COMPOSITEUR
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Jean-Baptiste LULLY
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LIBRETTISTE
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Philippe Quinault
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DVD
ENREGISTREMENT
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ÉDITION
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DIRECTION
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ÉDITEUR
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FICHE
DÉTAILLÉE
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2008
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2011
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William Christie
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Fra Musica
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Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes,
sur un livret de Philippe Quinault, d'après Virgile et La
Jérusalem délivrée du Tasse. Louis XIV avait
lui-même choisi le livret en mai 1685, parmi trois
proposés, les deux autres étant Malaric, fils
d'Hercule et Céphale et Procris.
Quinult avait déjà écrit une
"tragi-comédie en machines" représentée sur le
Théâtre du Marais en 1655. Ce sera sa dernière
oeuvre pour le théâtre - "Je vous dis adieu, muse
tendre..." - et donc sa dernière collaboration avec Lully,
pour se consacrer à la religion.
Armide fut créée au Palais Royal,
dans des décors de Bérain, en présence du
Grand-Dauphin, le 15 février 1686, avec Mlle Le
Rochois (*) dans le rôle-titre, Mlle Moreau (Sidonie),
Mlle Desmatins (Phénice), le ténor Du Mesnil (Renaud),
la basse Dun (Hidraot), Frère (La Haine), sous la direction de
Pascal Colasse.
(*) dans ses Chroniques secrètes et galantes,
Georges Touchard-Lafosse écrit : Le rôle d'Armide
était joué et chanté par mademoiselle Rochois,
avec une étendue de moyens dont une àme ardente faisait
valoir toute la puissance. Ce jeu et ce chant, remplis de chaleur,
firent paraître tièdes les efforts cependant soutenus de
Chassé. Vieilli avant l'âge par les passions
extrêmes, qui sont toujours anti-lyriques, ce chanteur
s'éleva toutefois, de temps en temps, à la hauteur du
personnage de Renaud ; mais ce furent quelques éclairs
lumineux dans un ciel terne.
Bien entendu, Touchard-Lafosse commet une grosse erreur, car
Chassé n'entra à l'Académie royale qu'en 1721.
Il poursuit par l'anecdote suivante : Le noble pensionnaire de
Lully se désolait après la première
représentation. \97 Ecoute, cher camarade, lui dit mademoiselle
Rochois, dont la modestie pudibonde n'était pas aussi bien
constatée que son talent, on ne peut pas servir avec un
zèle égal toutes les divinités : si tu fais
quelquefois défaut au seigneur Apollon, je voyais tout
à l'heure, dans une loge d'avant-scène, une marquise
qui pourrait te donner un beau certificat au nom de Vénus. \97
Heureuse femme que tu es, répondit Chassé, tous les
triomphes t'adviennent : cet Apollon qui commence à me renier,
te favorise au gré de tes souhaits, et quant au certificat de
l'amour, je suis prêt \97 Indiscret... Un groupe de
complimenteurs vint mettre fin au tête-à-tête des
deux premiers sujets de l'Opéra ; mais on n'avait pas besoin
d'en entendre la fin pour savoir que mademoiselle Rochois avait, plus
que la marquise, à se reprocher l'altération du «
sol » de Chassé.
Le roi n'assista à aucune représentation,
et Lully lui écrivit une lettre pleine d'amertume ("Que me
sert-il, Sire, d'avoir fait tant d'efforts pour me hâter de
vous offrir ces nouveaux concerts ?")
La partition fut éditée chez Christophe
Ballard en 1686.
Armide fut représentée
régulièrement :
- au Palais Royal, en janvier 1687, en l'honneur de
l'ambassadeur d'Espagne,
- à Avignon, en septembre 1687,
- au Palais Royal, en avril 1688,
- à Lyon, le 15 février 1689, dans la
salle du Jeu de Paume de la rue Pizay, dans le cadre de
l'Académie royale de musique, dont Jean-Pierre Legay avait
obtenu le privilège pour trois ans, le 17 septembre 1687
;
- à Rome, en 1690, première
représentation d'un opéra français en Italie,
dans une traduction de Silvio Stampiglia,
- à l'Opéra du Quai au Foin de
Bruxelles en mars 1697, et au Palais Royal, le 15 juin 1697,
- à Lyon, en 1698,
- à Marseille et à La Haye, en 1701
- au Palais Royal, le 27 novembre 1703, avec Mlle
Armand (La Gloire), Mlle Sallé (La Sagesse) dans le
prologue, Mlle Desmatins (Armide), Mlle Armand (Phénice),
Mlle Sallé (Sidonie), Dun (Hidraot), Hardouin (Aronte),
Poussin ou Plein (Renaud), Desvoyes (Artemidore), Mlle Cochereau
(Une Bergère), Mantienne (la Haine), Hardouin (Ubalde),
Chopelet (Le Chevalier danois), Boutelou (Un Plaisir),
- au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles,
en 1708,
- à Lunéville, le 15 novembre 1710,
avec un prologue écrit par Henry Desmarest,
célébrant la fête du duc Léopold
(partition à l\92Österreichische Nationalbibliothek de
Vienne),
- au Palais Royal, le 26 décembre 1713 et en
juin 1714, avec Mlle Poussin (La Gloire), Mlle Antier (La Sagesse)
pour le prologue, Mlle Journet (Armide), Mlle Pestel
(Phénice), Mlle Heuzé (Sidonie), Thévenard
(Hidraot), La Rosière (Aronte), Cochereau (Renaud),
Pélissier (Artemidore), Mantienne (la Haine),
- au Palais Royal, le 9 novembre 1724, avec Mlle
Lambert (La Gloire), Mlle Eremans (La Sagesse) pour le prologue,
Mlle Antier (Armide), Mlle Eremans (Phénice), Mlle Lambert
(Sidonie), Thévenard (Hidraot), Dun (Aronte), Murayre
(Renaud), Cuvillier (Artemidore), Mantienne (la Haine), Mlle Le
Maure (Lucinde), Tribou (Le Chevalier danois), Chassé
(Ubalde),
- au Théâtre de la Monnaie à
Bruxelles, le 11 novembre 1726,
- le 29 avril 1730, à Lyon,
- au château de Fontainebleau, les 3, 5 et 12
octobre 1740,
- à Lyon, en 1742, dans la salle du Jeu de
Paume de la Raquette Royale ;
- au château de Versailles, le 30
décembre 1745, puis le 17 février 1746, puis au
château de Fontainebleau le 12 octobre 1746,
- le 7 janvier 1746, puis le 17 février 1747,
avec Mlle Metz (La Gloire), Mlle Coupée (La Sagesse) pour
le prologue, Mlle Chevalier (Armide), Mlle Bourbonnais
(Phénice), Mlle Romainville (Sidonie), Chassé
(Hidraot), Le Page (Aronte), Jélyote (Renaud), Albert
(Artemidore), Chassé (la Haine), Mlle Fel (Lucinde), La
Tour (Le Chevalier danois), Le Page (Ubalde),
- au Palais Royal, le 3 novembre 1761, avec des
costumes dessinés par Louis-René Boquet
(*)
(*) Louis-René Boquet (1717-1814). Dessinateur
et peintre de costumes aux Menus-Plaisirs. En 1758, il s'occupe des
costumes de l'Opéra, succédant à Jean-Baptiste
Martin.
Gabriel de Saint-Aubin (1724 - 1780) composa un dessin
à la plume, rehaussé d'aquarelle et de gouache, de ces
représentations :
- le 26 février 1762, suscitant des
commentaires désabusés : La reprise d'Armide
s'est faite aujourd'hui sans le moindre tumulte. La fureur du
public pour ce bel opéra s'est passée comme un
enchantement... On trouve plus de musique dans le plus petit
opéra comique.... Cet ouvrage ne peut absolument
tenir devant l'opéra comique ; le théâtre est
un désert quand l'affiche annonce le chef-d'\9Cuvre de Lulli
;
- au Palais Royal, le 4 décembre 1764,
- au Palais Royal, le 23 septembre 1777,
- à l'Opéra de la salle Saint-Martin en
janvier et février 1789 (cinq représentations), en
mars, et de juillet à décembre 1790 (12
représentations), de janvier à juillet 1791 (11
représentations),
Des parodies furent jouées : Arlequin
à la guinguette, en juillet 1711, à la Foire St
Laurent ; Armide, le 21 janvier 1721au Théâtre
Italien ; Armide, de Bailly, le 12 janvier 1725, au
Théâtre italien ; La Bohémienne, le 17
mars 1747, à la Foire St Germain ; Armide , en 1747 ;
Armide, en cinq actes mêlés d'ariettes, le 11
janvier 1762, au Théâtre de la Comédie Italienne,
sur un livret en quatre actes de Pierre Laujon et
Antoine-François Riccoboni "fils" (personnages : Armide
(soprano), Renaud (ténor) , Hidraot, le Chevalier danois
(ténor), Ubald (basse), Artémidore, Phénice,
Sidonie, Aronte, un Médecin (basse), médecins
consultants, Danseuses d'Opéra
(livret)
Le livret fut repris par C. W. Glück ; la
création eut lieu le 23 septembre 1777, dans la seconde salle
du Palais Royal.
Personnages : Armide, magicienne, nièce
du roi de Damas Hidraot (soprano), la Haine (mezzo-soprano), Sidonie
et Phénice, suivantes d'Armide (sopranos), la Naïade
(soprano léger), la Gloire et la sagesse (sopranos), Lucinde,
amante du Chevalier danois (soprano), Mélisse, amante d'Ubalde
(soprano), Renaud (ténor), Hidraot, roi de Damas, magicien,
oncle d'Armide (basse), le Chevalier danois (ténor), Ubalde
(basse), Artémidore, compagnon de Renaud (ténor),
Aronte (baryton)
Synopsis
L'armée des croisés, commandée par
Godefroy de Bouillon, a mis le siège devant Damas où
règnent Hidraot et sa fille la princesse Armide ; tous deux
sont magiciens. Par ses seuls pouvoirs magiques, Armide a jusqu'ici
triomphé des plus célèbres chevaliers
chrétiens qu'elle retient prisonniers.
