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Opéra International - septembre 2004 "...le rare Flaminio, que l'on n'avait plus revu depuis Lille en 1994, dans une mise en scène de Roberto De Simone. Après L'Olimpiade donnée l'an passé, Beaune continue, avec cette brillantissime comédie en musique, la redécouverte des oeuvres de Pergolèse. Datée de 1735, elle est l'une des dernières de sa main, le jeune homme devant mourir moins d'un an plus tard. Pour cette recréation était invitée i'Accademia Bizantina d'Ottavio Dantone, orchestre basé à Ravenne et découvert au disque, cette année, en accompagnateur d'Andreas Scholl. Après une ouverture sémillante où les cordes mirent de longues minutes à trouver leur accord, le très jeune ténor Giovanni Botta (Polidoro) entama une cantilène dont les trente premières mesures ont immédiatement placé le génie de Pergolèse au dessus du talent de ses contemporains napolitains : Vinci et Sarro. Ici un partamento élégiaque où coule déjà la manière de Bellini, là une sicilienne subtile balancée entre les cordes. Suit la brillante mise en boîte du rituel air de bravoure du castrato. Chaque note concourt à placer la partition, si moderne par son mélange de tendresse et d'ironie, parmi les chefs-d'oeuvre oubliés du XVIIIe siècle. L'intrigue érotique, raffinée jusqu'au maniérisme, se partage entre quatre caractères (relativement) nobles et un trio (très) comique. C'est aux premiers que revient le toscan académique et la vocalité athlétique, où l'impressionnant alto d'Anna Bonitatibus (Flaminio) recueillit des bravi échevelés. Vocalement tout aussi sollicitée, Roberta lnvernizzi (Agata) débrouilla, avec une dommageable acidité, le désarroi affectif de son personnage. Sonia Prina (Giustina) mit au service de nombreux airs tendres le moelleux de son beau mezzo. Mais les grands triomphateurs furent, outre Giovanni Botta, vraie voix di grazia que l'on languit d'entendre dans les rôles de ténors rossiniens, Laura Cherici (Checca) et Filippo Morace (Bastiano). La première offrit au jeu de son compère, basso buffa très en verve dans l'imitation du chat en chaleur, un soprano aussi généreux que sa poitrine judicieusement pigeonnante. Grâce à une mise en place toute de gestes et de regards échangés, ce trio impayable rendit, par son énergie déchaînée, les récitatifs, en goualante napolitaine, absolument irrésistibles. Ce fut, mer et poissons en moins, une sorte d'épisode lyrico-comique de "Pain, Amour et Fantaisie" porté par un orchestre aux sonorités généreuses quoique encore trop brouillonnes."
Le Guide.be