Compositeur royaliste. Lorsqu’en 1642
éclata la Guerre civile, Locke se trouvait à Exeter,
où il avait été choriste à la
cathédrale. Il apprit à jouer de l’orgue et se lia
d’amitié avec Christopher Gibbons, dont l’oncle était
maître de choeur. Il rencontra peut-être le futur Charles
II aux Pays-Bas (1646-1648). Il compta parmi ses amis John Playford,
des membres de la famille Purcell, Sir Roger L’Estrange, Henry Lawes
et Christopher Simpson tous partageaient son intérêt
pour la consort music. Parmi les recueils qu’il composa durant le
Commonwealth, le Consort « for seaverall freinds »
et The Flatt Consort (exceptionnel dans la mesure où il
fait appel à des tonalités bémolisées)
sont d’une importance particulière. Deux recueils de broken
consorts et le célèbre Consort of Fower Parts
datent de la Restauration.
En 1656, Locke fournit de la musique pour The Siege
of Rhodes de Davenant. Lors de l’exécution, il prit le
rôle de l’Amiral de Rhodes. Dans les années qui
suivirent immédiatement, Davenant commanda d’autres musiques
à Locke. En 1659, Locke révisa la musique qu’il avait
écrite avec Gibbons pour le masque de Shirley Cupid and
Death, donné en plein air à Leicester Fields. Les
liens de Locke avec le théâtre semblent s’être
relâchés à la fin des années 1660,
période au cours de laquelle il se consacra davantage à
la musique de cour de la Restauration, mais connurent un nouvel essor
en 1674, lorsque Shadwell lui demanda de la musique pour son
adaptation de The Tempest. Un an plus tard, il composa toute
la musique, à l’exception des airs de fin d’acte (de G. B.
Draghi), pour Psyche, or the English Opera de Shadwell.
A la Restauration, Locke obtint trois postes de cour,
mais aucun dans la Chapelle royale : il hérita de John
Coprario celui de Composer-in-Ordinary privé et d’Alfonso
Ferrabosco le Jeune celui de « compositeur de la musique pour
vents », et devint compositeur de la troupe de violons. Il
fournit de la musique pour le couronnement de Charles II et un an
plus tard devint organiste de la reine et compositeur de musique
dramatique. Le roi n’aimant pas les fantaisies, Locke n’en
écrivit aucune pour la cour, mais composa à leur place
au moins trente anthems inspirées des grands motets
français la plus somptueuse fut A Song of Thanksgiving
(1666), avec trois choeurs à quatre voix, un orchestre de
cordes à cinq voix et un consort à quatre voix «
sur la galerie ». A une date aussi tardive que 1674, Locke fut
nommé chef adjoint des Vingt-quatre Violons et servit
temporairement comme Master of the King’s Musick en 1676-1677.
Mais tout cela ne se déroula pas sans heurts.
Lors de son séjour à Oxford durant la Grande Peste,
Locke avait composé de la musique pour les Oxford Acts, mais
sans obtenir de diplôme. En 1666, ayant estimé que les
musiciens de la Chapelle royale avaient
délibérément saboté une exécution
de ses répons sur les Dix Commandements, il les publia sous le
titre de Modern Church-Musick Preaccus'd, Censur'd and Obstructed
in ils Performance before His Majesty. Puis il se trouva
impliqué dans une longue (et finalement pas très digne)
querelle à coups de pamphlets contre Thomas Salmon à
propos de l’Essay to the Advancement of Music dans lequel ce
dernier avait préconisé l’abandon des clés.
Les deux dernières publications de Locke forment
son unique recueil sérieux pour clavier, Melothesia
(1673) — avec en appendice les premières règIes de
réalisation de basse chiffrée parvenues jusqu’à
nous — et Tripla Concordia (1677), anthologie de plus de 100
pièces pour deux violons et violon basse. A sa mort, il eut
comme successeur au poste de Composer-in-Ordinary pour les violons
son élève Henry Purcell, qui lui dédia son ode
What hope fur us remains now he is gone ? (Guide de la Musique
Baroque - Fayard)