Prologue

Un palais
Ouverture. La Gloire et la Sagesse chantent la gloire
du monarque. Leurs suites témoignent par des danses, la joie
qu'elles ont de voir ces deux divinités dans une intelligence
parfaite. Entrée. Menuet. Gavotte en rondeau. Entrée.
Menuets I et II. Choeur.
Acte I
Une salle du palais d'Hidraot ; au fond, une place
publique de la ville de Damas, ornée d'un arc de
triomphe
(1) Armide, louée par ses suivantes
Phénice et Sidonie de ses succès qui ont affaibli le
camp de Godefroy, reconnaît avec dépit qu'elle n'a pu
triompher de la résistance du plus vaillant de tous, Renaud,
qui échappe à son pouvoir. Son mépris est
outrageant : Armide le hait et le redoute à la fois, car c'est
le plus valeureux de l'armée des Croisés. La magicienne
est obsédée par un songe : frappée d'une
atteinte mortelle, elle tombait aux pieds du vainqueur (air : Un
songe affreux).
(2) A Hidraot, qui voudrait bien lui voir prendre un
époux, elle déclare se réserver pour celui qui
saura vaincre Renaud, s'il le peut. Une grande fête est
organisée au cours de laquelle les peuples du royaume de Damas
témoignent par des danses et des chants la joie qu'ils ont de
l'avantage que la beauté de la princesse Armide a
remporté sur les chevaliers du camp de Godefroy. Marche.
Rondeau. Sarabande.
(3) Au milieu de la joie générale,
survient Aronte, percé de coups ; les captifs chrétiens
confiés à sa garde ont été
délivrés par le bras du seul Renaud. Aronte meurt.
Armide jure de venger cet affront. Marche.
Acte II
Une campagne, où une rivière forme une
île agréable
(1) Renaud a été banni du camp de
Godefroy pour avoir tué Gernand, un chevalier qui l'insultait.
Un de ses compagnons d'armes, Artémidore le rejoint dans son
exil et le met en garde contre les charmes magiques d'Armide. Renaud
chante alors son amour pour la seule gloire et les hauts faits
d'armes et son mépris pour la beauté d'Armide.
(2) Hidraot et Armide évoquent la troupe des
esprits mauvais et s'unissent pour leur ordonner d'enchanter Renaud
et de le livrer. à leur colère. On aperçoit
Renaud qui s'approche des bords de la rivière puis se
défait d'une partie de ses armes pour prendre le frais.
(3) Renaud se laisse prendre par l'harmonie de la
nature et s'endort sur un gazon.
(4) Air de la Nymphe des eaux qui sort du fleuve.
Renaud, endormi, est entouré par des Démons sous la
figure des Nymphes, des Bergers et Bergères, qui
enchaînent le héros avec des fleurs. Air d'une
Bergère héroïque.
(5) Armide accourt, impatiente de se venger, et tenant
un dard à la main. Elle va pour frapper Renaud, mais ne peut
exécuter son geste. Dès qu'elle voit le captif, elle
sent sa fureur s'évanouir. La fière enchanteresse est
touchée par l'amour, expérience nouvelle qui fait
à la fois sa joie et sa honte. Pour cacher cette faiblesse,
elle invoque les Zéphirs qui l'emportent, avec Renaud, dans
les airs (air : Venez, secondez mes désirs).
Acte III
Un Désert
(1) Armide se lamente de l'amour par lequel Renaud
règne en son coeur.
(2) Elle explique à ses suivantes qu'elle se
sent insultée dans son orgueil et son amour ; il lui faut se
libérer d'une passion qui l'abaisse, en transfomant son amour
en haine.
(3) Armide appelle la Haine à son secours.
Celle-ci sort des Enfers, accompagnée des Furies, de la
Cruauté, de la Vengeance, de la Rage et des Passions qui
dépendent de la Haine.
(4) La Haine décide de s'attaquer au pouvoir de
l'Amour. Les suivants s'empressent de briser et brûler les
armes de l'Amour. Puis la Haine ordonne à l'Amour de quitter
le coeur d'Armide pour qu'il soit remplacé par la Haine. Mais
Armide l'arrête, ne pouvant se résoudre à
haïr Renaud. La Haine, avant de disparaître, prédit
à Armide le destin qui punira sa faiblesse : Renaud la
trahira. Le choeur chante : "O malheureuse Armide."
Acte IV
(1) Ubalde et le Chevalier Danois, sont dans le
désert sur lequel s'élève une vapeur. Ubalde
porte un bouclier de diamants et tient un sceptre destiné
à dissiper les enchantements d'Armide et délivrer
Renaud. Le Chevalier Danois porte une épée
destinée à Renaud. Des antres et des abîmes
s'ouvrent et il en sort des bêtes farouches et des monstres.
Ubalde les éloigne avec le sceptre d'or.
Le désert fait place à une campagne
agréable, bordée d'arbres chargés de fruits et
arrosée de ruisseaux
Les deux chevaliers cherchent Renaud, tout en se
préparant à être soumis à la tentation du
charme.
(2) Lucinde cherche à séduire le
Chevalier Danois. Gavotte. Canaries. Ubalde le met en garde, mais le
Chevalier Danois ne peut résister. D'un coup de baguette
magique, Ubalde fait disparaître Lucinde.
(3) Ubalde explique au Chevalier Danois qu'il a
été victime d'un enchantement.
(4) Ubalde est à son tour charmé par
Mélisse, et le Chevalier Danois dissipe le mirage. Les deux
héros en arrivent à la conclusion que toutes les
illusions sont dangereuses ; ils s'enfuient.
Acte V
Le palais enchanté d'Armide
(1) Renaud, encore ensorcelé, sans armes et
paré de guirlandes de fleurs, supplie Armide de ne pas le
quitter. Elle, effrayée par les prophéties de la Haine,
s'inquiète de l'avenir et décide d'aller chercher le
secours des esprits.
(2) Durant son absence, Renaud est confié
à la garde des Plaisirs et d'une troupe d'Amants
fortunés et d'Amantes heureuses. Passacaille.
(3) Arrivent Ubalde et le Chevalier Danois. Ubalde
présente le bouclier de diamants aux yeux de Renaud qui est
honteux de sa faiblesse, et arrache les guirlandes de fleurs et
autres ornements inutiles dont il est paré. Il s'arme du
bouclier de diamants et d'une épée et s'apprête
à partir.
(4) Armide survient et tente de le retenir. Elle promet
qu'elle mourra, si Renaud la quitte, mais qu'il ne pourra pas
éviter d'être poursuivi par son ombre. Renaud ne
cède pas, tout en plaignant la malheureuse.
(5) Armide demeure seule, invoque les Démons de
l'enfer pour qu'ils détruisent son palais enchanté.
Elle part dans un Char Volant.
Armide & Renaud, Chevalier du Camp de Godefroi
de Bouillon, 19me Opéra. C'est une Trag. dont les vers sont de
Quinault, & la musiq. de Lully : elle fut
représentée pour la premiere fois le 15 Fév.
1686, imprimée, puis gravée en musique partition
in-fol. La Gloire & la Sagesse font le Prologue. Les machines
& décorations furent ordonnées par Berain. Cet
Opéra a été repris huit fois, en 1688, 1703,
1713, 1714, 1724, 1746, 1747 & 1761, & souvent avec le plus
grand succès, sur-tout la derniere : c'est un des plus
estimés de ceux de Lully, & le dernier sorti de la plume
de Quinault. (de Léris - Dictionnaire
des Théâtres)
- Partition :
édition de Lois Rosow - livret Jean-Noël Laurenti -
chez Georg Olms Verlag
Pour en savoir plus :
- Association Philippe
Lescat - Notes de cours de Bertrand Porot - Armide :
analyse
http://apl.apinc.org/article.php3?id_article=50
- Le Site Lully de
Marie-Pierre Blanchardie : présentation,
synopsis, livret
http://sitelully.free.fr/
- Le Monde de la
Musique - novembre 1992 -
Lully - "Armide" au Théâtre des
Champs Elysées -
"Armide" ou les incertitudes de l'amour - dossier
- Opéra International
- novembre 1992 - Philippe Herreweghe dirige Lully -
Sylvie Brunet incarne Armide
- Opéra International
- septembre 1992 - Sous le charme d'Armide
Représentations
:
- Glimmerglass Opera -
Cooperstown - États Unis -
21, 29, 31 juillet, 5, 10, 13, 18, 23 août 2012 - Tafelmusik
Baroque Orchestra and Chamber Choir - dir. David Fallis - mise en
scène Marshall Pynkoski - décors Gerard Gauci -
costumes Dora Rust D'Eye - lumières Bonnie Beecher -
chorégraphie Jeannette Lajeunesse Zingg - avec Peggy Kriha
Dye (Armide), Colin Ainsworth (Renaud), João Fernandes
(Hidraot), Meghan Lindsay (Sidonie), Mireille Asselin (Phenice),
Aaron Ferguson (le Chevalier danois), Olivier Laquerre (Ubalde) -
production de Opera Atelier



- Versailles - Opéra
Royal - 11, 12, 13 mai 2012 -
Tafelmusik Baroque Orchestra - Les Chantres du Centre de musique
baroque de Versailles - dir. Olivier Schneebeli, David Fallis -
mise en scène Marshall Pynkoski - chorégraphie
Jeanette Lajeunesse Zingg - avec Peggy Kriha Dye (Armide), Colin
Ainsworth (Renaud), João Fernandes (Hidraot), Meghan
Lyndsay (Sidonie/Nymphe), Carla Huhtanen (Phénice/Lucinde),
Vasil Garvanliev (Aronte), Olivier Laquerre (Artemidore/Chevalier
Ubalde), Curtis Sullivan (La Haine), Aaron Ferguson (Chevalier
Danois)


"Cette représentation
d\92Armide (semble-t-il la première jamais jouée à
l\92Opéra royal du château de Versailles) ne répond
pas au modèle européen de production que les
théâtres lyriques publics européens ont
établi depuis une quarantaine d\92années. Basée
à Toronto, la compagnie Opéra Atelier est une
entreprise privée et se situe dans le monde économique
de l\92entertainment en Amérique du Nord. Au Canada,
Opéra Atelier, dans le champ du théâtre lyrique,
équivaut, dans le domaine circassien, au célèbre
Cirque du soleil. Sans aucune intention dépréciative,
cette production d\92Armide se reçoit comme un show
opératique, dont le vocabulaire scénographique,
dramaturgique et chorégraphique fait écho à
celui des spectacles étasuniens que, via les
vidéogrammes et la toile, chaque Européen peut
regarder.
