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La Terrasse - mai 2005
Classica - juin 2005 - 6 mai 2005
Le Journal des Arts Florissants - mai/août 2005 "Composé alors que Le Ballet des Muses, où il s’insère in extremis, a déjà déployé ses fastes, Le Sicilien ne respecte plus ces limites, ne répartit plus les rôles. Un acte, un seul, au cours duquel, chassées par la porte, musique et danse rentrent par la fenêtre, bousculant tout sur leur passage sans interrompre l’action. Des transitions insensibles, si brusques soient-elles, mènent de la parole au chant, du jeu d’acteur à la danse. C’est un joyeux rnelting-pot, un cocktail carnavalesque. Thalie, Érato, Terpsichore boivent à la même coupe, se grisent d’un même nectar. La comédie-ballet accouche d’une comédie musicale. Quand il affiche à Paris ses triomphes de Versailles ou de Saint-Germain, Molière ne lésine pas. À la seule exception de George Dandin, il n’ampute de leurs divertissements aucune de ses comédies-ballets. Toujours plus nombreux de saison en saison, musiciens et danseurs pèsent de plus plus lourd dans les dépenses de la troupe. Couronnant cette évolution, les travaux entrepris en 1671 dotent le Palais~Royal d’un espace réservé à l’orchestre, entre parterre et plateau. Il s’est pourtant trouvé de bons esprits pour nier l’évidence et rejeter cette part essentielle de l’héritage moliéresque. Réputé "sinistre" par la critique du XIXe siècle finissant, Lully est alors banni de la Comédie-Française. En 1891, L’Amour médecin y est donné sans ses intermèdes. S’il récupère « des thèmes de Lully» en 1939, c’est dans un arrangement de Manuel Rosenthal. Pour Le Sicilien de 1892, Saint-Saëns appelle à la rescousse Rameau, Bach et Campra dont il agence un patchwork. Le XXe siècle s’est montré moins cruel et telle ou telle des grandes comédies-ballets a parfois retrouvé, dans la Maison de Molière, sa partition originale. Mais la dernière reprise de L’Amour médecin y remonte à 1956;celle du Sicilien à 1931. William Christie, depuis lors, et Les Arts Florissants avec tout le mouvement "baroque" ont fait passer Lully par un bain de jouvence. Nous ne recevons plus ses compositions comme des pièces de musée, intéressantes pour les connaisseurs, attendrissantes pour les nostalgiques, mais comme porteuses d’un plaisir actuel, riches de virtualités inexplorées. Merci donc à Marcel Bozonnet d’avoir voulu nous réunir en ce bonheur."
Références Musicologie - 30 mars 2005