
"Plus qu'un opéra véritable,
l'ouvrage, créé à Madrid, en 1708, à
l'occasion des vingt-cinq ans du roi Philippe y, est une pièce
de théâtre mêlée de musique. Le texte
déclamé - à l'instar du mélodrame dans
l'opéra et l'opéra-comique français - y tient
une place essentielle, ce qui justifie ici amplement le choix d'une
distribution entièrement espagnole, garante d'une diction
irréprochable. Esthétiquement, Antonio de Literes
(1673-1747) nous ramène plutôt vers le milieu du
XVIIe siècle, et la comparaison avec l'Acis and
Galatea de Haendel, qui date de cette même année 1708,
est saisissante. Il est par ailleurs piquant de constater que le
jeune souverain ait fait jouer, pour son anniversaire, une oeuvre
écrite sur le même sujet que la pastorale éponyme
composée par Lully, en 1686, pour Louis XIV, son propre
grand-père, et ce alors que la guerre de Succession d'Espagne
faisait rage..."(Opéra
International - mai 2001)
"Literes témoigne du goût
européen alors en vigueur à la cour de Philippe V. La
partition, puisant dans la tradition de la zarzuela baroque,
s'apparente au singspiel allemand, dans un tableau plus que
pastoral"..."Plus théâtrale que lyrique
(déclamation ponctuant les airs), l'oeuvre s'éloigne
des traditionnelles pages lyriques de l'Europe baroque"..."Acis y
Galatea se fait subtil, empreint d'une douceur toute relative".
(Classica - juin 2001)
Représentations :
Bruxelles -
Conservatoire - 22 juin 2002 - Al Ayre Espanol - dir.
Eduardo Lopez Banzo
Herne (Allemagne) - Tage
Alter Musik - Kulturzentrum - novembre 2000 - version
de concert - Al Ayre Español - dir. Eduardo López
Banzo - avec Marta Almajano (Galatea), Lola Camariego (Azis), Olga
Pitarch (Glauco), Marina Pardo (Tisbe), Luz Martín
(Nereida), Jordi Ricart (Momo/Polifemo), Ricard Bordas (Doris)
Libramont-Chevigny
(Belgique) - Église du Sacré-C\9Cur - Festival de
Wallonie 2000 - 14 octobre 2000 - Orchestre Baroque Al
Ayre Espagnol - dir. Eduardo Lopez Banzo (et clavecin), Marta
Almajano (Galatea), Lola Camariego (Acis), Xenia Meijer (Glauco,
Polifemo), Marina Pardo (Nereida, Tisbe), Jordi Ricart (Momo),
Carlos Mena (Doris)
Grand Théâtre
de Bordeaux - Instituto Cervantes Bordeaux - 7 novembre
2000 - Orchestre Baroque Al Ayre Espagnol - dir. Eduardo Lopez
Banzo (et clavecin) - Marta Almajano, soprano (Galatea), Lola
Casariego, mezzosoprano (Acis), Xenia Meijer, mezzosoprano
(Glauco), Marina Pardo, soprano (Nereide, Tisbe), Jordi Ricart,
baryton (Momo), Ricard Bordas, contre-ténor (Doris)
Festival International de
Musique Baroque - Cour des Hospices de Beaune - 24 juillet 1999 -
version de concert - Orchestre Baroque Al Ayre Espagnol
- dir. Eduardo Lopez Banzo (et clavecin) - Marta Almajano, soprano
(Galatea), Lola Casariego, mezzosoprano (Acis), Xenia Meijer,
mezzosoprano (Glauco), Maria Luz Àlvarez, soprano (Nereide,
Tisbe), Jordi Ricart, baryton (Momo), Ricard Bordas,
contre-ténor (Doris)
Festival de
Dresde - 29 mai 1999 - dir. Eduardo López Banzo
- avec Marta Almajano, Lola Casariego, Xenia Meijer, María
Cristina Kiehr, Jordi Ricart, Carlos Mena
Mallorca -
Teatre Principal de Palma - 7, 8, 9 mai 1999 - dir. Eduardo
López Banzo - mise en scène Rafel Lladó