Dans sa déclaration
d\92intention, Opéra Atelier affirme s\92appuyer « sur
l\92esthétique et les idéaux de la période, avec
[\85] des ballets d\92époque, des instruments d\92origine » et
mentionne avoir travaillé avec des chefs d\92orchestre tels
Minkowski, Niquet, Parrott et Pinnock. Même si cette compagnie
s\92associe ici au solide orchestre « on period instruments »
Tafelmusik Baroque Orchestra, cette déclaration d\92intention
est à discuter vivement. Non que cette compagnie mente :
simplement, entre les continents européen et américain,
la relation à l\92Histoire diffère profondément.
Là où le vieux continent repose sur une Histoire
pluri-millénaire (elle se fonde sur l\92Antiquité grecque
et romaine) et conçoit ses spectacles en terme de
plausibilité et de questionnement historiques, le
Nouveau-Monde ne s\92avoue que deux siècles d\92ancienneté
et réalise des fantasmagories d\92après des reliefs
historiques empruntés aux cultures européennes. Aucune
hiérarchie entre ces deux continents artistiques : juste des
points de départ et des points de vue dissemblables, juste des
entendements différents du mot « Histoire
».
Muer Lully en auteur de show
n\92est pas insensé : lorsque Louis XIV engagea Lully, il
recruta un producteur de divertissements ; et, à cet
égard, Le bourgeois gentilhomme est une magnifique
réussite. Et ce n\92est qu\92à mesure qu\92il avança
en âge que Lully devint autant compositeur que producteur, au
sens cinématographique (notamment hollywoodien) du terme. Cet
Armide canadien est donc un divertissement d\92après un Lully
selon les « baroqueux ». Les acteurs (chanteurs et
danseurs) ont d\92abord été choisis pour leur silhouette
longiligne ; indiscutablement, ils constituent une équipe
visuellement homogène. Les costumes sont des rêveries
modernes d\92après de multiples et
hétérogènes sources historiques ; leurs couleurs
chatoyantes et bigarrées les rapprochent des films historiques
télévisés, tels The Tudors. Les décors
reprennent les principes des toiles peintes mais portent un univers
esthétique emprunté à l\92hyperréalisme. La
notion de goût n\92est pas ici primordiale, celle de
l\92efficacité l\92emporte. La mise-en-scène
privilégie la mobilité physique (abstraite et
a-dramatique) des acteurs plutôt que de lire, en profondeur, le
livret et d\92en déduire les mouvements scéniques. Dans
un premier temps, le rédacteur de cette chronique a
été surpris, puis intéressé par cette
forme de spectacle si peu fréquente dans nos
théâtres lyriques (hormis, depuis peu, le
Théâtre du Châtelet, à Paris). La
chorégraphie n\92a retenu que deux ou trois objets du
vocabulaire dansé baroque et les recouvre d\92une invention
purement moderne où la virtuosité domine ; là
encore, point d\92unité esthétique, mais une bigarrure de
styles.
Indiscutablement, ce spectacle
fonctionne : sa vitesse trépidante et son mouvement
perpétuel sont ses principaux atouts. En terme dramaturgique,
il ne cherche pas à construire finement chaque personnage ; il
désagrège chaque rôle et en extirpe les
acmés d\92émotions et les climax dramaturgiques. En terme
de couleurs, le principe est de les faire virevolter et non pas d\92en
sérier une fine palette. La seule limite objective de ce
spectacle total est
l\92hétérogénéité de son plateau
vocal. Seul deux chanteurs tirent véritablement leur
épingle du jeu. João Fernandes est un efficace Hidraot,
même lorsque la mise-en-scène le place en
arrière-plateau. Mieux encore, Colin Ainsworth (Renaud) est un
ténor rare : avec une émission vocale limpide et dans
une voix longue, son registre aigu maîtrise également
les registres de tête et de poitrine. Une fine
musicalité achève de le rendre autant apte à
chanter Mozart et Rossini, Handel et Bizet (Nadir et Haroun).
Destiné à un grand soprano dramatique, le
rôle-titre a manifestement dépassé Peggy Kriha
Dye, malgré son engagement de chaque instant. Manifestement,
David Fallis a davantage conçu sa fonction comme un
coordinateur des diverses énergies scéniques que comme
le « patron » de la représentation ; il
essentiellement pourvu à la musique de scène d\92un
spectacle total où une écriture orchestrale n\92est
qu\92une des composantes."
"Suivant la politique
d\92importation de productions qui prévaut à
l\92Opéra royal de Versailles depuis sa réouverture et le
retour des spectacles scéniques dans cet écrin
dix-huitième aux dimensions idéales pour le
répertoire baroque, c\92est une réalisation canadienne de
l\92Armide de Lully qui nous est proposée. Renouant avec l\92usage
du genre, Marshall Pynkoski convoque les danseurs de l\92Atelier
Ballet, vêtus de chatoyantes chamarres, pour meubler les
nombreux divertissements qui ponctuent l\92ouvrage. Mais ce serait se
tromper que d\92y voir un projet de reconstitution historique, quand
bien même les pas empruntent au vocabulaire de la danse
baroque.
Certes, les décors
orientalisant de Gerard Gauci, avec les imitations macroscopiques de
calligraphies perses contemporaines de l\92ouvrage sur panneaux,
situent avec à-propos et une certaine élégance
l\92action dans ce Moyen-Orient de l\92an mille, carrefour des
imaginaires autant que des prétentions religieuses qui nourrit
le poème du Tasse. Mais pourquoi fallait-il pousser
l\92exubérance jusqu\92à ces Enfers tout en fluorescences
de carton-pâte plus proche de Walt Disney que des
élucubrations du Greco ? Si la complémentarité
entre le jeu théâtral et la chorégraphie
concentre l\92attention avec efficacité, il n\92en reste pas moins
qu\92en éludant le Prologue, on resserre l\92intrigue mais on
trahit la structure même de la tragédie lyrique, si ce
n\92est sa nature et son orientation
herméneutique.
Soutenu par la direction
équilibrée de David Fallis, à la tête d\92un
Tafelmusik Baroque Orchestra agréablement galbé et
coloré, le plateau vocal séduit par ses qualités
expressives, plus que par une diction généralement
convenable, sans pour autant atteindre l\92irréprochable. Et en
premier lieu celles de l\92héroïne éponyme,
incarnée par Peggy Kriha Dye qui y déploie un nuancier
psychologique captivant jusque dans un grain de voix qui frôle
parfois la rudesse. Doué d\92une lumineuse blondeur
idéale pour Renaud, Colin Ainsworth retient l\92\9Cil et l\92oreille
d\92une manière également favorable.
Le reste de la distribution
complète convenablement le tableau : João Fernandes
(Hidraot), Vasil Garvanliev (Aronte), Curtis Sullivan (La Haine),
Aaron Ferguson (Le Chevalier Danois), Olivier Laquerre (Artemidore et
Chevalier Ubalde), Meghan Lindsay (Sidonie et Nymphe Des Eaux), Carla
Huhtanen (Phenice et Lucinde). Mentionnons enfin les exemplaires
Chantres du Centre de musique baroque de Versailles, garants de
l\92intégrité stylistique des ensembles,
préparés avec soin par leur Olivier
Schneebeli."
- Diapason - juillet-août 2012 -
Armide fait son show
"Armide façon Broadway
: aussi rééducteur soit-il, ce racccourci est-il pour
autant péjoratif? Fondateur de l'Opera Atelier de Toronto,
Marshall Pynkoski a certes tout sauf la prétention de
dispenser un cours de géopolitique pour éclairer le
conflit entre chrétiens et musulmans. C'est vers les Mille et
une nuits qu'il préfère tirer l'ultime traagédie
en musique de Lully et Quinault inspirée de La
Jérusalem délivrée du Tasse. Les décors,
emmpruntés à la miniature persane, et plus encore les
costumes, dont les étoffes moirées déploient
toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, assument même un premier
degré à la limite du kitsch. Mais le sens du spectacle
prime, qui balaie toute réserve jusque dans les poses les plus
méloodramatiques.
Respectueuse des codes
baroques, la chorégraphie de Jeannette Lajeunesse Zingg anime
les diverrtissements avec une énergie virevoltante : pas un
tableau où le plateau ne soit envahi par une cohorte de
danseurs. Au point de reléguer les ch\9Curs - de très
idiomatiques Chantres du Centre de musique baroque de Versailles -
dans la fosse. L'ensemble Tafelmusik y joue clair, souple, musical,
sans que la direction de David Fallis impose le moindre enjeu
dramatique, à l'image d'une basse continue immuable, qui
souvent court après les chanteurs. Timbres non sans charme,
mais style standard, qui préserve de bien des
maniérismes ornementaux, ces dames goûtent fort peu les
consonnes. A commmencer par Peggy Kriha Dye, dont l'intonation
fluctuante ne ternit pas la flamme du rôle-titre. Et si ces
messieurs, dominés des muscles par la Haine de Curtis
Sullivan, portent admirablement le collant, le ramage ne se rapporte
guère au plumage. D'une plastique non moins
irrréprochable, Colin Ainsworth chante pourtant Renaud dans un
français rigoureux et limpide, avec une suave intensité
de l'accent, un tendre héroïsme du timbre qui, dans cet
emploi de haute-contre ô combien délicat, tiennent du
prodige."
- Opéra Magazine - juillet/août
2012
"La compagnie lyrique
Opera Atelier, troupe basée à Toronto,
spécialisée dans les XVIIe et XVIIIe siècles, a
pour but avoué de séduire le plus large public
possible, en montrant qu'on peut aller voir et écouter du
Lully sans ennui, et surtout sans prééparation, tant
cette histoire d'amour impossible est universelle (donc
«moderne» !). Grâce aussi, et surtout, à une
mise en scène aussi spectaculaire que colorée, et
à un choix d'interprètes au phyysique avenant.
Ce savoir-faire typiquement
nord-américain, à rapprocher de celui qu'on peut voir
à l'\9Cuvre dans les comédies musicales, est
appliqué à Armide dans une démarche
complètement étrangère au rapport entretenu en
Europe avec la culture. Les chorégraphies, fort virevoltantes,
et les quelques postures «baroques», adoptées ici ou
là, n'ont que bien peu de rapports, malgré tout ce
qu'annonce le programme, avec la recherche actuelle en la
matière. Le décor - entièrement repensé
pour cette reprise d'une production créée en 2005 -
est, en revanche, aussi agréable que pertinent, avec des
panneaux représentant de délicates miniatures persanes
et d'immenses caractères calligraphiés. Dommage que les
costumes ne soient pas toujours aussi cohérents ... On ne
peut, cependant, nier l'efficacité de ce travail, au terme
d'une soirée menée tambour battant et, au final, fort
divertissante.
Pour autant, n'aurait-il pas
mieux valu monter l'Armide de Gluck (1777), composée sur le
même livret de Quinault, et dont la musique, dramatiquement
plus efficace, supporterait mieux, à notre avis, une approche
musicale assez générique ? Chez Lully, il ne faut
jamais oublier que le chant découle de l'alexandrin et. comme
tel, suppose une attenntion maniaque à la déclamation,
qui fait le plus souvent défaut ici.
Le Tafelmusik Baroque
Orchestra est une formation sur instruments anciens, à
laquelle David Fallis imprime une énergie plaisante mais sans
grande variété. Quant aux solistes, choisis
manifestement autant pour leur physique que pour leur art du chant,
ils forment une équipe très inégale. Des seconds
rôles assez faiblards, on sauvera les correctes Sidonie et
Phénice, sans oublier une Haine impressionnante mais pas
très subtile, à la vocalité ausssi
musclée que son torse effrontément exhibé par
son costume. Joào Fernandes (un ancien du Jardin des Voix) est
le seul, avec les excellents Chantres du CMBV, à avoir une
vraie conscience du style et des enjeux de la déclamation
lulliste. Il est d'autant plus dommage que son Hidraot de grande
allure confonde parfois autorité avec brutalité.
La soprano américaine
Peggy Kriha Dye s'investit totalement en Armide : l'actrice est
belle, la voix longue, la technique solide ; mais sa
caractérisation scénique et, plus encore, musicale et
littéraire reste sommaire. De surcroît, son
incapacité à dire des « u » («Le perfide
Renaud me fouit» !) est gênante. Du coup, la
révélation est le Renaud de Colin Ainsworth. Le
ténor canadien inquiète certes un peu à son
entrée, en ponctuant son dialogue avec Arttémidore de
mimiques dignes d'un sitcom. Mais on est rapidement
impressionné par la flexibilité d'un instrument
homogène, d'une belle projection,, et par son soin
apporté au français, au phrasé et aux
nuances.
Les airs de l'Amant
fortuné, qu'on lui atttribue de surcroît, ce quqi au
passage est une absurdité dramaturgique, montrent assez son
aisance à mpixer l'aiagu, comme à tenir des tessitures
haut perchées que pourrait lui envier maint haute-contre.
Voici en tout cas un artiste sur lequel plus d'un chef devrait se
pencheer avec intérêt, notamment pour Platée ou
Orphée."
- Toronto - Opéra
Atelier - 14, 15, 17, 18, 20, 21
avril 2012 - dir. David Fallis - mise en scène Marshall
Pynkoski - chorégraphie Jeannette Lajeunesse Zingg -
décors Gerard Gauci - costumes Dora Rust D'Eye -
lumières Bonnie Beecher - avec Peggy Kriha Dye (Armide),
Colin Ainsworth (Renaud), João Fernandes (Hidraot) -
coproduction avec Glimmerglass Festival
- Théâtre de
Gennevilliers - 18, 22, 24, 28
septembre 2010 - Orchestre Mercury Baroque de Houston - choristes
de l'Ensemble Vocal Lumen de Lumine (chef de choeur Didier Louis)
- dir. Antoine Plante - mise en scène Pascal Rambert -
lumières Jeremy Choate - avec Lauren Snouffer (la Gloire,
Phénice), Sarah Mesko (la Sagesse, Sidonie), Isabelle Cals
(Armide), Sumner Thompson (Hidraot, la Haine), Zachary Wilders
(Renaud)

- Opéra
Magazine - novembre
2010
"Singulière Armide. Par
le lieu tout d'abord, ce Gennevilliers où le halal et le bobo
se mêlent sans forcément se heurter. Par la vision
ensuite : Bagdad 2010. Pascal Rambert, un peu chorégraphe,
beaucoup scénographe, né en 1962, nous parle
d'aujourd'hui. La Gloire et la Renommée arborent le drapeau
irakien et la bannière étoilée. Leurs treillis
rennvoient au malfaisant « choc des civilisations ».
Pourquoi pas ? Le poème romanesque du Tasse, la
Jérusa1em délwrée d'où Quinault a
tiré son ultime livret, chante l'affrontement
islamo-chrétien, avec l'amour comme zone de rencontre
éphémère.
Une (micro) histoire
économique du monde, dansée, jette sur la scène
des images connues. Guantanamo, tortures d'Abou Ghraib,
onmiprésence de la vidéo qui dénonce et
ensorcelle. Armide, voilée, s'avance avec
l'élégance d'une belle de Dubai. La grâce et la
projection soyeuse d'Isabelle Cals portent sans faillir les
colères et les espoirs de ce rôle splendide. Il y a des
scènes troublantes, comme l'acte III où Renaud est
enchaîné au milieu de six MacBook diffusant en diaporama
son visage aveuglé. Le gazon des enchantements est un green de
golf dont les clubs serviront d'armes à la sorcière
arabe. Mais le célèbre «Sommeil» a peu
inspiré le ténor trop vert de Zachary Wilder. La Haine
paraît en 4x4 noir, ses démons sont une compagnie de
sécurité privée."
- Diapason - novembre 2010 - Armide ne
danse pas
"Le Théâtre de
Gennevilliers fait preuve d'une belle audace en programmant cette
Armide de Lully. Car le spectacle qu'il coproduit avec l'ensemble
Mercury Baroque et l'Opéra de Houston n'a pas d'autre
perspective de tournée. On est frappé par l'hiatus
entre les canons de la tragédie en musique et
l'esthétique défendue par Pascal Rambert à la
tête de son Centre dramatique de création contemporaine.
Car pour ancrer la traagédie en musique dans
l'actualité, l'impasse sur la forme, sa cohérence, sur
ses contrastes naturelleement enchaînés était
inévitable. Dépouillée de ses divertissements,
Armide ne danse pas. Conséquence logique, l'orchestre non
plus, qui aère le son pour l'intimité des appartements
royaux plus que pour le théâtre, et surtout cherche en
vain des appuis, un rebond. Malgré le geste clair,
carré même, du chef Antoine Plante, la double-croche
meurt sur la suivante quand elle devrait l'animer.
Pourquoi, dès lors,
s'encombrer du Prologue, qui est juste une allégorie dansante
? Personnifiées par Lauren Snouffer et Sarah Mesko, Gloire et
Sagesse s'échangent leurs étendards aux couleurs de
l'Irak et des Etats-Unis, croisades d'Armide obligent. Ce
théâtre de la mise à nu des conflits
contemporains, que Peter Sellars hier, Krzysztof Warlikowski
aujourd'hui ont élevé au rang de rite poétique,
Pascal Rambert semble n'en avoir retenu que les gadgets, souvent
dérisoires. Effleurant la polémique pour mieux esquiver
les enjeux politiques et religieux que sa dramaturgie attise, il
refuse de prendre parti. Et nivelle ainsi la carte du ten-dre sur
laquelle Armide et Renaud se livrent leur guerre d'amour.
Brouillée tant par l'accumulation des poncifs que par une
étoffe sans séduction ni rage, l'Armide de la mezzo
Isabelle Cals peine à s'incarner. D'autant que sa
déclamation se relâche à mesure que la
tragédie l'enserre. La haute-contre gracile de Zachary Wilder
(Renaud) ne possède pas davantage la carrure du chevalier
chrétien, mais au moins cet amant fortuné instille-t-il
le temps de la Passacaille ces plaisirs que la scène a
abjurés."
- Houston - Wortham
Center - 15, 16 mai 2009 -
Mercury Baroque - dir. Antoine Plante - mise en scène
Pascal Rambert - avec Isabelle Cals (Armide), Zachary Wilder
(Renaud), Tyler Duncan (Hidraot), Lauren Snoffer (Phenice), Sarah
Mesko (Sidonie), Beau Gibson (Haine)

- Théâtre des
Champs Élysées - 8,
10, 12, 14, 16, 18 octobre 2008 - Les Arts Florissants - dir.
William Christie - mise en scène Robert Carsen -
chorégraphie Jean-Claude Gallotta - décors et
costumes Gideon Davey - lumières Robert Carsen et Peter Van
Praet - avec Claire Debono (La Gloire, Phénice,
Lucinde), Isabelle Druet (La Sagesse, Sidonie, Mélisse),
Stéphanie d'Oustrac (Armide), Nathan Berg (Hidraot), Paul
Agnew (Renaud), Marc Mauillon (Ubalde, Aronte), Marc Callahan
(Artémidore), Andrew Tortise (Le Chevalier Danois), Laurent
Naouri (La Haine), Anders J. Dahlin (Un amant fortuné) -
nouvelle production


"Voilà, la vie c\92est
comme cela. On rêve de quelque chose, et ce rêve se
réalise. Les concepteurs du programme vendu pour les
représentations d\92Armide ont eu tort d\92y glisser des photos de
l\92inoubliée production d\92Atys (trois et aussi le frontispice
du programme, mais cela suffit) où Jean-Marie Villégier
réinventait tout un théâtre des émotions
nourri à un vrai souci philologique.
Tout autre chose que le «
so chic » et les médiocres facilités que Robert
Carsen veut nous vendre en place d\92une Tragédie
Lyrique\85.d\92ailleurs est-ce encore du Carsen ? Les touristes d\92un
prologue ridiculement distancié et qui du coup tourne encore
plus à vide, appartiennent à la maison d\92en face, celle
de Laurent Pelly, la haine et son cortège
modérément travelotisés semblent
échappés de quelques messes noires dont Pierre Audi a
le secret. Si, c\92est du Carsen, par le chic des décors et le
glamour des éclairages, la passion du petit personnel \96
gardien et conférencières de musée \96 la
redondance des effets \96 ce sommeil de Renaud enseveli de fleurs et
encore et encore des fleurs \96 l\92érotisme tranquille si
nécessaire (séduction sans danger pour le Chevalier
danois et Ubalde).
Mais est-ce Armide ? Le parti
d\92en rire qui monopolise trop uniment le Prologue et le IV fatigue,
une part du spectacle envahissant la salle et polluant la musique, le
I, faible, ne se trouve pas, ni de rythme ni d\92expression et ici la
direction un peu survolée de William Christie est aussi
à incriminer, au II toute la magie du sommeil est envahie par
un ballet redondant qui meuble mais ne raconte rien.
C\92est le grand problème
d\92Armide, les espaces de divertissement, si on ne veut pas les
considérer avec le souci philologique de restaurer un certain
art de danser, devraient au moins servir à enrichir la
narration, plutôt que de s\92égarer dans une
pseudo-chorégraphie. On ne croit pas un instant au III, avec
sa Haine plutôt gentille qui transforme ses esprits infernaux
en séducteurs partouzeurs. Reste le V où soudain Carsen
se refait directeur d\92acteur. Alors la Tragédie
reparaît, dite, portée, s\92incarnant naturellement.
Armide meurt et crac, les touristes reviennent, massacrant en une
seconde toute l\92émotion qu\92on avait enfin trouvée.
Sacrilège d\92un metteur en scène qui, parce qu\92il tient
à sa petite idée, assassine son vrai travail.
Musicalement aussi on est
resté déconfit : le peu que Renaud a à chanter
indique que Paul Agnew n\92a pas la voix du redoutable chevalier,
Nathan Berg charbonne un peu trop son Hidraot, les hautes-contre (le
Chevalier, l\92amant heureux) sont parfaits mais assez anonymes,
Laurent Naouri peine dans la tessiture basse de la Haine, les
confidentes d\92Armide sonnent un peu pointu, mais une mention
spéciale pour Marc Mauillon, Ubalde et Aronte impeccables.
Et Armide ? Stéphanie
d\92Oustrac n\92a pas exactement la voix de bas-dessus voulue par Lully,
mais on ne peut pas la charger, elle est Armide, et même plus
l\92amoureuse que la magicienne, ce qui donne à son personnage
un degré supplémentaire de séduction qui
dépasse ses simples appâts physiques. D\92où vient
que Les Arts Florissants jouent si peu ensemble ? Soir de
première, cela se fera, mais le spectacle lui, débattu
entre sifflets et bravos, ne changera pas son pelage."
"De style typiquement «
Carsen », la mise en scène joue sur les contradictions de
style, de couleur, d\92interprétation du livret. Un maxi
écran sur scène a annoncé une visite
(filmée) de Versailles, simulée en salle par le ch\9Cur
parmi les spectateurs et expliquée sur scène par la
Sagesse et la Gloire, en tailleur gris et baguette-fouet noire,
oscillant entre des professeures pédantes et des femmes en
talons dans des pratiques sado-masos. Après ce début
bouleversant, tout a été une sorte de
répétitions de lieux communs à partir de
l\92élément fétiche, sexuel par définition
: le lit (du roi, de Renaud, d\92Armide), jusqu\92à la
caractérisation d\92Armide mi-Circé, mi-Salomé.
La scénographie et les
costumes ont fait alterner à la couleur gris-argent symbole du
sommeil, de l\92ennui, de la tristesse et de la mélancolie, le
rouge brillant de l\92amour, de la passion, du sang, de
l\92érotisme, du diabolique, de la haine, de
l\92égoïsme, de l\92amour infernal. C\92est pourquoi le «
bon » Renaud renonçant à la luxure à la fin
de l\92opéra change ses vêtements gris avec les rouges
d\92Armide.
Dans ce portrait scintillant
bicolore, la chorégraphie contemporaine de Jean-Claude
Gallotta associée à la musique a
déterminé une tension et un déséquilibre
qui, contre toute attente, produit une émotion à la
fois inattendue et étrange. La chorégraphie,
calquée sur le langage des signes, paraît se moquer ici
et là des excès de l\92époque.
On se serait attendu à
quelque chose de plus de la part de l\92Orchestre des Arts Florissants
dirigé du clavecin par William Christie. L\92orchestre peine
à trouver son équilibre et les percussions manquent
souvent de précision. Les chanteurs, confrontés
à un livret complexe, suscitent bien l\92émotion
décrite ou évoquée par les paroles grâce
à la prononciation des consonnes et des voyelles, si
importante dans la rhétorique baroque. La déclamation
lyrique créée par Quinault, très respectueuse
des sonorités, des intonations et des accents toniques de la
langue française a été parfaitement
respectée par tous les chanteurs. Stéphanie d\92Oustrac
dans le rôle d\92Armide s\92est imposée sur scène
avec une présence éclatante. Sa voix de mezzo-soprano
d\92une forte intensité dramatique et d\92une égale
sensualité a éclipsé un Renaud (Paul Agnew) un
peu trop ensommeillé. Son timbre de ténor aigu
séduit par une certaine fragilité mais ne traduit pas
son conflit intérieur. Ses valeurs martiales tel que
l\92honneur, la justice, la fierté masculine ne sont pas
déclinées en tant que tourment émotionnel mais
comme simple représentation d\92un conflit quotidien. Quant
à la Haine, Laurent Nouri joue son rôle avec un certain
humour qui touche au ridicule à cause du
déshabillé rouge qu\92il porte.
Bien réussi en revanche
le grand moment de l\92opéra avec l\92extraordinaire passacaille
en sol mineur considérée comme le testament libertin de
l\92époque qui, selon les v\9Cux de Lully, devrait entrainer
l\92auditeur dans une sorte d\92enchantement et de transe\85
"
"Le metteur en scène
canadien donne le ton avant même le début du spectacle,
convoquant un gardien de musée désoeuvré devant
un écran indiquant « prochaine visite à 19h30
» (l'heure de la représentation). Le prologue est
à l'avenant, promenant des touristes en polo dans la salle
encore éclairée ou, par vidéo interposée,
en plein château de Versailles, dans la galerie des glaces et
la chambre du roi, alors que Lully et Quinault chantent la gloire et
la sagesse de Louis XIV. Une dizaine de danseurs du centre
chorégraphique national de Grenoble que dirige Gallotta
apparaissent aussi à l'image, batifolant dans les jardins de
Le Nôtre. Ailleurs, la danse de Gallotta est parfois pas
très lisible ou trop décorative, et sollicite un peu
trop les choristes.
Carsen, lui, a laissé
s'endormir sur le lit du roi un visiteur particulier : c'est Renaud,
le chevalier que la magicienne Armide hait mais dont elle tombera
amoureuse après l'avoir ensorcelé. Dans un décor
gris argent nimbé de voiles joliment éclairé, ou
avec un sol jonché de pétales de roses rouges, le
metteur en scène compose de bien belles images, mais peine
à les animer d'une tension constante. Même
l'échappée bouffe du IVe acte est fort sage. Le
Canadien recueille quelques huées aux saluts, mais peu importe
puisque le théâtre est dans la fosse. Christie dirige en
effet d'une main impérieuse un orchestre charnu et
contrasté (la percussion !), quand il ne fait pas
crépiter son clavecin pour le continuo servant d'écrin
aux récitatifs, là où la fusion entre le mot (de
Quinault) et la note (de Lully) est à son
sommet.
La distribution est
formée de chanteurs pour la plupart rompus à l'art de
la déclamation lyrique. Si le ténor écossais
Paul Agnew déçoit par ses aigus fragiles et
altérés, Stéphanie d'Oustrac impose en Armide
une forte incarnation de tragédienne, torche vive dans sa robe
rouge sang.
Les confidentes de la
magicienne (la soprano maltaise Claire Debono, la mezzo Isabelle
Druet) sont d'une éloquence remarquable, tandis que le
baryton-basse Laurent Naouri est La Haine avec beaucoup de
caractère, façon Méphisto
travesti."
"Une bordée de
huées a accueilli le metteur en scène Robert Carsen
à l'issue de la première représentation
d'Armide, de Lully, que présentait, le mercredi 8 octobre, le
Théâtre des Champs-Elysées à Paris.
Pourtant, cette fois encore, le Canadien s'est tenu dans les limites
paresseuses d'un bon chic bon genre visuel (entre le gris
perlé des vitrines Dior, en face, avenue Montaigne, et la
jonchée de roses rouges du film American Beauty) et a tout
organisé autour d'un seul concept fétiche (le lit du
roi), décliné ad nauseam, sur fond de mise à
distance de l'objet historique référencé que
constitue cet opéra Grand Siècle : on commence par une
visite filmée de Versailles, au cours de laquelle un touriste,
Renaud, s'endort sur le lit du roi. A la fin de l'ouvrage, juste
après le climax qui voit Armide s'occire, on revient à
la visite grotesque du début. Ah ! Ce n'était qu'un
rêve...
Armide est une méchante
tentatrice, elle est donc en déshabillé rouge. Les
esprits infernaux qu'elle excite sont bien sûr vêtus de
la même tenue. Quand Renaud, devenu à son tour cruel,
quitte Armide, comment Carsen l'habille-t-il ? De rouge, bien
sûr. On reste ébahi devant l'usage de telles ficelles
conceptuelles qui, par leur choix, obligent de surcroît
à doubler, voire à tripler, des préludes et
postludes pour meubler en musique les encombrements "dramaturgiques"
de Carsen.
Le chef William Christie
manque de précision et peine à trouver un
équilibre dans la conduite des cinq actes de l'ouvrage. Les
deux premiers défilent dans une sorte de flux presque
indifférent, d'autres moments s'amollissent (le dernier air
d'Armide) ou tombent d'eux-mêmes (l'acte IV, une scène
de comédie souvent coupée). Il réussit en
revanche la scène de ballet de l'acte II. La chanteuse
Stéphanie d'Oustrac (Armide) compense ses faiblesses (raideur
et émission basse des aigus) par une présence
rayonnante et une diction parfaite. En Renaud, Paul Agnew, fin
musicien habitué de ces rôles de ténor aigu,
semblait absent et a eu un long trou de mémoire au cours du
"Sommeil", le moment le plus connu de la partition.
L'élément le
plus convaincant de la soirée est la chorégraphie de
Jean-Claude Gallotta, qui ne moque pas le legs baroque et parvient
à finement réinventer une rhétorique aussi libre
que respectueuse."
"Un Lully un peu trop sage -
Un spectacle habile, dans lequel la musique prime sur le
théâtre - Musicalement, il serait malvenu de faire la
fine bouche, même si l'on a connu les « Arts flo »
plus précis et plus disciplinés. Le son est
agréable, vibrant, nourri, le continuo riche (deux clavecins,
deux théorbes, une basse de violon, une viole de gambe), la
narration véloce ; la direction de Christie trouve à
s'épanouir dans ce style français qui est son domaine
d'élection. La finesse sans le maniérisme, la noblesse
sans l'emphase, histoire de prouver à ses détracteurs
que Lully est tout sauf compassé : voilà qui aide
à la dynamisation du récit.
Voix équilibrées
et homogènes - L'équipe vocale chargée de
défendre cet « opéra des dames », puisque tel
était son surnom, est équilibrée et
homogène, maîtrisant aisément la langue et la
prosodie, et rendant justice aux vers majestueux et enflammés
de Philippe Quinault. Claire Debono (La
Gloire/Phénice/Lucinde) et Isabelle Druet (La
Sagesse/Sidonie/Mélisse) font assaut d'élégance
primesautière ; Marc Mauillon (Aronte/Ubalde) et Andrew
Tortoise (Le Chevalier danois) manient l'humour avec distinction et
discrétion ; Anders J. Dahlin (Un amant fortuné), Marc
Callahan (Artemidore) les rejoignent dans la musicalité et la
justesse stylistique ; et Laurent Naouri (La Haine) met à
profit ses talents de comédien. La classe de Paul Agnew est
indéniable, la clarté de son timbre, l'impact de sa
diction pourraient servir d'exemple. A ses côtés,
Stéphanie d'Oustrac, à la voix naturellement
émouvante, fièrement projetée dans le registre
supérieur et débarrassée de certaines
opacités qui lui ôtaient une partie de son pouvoir
d'émotion.
Pourquoi faut-il que ce
Renaud, que cette Armide, qu'on a plaisir à voir et entendre,
ne poussent pas davantage la caractérisation
théâtrale et ne fassent pas mieux sentir
l'évolution de leur personnage ? La mise en scène de
Robert Carsen les aide-t-elle vraiment ? L'idée de situer le
prologue de nos jours, alors qu'il glorifie Louis XIV, et de faire de
la Gloire et de la Sagesse deux guides menant des troupeaux de
touristes dans le château de Versailles n'est ni très
drôle ni très originale, pas plus que l'utilisation de
la vidéo ou que la chorégraphie gentillette de
Jean-Claude Gallotta. Le retour au XVIIe siècle, dans les
décors et costumes de Gideon Davey, est prétexte
à quelques jolies images, à des effets de gris, noir et
rouge (le sommeil de Renaud au milieu de fleurs) mais comme souvent
chez Carsen le propos est plus décoratif que vraiment profond.
La tragédie lyrique se doit d'être autrement plus
passionnée. Faire un spectacle efficace et de bonne tenue ne
suffit pas pour réussir une vraie mise en scène.
Intéressé, alors qu'il eût aimé être
touché, tant la musique est superbe, le spectateur est
malgré tout satisfait que Lully ne soit pas
trahi."
"La tragédie lyrique a
atteint ces dernières années en France une remarquable
maturité, sans tomber dans la routine. Après le
Châtelet pour les Paladins de Rameau, c'est le
Théâtre des Champs-Élysées qui accueille
une production très aboutie des Arts Florissants, qui
dialoguent à nouveau très richement avec un grand
chorégraphe, aujourd'hui Jean-Claude Gallotta. On
espère que des productions de ce niveau survivront à la
crise économique et que la Caisse des Dépôts,
entre deux banques à sauver de la faillite, trouvera encore
son intérêt dans le mécénat culturel !
Pendant cette soirée,
l'impression la plus forte est de recevoir cet opéra de
manière aussi directe que par exemple la Traviata, en
étant pris "par les tripes", au premier degré, sans
distanciation, sans "pose". L'expérience accumulée par
tous les artistes leur permet de s'engager désormais dans ce
répertoire avec un parfait naturel, une entière
sincérité, sans se brider en ayant la tête farcie
de traités d'ornementation et de style. Quinault et Lully en
ressortent grandis, pères d'une oeuvre d'une remarquable
efficacité dramatique. Un beau contraste par rapport à
la production de 1992 ici-même, sans unité ni
élan, visuellement laide et musicalement peu
convaincante.
Le travail d'équipe des
metteurs en oeuvre de cette production est remarquable. La direction
de William Christie est d'une vitalité renouvelée, la
mise en scène de Robert Carsen d'une intelligence presque
discrète, la chorégraphie de Jean-Claude Gallotta
à la fois moderne et parfaitement intégrée.
Comme c'était le cas pour les Paladins, tous les
interprètes ont gagné au contact du chorégraphe
: tous les mouvements scéniques sont merveilleusement justes
et comme chorégraphiés.
Devant cette réussite
exemplaire, on est stupéfait (plus encore que choqué)
qu'une partie du public ait pu huer le metteur en scène venu
saluer. Qu'attendaient-ils d'autre, et par quoi ont-ils pu être
déçus ou heurtés? Par une séduisante
apparition féminine presque nue? Par une traduction trop
dépouillée des ors et des argents versaillais, rendus
par la lumière plus que par le stuc? Par la cohorte des
choristes assaillant de leurs baisers Stéphanie d'Oustrac
"livrée à l'amour" par la Haine? Pensent-ils qu'une
version de concert leur aurait offert la même qualité
d'émotion, sans le remarquable travail de direction d'acteurs
effectué? Par indulgence, nous supposerons que cette frange
excessivement cultivée du public aura été
choquée de la suppression de la scène 3 de l'acte
V!
Étrange flottement en
effet que celui créé par cette suppression : Renaud
vient de chasser les Plaisirs qu'il est incapable de goûter en
l'absence d'Armide, et quand celle-ci revient, lui s'éloigne
vaguement dans le fond, avec une gauche veulerie plus
houellebecquienne que lullyenne! Il a tout bonnement
décidé, finalement, de préférer la Gloire
à l'Amour! Il n'a eu aucun besoin du bouclier de diamant
apporté par Ubalde et le chevalier danois pour rompre
l'enchantement! Armide n'a d'ailleurs guère besoin de
démons non plus. Il y a bien des bergères ou des
nymphes qui dansent de ci de là, mais ils font tapisserie
plutôt que d'être les agents implacables d'une
Maîtresse. Pas d'envol dans les airs, pas d'exil, de
retraite... Robert Carsen a-t-il voulu débarasser les
éternelles passions humaines de leurs déguisements
d'époque? Restent des êtres de chair et un texte, celui
de Quinault. Pour comprendre sa tragédie, on ne peut pas se
contenter du jeu scénique : il faut ce soir suivre tous les
mots prononcés. Sinon on ne comprend pas non plus le
comportement d'Hidraot avec Armide, qui ressemble à celui d'un
prétendant éconduit alors qu'il est son
oncle.
Il est vrai que
Stéphanie d'Oustrac, et Armide avec elle, est bien
séduisante, fatale! Les lumières rasantes mettent en
valeur l'éclat des yeux, les expressions du visage, aussi
fulgurantes que les éclats vocaux. À nouveau en grande
forme vocale, Stéphanie d'Oustrac incarne totalement son
personnage, que l'on entendait et espérait déjà
dans sa Médée de Thésée il y a dix ans
sous la baguette du même Christie.
Tout le plateau vocal est d'un
niveau qui rend la critique assez vaine. Tout au plus pourrait-on
reprocher à Nathan Berg un manque de clarté de son
texte? Paul Agnew est ce soir d'une "solide fragilité", c'est
à dire que son timbre élégiaque séduit
par sa fragilité, tout en ne montrant pas de signes de
faiblesse! Il échappe en tout cas à l'empâtement
et à la raucité dont il est parfois victime. Laurent
Naouri est égal à lui-même, mais sa scène
de la Haine est à mon sens la plus faible de la soirée.
On n'y croit simplement pas. Un tempo d'abord trop rapide contraint
Naouri à avaler le quart de son texte. Les
déshabillés rouges qui vêtent pareillement hommes
et femmes n'assoient pas davantage son autorité, non plus que
son apparition debout sur le lit, position plutôt faible,
ridicule et inconfortable. Après une danse bien doucereuse des
suivants de la Haine, il n'est pas étonnant qu'Armide repousse
facilement son secours. Une fois repoussé, Laurent Naouri
chante d'ailleurs de manière bien plus
crédible.
Marc Mauillon séduit
comme déjà à sa sortie de conservatoire et
depuis. Son instinct de comédien lui fait trouver des accents
saisissants pour "c'est lui-même", dans un grave mordant
très ouvert, ou plus tard pour "molle oisiveté", dans
une coloration opposée. Isabelle Druet n'a pas ici de quoi
épanouir le talent qu'elle manifestait en sortant du
même conservatoire. Andrew Tortise en chevalier et Anders J.
Dahlin s'affirment de manière intéressante dans leurs
tessitures élevées.
L'un des seuls
désagréments de la soirée est produit par
l'amplification excessive du continuo, qui crée des effets
étranges de spatialisation et de durs échos du son
contre les balcons. Le traitement du continuo par Christie est
déjà bien moins sec que jadis, se rapprochant
plutôt de celui de René Jacobs. Si le son en
paraît cependant toujours trop faible, pourquoi ne pas enrichir
encore sa trame musicale et son effectif plutôt que de recourir
à des artifices électroniques ?
Robert Carsen utilise bien la
salle, où il fait circuler puis chanter les choristes du
prologue. Ubalde et le Chevalier arrivent aussi sur scène
à travers la salle, où les spectateurs figurent
plaisamment les "monstres horribles" qu'ils croisent. Les
décors minimalistes sont superbement mis en valeur par la
lumière diversement dorée ou argentée. La
scène pastorale de l'acte II ("Plus j'observe ces lieux...")
se noircit d'un coup à l'arrivée d'Armide ("Enfin, il
est en ma puissance"), les roses rouges y restant les seuls points de
couleur.
Le Prologue se joue au
château de Versailles, lors d'une visite touristique. Les
danses du prologue sont ainsi entièrement filmées et
projetées. Elles parviennent à rester presque
parfaitement synchronisées avec la direction de Christie,
temporairement transformé en accompagnateur de film
muet.
Le touriste Paul Agnew
s'endort sur un lit à baldaquin, avant de se réveiller
lors d'un bref épilogue qui permet de retrouver le
château. Sur le lit où elle s'était
poignardée (ce qui est plus moderne et aussi plus facile que
de s'envoler dans les airs), Armide est remplacée par Paul
Agnew, réveillé par la guide du groupe suivant. Paul
Agnew aura donc rêvé la tragédie d'Armide. Bien
que ce soit une des ficelles les plus usées de la mise en
scène, ce n'est qu'en tapant ces mots que j'y pense!
Manifestement, cet enrobage plaisant n'ajoute ni ne retire rien
à la qualiét dramatique des cinq actes qu'il enserre.
Il rend juste le spectacle un peu plus total, mais l'essentiel se
joue tous les soirs sur le plateau et dans la fosse !"
- Opéra Magazine - novembre 2008 - 10
octobre 2008
"Prochaine visite à 19
h 30 : l\92indication figure sous le beau tableau de Jean-Baptiste
Martin représentant Versailles au XVIIe siècle,
projeté en fond de décor avant même que l\92oeuvre
commence. derrière un cordon de séparation et à
côté d'un gardien assoupi. Deux
conférencières expansives guident peu après un
groupe de touristes, tandis que défilent sur l\92écran
autant de peintures de Louis XIV et de vues intérieures du
château, bientôt suivies du ballet des visiteurs, dans la
Grande Galerie puis dans le parc.
On s\92inquiète un peu de
ce début, dont le parti de mise à distance. en
même temps que la volonté d\92ancrage dans le monde
contemporain, créent un hiatus tout de même bien brutal
avec la beauté du Prologue, heureusement conservé.
Prologue qu\92il est, dans ces conditions, difficile d\92apprécier
jusqu\92à ce que la dernière image \97 un visiteur (le
futur Renaud) s\92endormant dans le lit même de Louis XIV \97
enchaîne avec le début de la Tragédie. Transition
brillante, en « fondu enchaîné » pour ainsi
dire, avec la même scène, déployée dans le
décor très radiné de Gideon Davev : la chambre
du Roi certes, mais stylisée, dépouillée,
plongée dans une lumière gris argenté,
dédoublée par tus beau reflet, et derrière la
balustrade, le lit d\92où se lève bientôt Armide.
Il s\92agit donc d\92un rêve. justifiant le climat onirique de
l\92ensemble de la production, pour une oeuvre où le songe et le
sommeil tiennent aussi la place que l\92on sait. Le finale bouclera la
boucle, avec le retour des guides et des touristes photographiant la
chambre.
Outre que le parti de mise en
scène n\92est pas vraiment nouveau, on n\92est pas sûr qu\92il
soit le plus pertinent pour faire revivre l\92ultime «
tragédie en musique » de Lully (Paris, 1686), dans son
rendez-vous manqué avec le souverain. En effet, l\92oeuvre fut
créée à la Ville (et non à la Cour...) et
Louis XIV refusa d\92assister aux représentations, ce qui a
conduit certains auteurs à parler d\92échec le soir de la
première, alors que le succès public fut
d\92emblée au rendez-vous. Et l\92on ne peut s\92empêcher de
comparer avec le Thésée de Jean-Louis Martinoty,
joué la saison dernière sur cette même
scène, où la figure royale servait à
l\92élaboration d\92un concept autrement convaincant. Pour autant,
avec cet imaginaire, Robert Carsen est lui aussi dans son royaume, et
la suite, d\92une qualité plastique toujours de premier ordre,
malgré le décor unique et l\92absence de recours aux
machineries, donne lieu à de nombreux tableaux d\92une
intensité saisissante.
Le spectacle, en plus,
bénéficie du concours particulièrement efficace
de la chorégraphie très inventive de Jean-Claude
Gallotta, avec ses excellents danseurs du Centre
chorégraphique national de Grenoble. Elle allie
références au classicisme et danse contemporaine, en
intégrant magistralement le choeur des Arts Florissants pour
culminer dans un ensemble véritablement inspiré, au
moment magique de la passacaille du V. Pour le reste, la
représentation repose sur le très lourd
rôle-titre dans lequel Stéphanie d\92Oustrac s\92engage
magnifiquement, dès qu\92elle se dresse du lit, seule en rouge
au milieu de l\92harmonie des gris. Tempérament de feu (ce n\92est
plus une surprise) mais sachant nuancer, beau timbre, solidité
de l\92aigu, largeur des graves, grande séduction en
scène : le personnage lui va à merveille. Et c\92est elle
qui réveille des passages qui tendraient à languir, tel
son « Enfin, il est en ma puissance ».
Son environnement est de haut
niveau du côté des dames avec deux suivantes aux
rôles multiples : Claire Debono et Isabelle Dmet.
Bénéficiant de la même superbe direction
d\92acteurs, le groupe masculin est plus inégal, mais on y
distingue le très joli timbre du jeune Andrew Tortise, la
belle fermeté et le noir profond de Laurent Naouri, tels qu\92on
les attend dans l\92intervention relativement brève et ingrate
de la Haine (étonnant double d\92Armide, sortant du même
lit, et tentant de l\92embrasser, en une scène
particulièrement puissante !), ou le relief de 1\92Hidraot de
Nathan Berg, très bien accordé à
l\92héroïne pour le magnifique duo « Esprits de haine
et de rage ».
Après son
Thésée de la saison dernière, Paul Agnew dont le
Renaud est fort peu héroïque, nous pose problème.
La technique n\92est certes pas en cause, mais le style
d\92interprétation reste celui d\92il y a une bonne vingtaine
d\92années, pour ce fidèle de la première heure de
William Christie. Il est aujourd\92hui le seul sur le plateau à
chanter avec ces oscillations constantes de volume, ce soutien
volontairement inégal, qui passaient alors pour le seul mode
adéquat de l\92expressivité baroque : le contraste est
gênant, en particulier avec sa partenaire principale dans le
duo du V.
Le chef lui-même n\92a pas
varié depuis les représentations parisiennes d'Atys en
1987, avec un orchestre des Arts Florissants impeccable \97 mais qui
n\92est pas réaccordé après le 1, et baisse alors
sensiblement. L\92ensemble procède sûrement et d\92un pas
égal, avec sagesse, parfois non sans un peu d\92ennui dans cette
oeuvre souvent en demi-teinte, voire mélancolique. Hors les
interventions d\92une percussion surhaussée par rapport à
l\92orchestre, on souhaiterait parfois des accents plus vigoureux, des
contrastes plus marqués... Pour autant, rien ne dépare
une production que l\92on espérait peut-être plus
irrésistiblement et uniment enthousiasmante, mais qui reste au
total d\92une haute tenue."
"Créée
triomphalement le 15 février 1686 à Paris, l\92ultime
tragédie lyrique due au génie de Lully et Philippe
Quinault marque l\92apogée de la collaboration entre le
compositeur et le poète. L\92\9Cuvre appartient à une
série d\92opéras abandonnant les sujets mythologiques
pour des thèmes issus de récits de chevalerie,
déjà abordés dans Amadis (1684) et Roland
(1685).
L\92architecture rigoureuse de
l\92\9Cuvre en cinq actes précédés d\92un prologue
à la gloire de Louis XIV, où la Gloire et la Sagesse se
flattent de régner de concert dans le c\9Cur du monarque, dresse
avant tout le portrait saisissant d\92une magicienne asservissant ses
ennemis grâce à ses enchantements sans jamais succomber
elle-même à l\92amour. Seul, Renaud échappe
à son pouvoir et Armide résout alors de tout mettre en
\9Cuvre pour le vaincre. Pris au piège des illusions d\92Armide,
le guerrier tombe au pouvoir de la magicienne qui ne peut pourtant
l\92immoler. Réalisant qu\92elle aime Renaud malgré elle,
mais désirant garder sa liberté et le contrôle de
ses sentiments, Armide fait appel à la Haine pour extirper
l\92amour de son c\9Cur. Renonçant finalement à son
dessein, la magicienne provoque le mépris de la Haine qui
l\92abandonne au pire sort qui soit : celui d\92aimer réellement
Renaud qui ne reste auprès d\92elle que grâce à la
magie dont elle use à son égard. Tandis que le
héros est pris dans les rets de la magicienne, deux de ses
compagnons tentent de le retrouver et de le libérer.
Recouvrant la raison, Renaud quitte Armide, provoquant son
désespoir, puis sa colère. La magicienne abandonne son
palais qui s\92effondre immédiatement à ses ordres.
Ce thème qui
s\92accordait avec le goût du public de l\92époque pour
l\92exotisme, le merveilleux et les machineries spectaculaires
(l\92effondrement du palais d\92Armide dans les décors de Berain
fut d\92ailleurs reproduit sur le frontispice de l\92édition de
l\92opéra publiée chez Ballard dès 1686) n\92est pas
sans évoquer celui d\92Alcina, et c\92est sans doute ces
similitudes qui poussèrent Robert Carsen, auteur d\92une belle
mise en scène de l\92Alcina de Haendel à l\92Opéra
Garnier en 1999, à modifier la fin de l\92\9Cuvre. Dans la vision
proposée au Théâtre des Champs-Elysées,
Armide se poignarde, telle une s\9Cur lointaine d\92Alcina, au risque de
rendre le livret incohérent, affadissant ainsi sans raison ce
personnage redoutable et finalement presque inhumain (malgré
le basculement spectaculaire de l\92acte III).
La mise en scène de
Robert Carsen dans des décors et costumes de Gideon Davey
laisse un fort sentiment de « déjà-vu ». Le
spectateur y retrouve en effet quelques constantes du travail du
metteur en scène canadien très présent à
Paris : décors sobres et écrasants, goût pour des
nuances neutres contrebalancées par des couleurs très
vives (ici le rouge qui vêt Armide et les démons qu\92elle
conjure), éclairages soignés jouant volontiers sur les
clairs-obscurs\85 Le prologue conçu en interaction avec le
public, à l\92image de l\92Ariadne auf Naxos
présentée cet été au festival de Munich,
est traité avec dérision. Robert Carsen convie le
spectateur à une visite de musée, en l\92occurrence
Versailles, avec guides célébrant la gloire de Louis
XIV à grand renfort de projections vidéo, et touristes
bruyants se mettant à danser impromptu dans la galerie des
glaces et les bosquets. Parmi eux, « Renaud » s\92endort sur
le lit du roi : Armide est donc le rêve de ce touriste
égaré dans le palais enchanté. La « fin
» boucle la boucle en quelque sorte, en insérant un
« épilogue » en lieu et place de l\92effondrement du
palais d\92Armide : la cohorte de touristes découvre un homme
endormi sur la couche royale, véritable sacrilège.
Agaçant dans le prologue, ce parti pris anéantit
l\92effet dramatique de la conclusion de la tragédie. Les actes
II et III sont les plus réussis, à défaut
d\92être très originaux (on a l\92impression de revoir un
mélange d\92Alcina et des Boréades), grâce à
quelques images saisissantes telles que la conjuration des
démons (acte II, scène 2), l\92apparition soudaine
d\92Armide à la fin de l\92acte II, ou celle de la Haine,
vêtue de rouge tel un double maléfique de la magicienne
amoureuse (acte III, scène 4). En revanche, le
célèbre monologue d\92Armide « Enfin, il est en ma
puissance » est « contredit » par la
scénographie imposant à Armide de se dépouiller
de ses vêtements dès son entrée et anticipant la
fin de l\92acte qui verra la capitulation de la magicienne. L\92acte IV
qui marque une légère pause dans la progression de la
tragédie est traité en contrepoint du drame, en un
comique appuyé. Pour une raison qui nous échappe, la
scène du retour à la raison de Renaud, indispensable
à la compréhension de son départ qui cause la
fureur de la magicienne, a été coupée (acte V,
scène 3).
La danse, si importante dans
cette \9Cuvre, a été confiée au chorégraphe
Jean-Claude Gallotta qui semble hésiter entre deux styles :
quelques reprises d\92un vocabulaire baroque immédiatement
démentis par une gestuelle heurtée, et des ballets qui
se veulent lascifs mais si répétitifs qu\92ils finissent
par distiller un subtil ennui.
En dépit des faiblesses
de la mise en scène et de la chorégraphie, la partition
de Lully laisse une impression indélébile tant les
moindres éléments y sont poussés à la
perfection : équilibre de la composition entre scènes
déclamées et danses, beauté et
expressivité des récitatifs, variété des
formes, caractérisation subtile de la redoutable magicienne.
William Christie à la tête de l\92orchestre et du ch\9Cur
des Arts florissants (parfaits) dirige l\92\9Cuvre en prêtant une
grande attention à l\92équilibre des pupitres, aux
changements d\92atmosphères (transition remarquable de la
scène de la fuite de Renaud et de la conjuration des
démons à l\92acte II scène 2), aux couleurs, et
à la dynamique (danses très enlevées, sommeil de
Renaud d\92une rare poésie, acte II scène 3).
Dans le rôle
écrasant d\92Armide, réclamant autorité et
charisme, Stéphanie d\92Oustrac est admirable : la voix est
à l\92aise sur toute la tessiture, et les inflexions
épousent les moindres nuances du texte de Quinault et de sa
traduction en musique. Elle est aussi convaincante en princesse
altière et orgueilleuse qu\92en magicienne
ébranlée par l\92amour qu\92elle ressent malgré
elle, ou en sorcière vengeresse, et ce, malgré
l\92orientation de la mise en scène. La voix gracieuse de Paul
Agnew a semblé fatiguée au début de l\92acte II,
le chanteur paraissant plus à l\92aise dans les passages
purement poétiques que guerriers, livrant un magnifique air du
sommeil (acte II, scène 3). Les petits rôles sont dans
l\92ensemble un trop légers (les bergères et nymphes de
Francesca Boncomagni, Violaine Lucas et Virginie Thomas,
l\92Artémidore de Marc Callahan), l\92Hidraot de Nathan Berg assez
terne à l\92aigu parfois détimbré, mais on
distingue la Haine de Laurent Naouri retrouvant toute son
autorité après une entrée très tendue et
l\92Amant fortuné de Anders J. Dahlin au très beau
phrasé. La Phénice de Claire Debono, soprano au joli
timbre fruité et la Sidonie de Isabelle Druet, parfois en
peine dans le registre grave au prologue (rôle de la Sagesse),
sont très bien, alors que les deux chevaliers (Marc Mauillon
et Andrew Tortise) ont sans doute pâti du traitement
résolument « bouffe » de leur
rôle."
- Washington - Clarice Smith
Performing Arts Center - College Park MD - 4 février 2007 - version de concert -
Opera Lafayette - New York Baroque Dance Company - dir. Ryan Brown
- chorégraphie Catherine Turocy - avec Stephanie Houtzeel
(Armide), Robert Getchell (Renaud), François Loup (Hidraot,
Ubalde), William Sharp, Miriam Dubrow, Tony Boutté, Ann
Monoyios - édition préparée par Lois Rosow,
professeur à l'Ohio State University
- Toronto - Elgin Theatre
- 5, 6, 8, 10, 11, 12 novembre 2005 - dir. Andrew
Parrott - mise en scène Marshall Pynkoski - avec Stephanie
Novacek (Armide), Colin Ainsworth (Renaud), Monica Whicher
(Phenice), Jennie Such (Sidonie), Olivier Laquerre (Chevalier
Ubalde/Artemido), Alain Coulombe (Hidraot), Michiel Schrey
(Chevalier Danois), Curtis Sullivan (La Haine/Aronte) -
première représentation en Amérique du
Nord


- Opéra
d'Anvers 15, 17, 19, 20, 22
novembre 1992 -
Théâtre des Champs Elysées - 30 novembre, 2, 4, 6, 8 et 9 décembre
1992 - Compagnie Larsen - Choeur et Orchestre du Collegium Vocale
de Gand - dir. Philippe Herreweghe - mise en scène Patrice
Caurier et Moshe Leiser - chorégraphie Stéphanie
Aubin - décors Christian Fenouillat - costumes Elisabeth
Neumüller - lumières Hervé Audibert - avec
Sylvie Brunet (Armide), Howard Crook (Renaud), Véronique
Gens (Phénice, la Gloire), Noémi Rime (Sidonie, la
Sagesse), Gilles Ragon (le Chevalier Danois), Luc Coadou
(Aronte)
"Le plateau, vide de
tout décor, est animé par les glissements verticaux ou
latéraux de toiles peintes abstraites...Ce qui reste le plus
important, c'est l'omniprésence de la chorégraphie,
bien dans l'esprit d'une oeuvre dont la danse est (avec le
récitatif) la constituante essentielle...Les costumes,
très colorés, participent de cette séduction
visuelle, à laquelle ils ajoutent une touche de
drôlerie...La direction de Herreweghe est affectée des
mêmes limites : extrêmement précise dans ses
intentions et ses contours, elle inhibe les chanteurs plus qu'elle ne
les inspire, et ce en dépit d'ensembles (le choeur !)
superbes...La voix de Sylvie Brunet possède une pâte et
une projection rares, mais la diction ouverte, vieillotte,
très "année cinquante" semble aussi mal adaptée
à la subtilité du genre que de moyens vocaux dont elle
est forcée de contrôler en permanence
l'adéquation du style. Il s'agit malgré tout d'une
interprète à l'incontestable présence dramatique
qui rend à Armide sa dimension tragique, parfois trop
occultée au cours d'un spectacle fort
controversé."
- Arma - Académie
d'opéra baroque - 1989 - mise en scène
Michel Verschaeve
- Théâtre des
Champs Elysées - 27
janvier 1983 - version de concert - dir. Philippe Herreweghe -
avec Rachel Yakar (Armide), Zeger Vandersteene (Renaud),
Danièle Borst (Phénice, la Gloire), Suzanne Gari
(Sidonie), Greta de Reyghere (la Sagesse), Isabelle Poulenard,
(une Bergère) Ulrich Cold (Hidraot), Martin Engel (Ubalde,
Artémidore), Guy de Mey (le Chevalier danois), Ulrich
Studer (Aronte, la Haine)
"Philippe Herreweghe a eu le
courage de s'attaquer à l'Armide"..."La partition que Philippe
Beaussant et Renaud Machart ont dû reconstituer et dont ils ont
donné une version délicatement ouvragée et
orchestrée"..."Musique extrêmement
dépouillée, aux reliefs volontairement
émoussés"..."Renaud, pas plus qu'Armide, ne pouvaient
nous combler, car trop souvent en coquetterie avec la justesse"..."ce
furent les seconds protagonistes qui nous comblèrent le
mieux"..."Même avec ses faiblesses, cette Armide marque une
date dans la résurrection de l'opéra français au
XVIIIe siècle".
"La version de concert
fut accueillie avec enthousiasme par un public qui découvrait
la complexité de la musique de Lully qu'on avait tendance
à juger linéaire" (Opéra International - avril
1983)
- Festival de Wiesbaden
- 1959 - reprise de la version révisée
par Henri Busser
- Bordeaux - 1957
- version révisée par Henri Busser
- Monte
Carlo - 6 avril 1918 -
première reprise en version scénique - avec Croiza,
Campagnola
- Florence - 12 mai 1911 - version de concert
- Schola
Cantorum - Paris - 24 novembre
1905 - version de concert
- Conservatoire de
Bruxelles - 1887 - extraits
- Conservatoire de Paris
- avril 1832 - Monologue d'Armide - à
l'initiative de François-Joseph Fétis - Membres du
Conservatoire dirigés par François Habeneck
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