L'INCORONAZIONE DI POPPEA

L'Incoronazione di Poppea_Gardiner

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI
LIBRETTISTE

Giovanni Francesco Busenello
 
ORCHESTRE
The English Baroque Solists
CHOEUR

DIRECTION
John Eliot Gardiner

Fortuna, Ottavia, Venere
Anne Sofie von Otter

Virtu, Drusilla, Pallade
Catherine Bott

Amore, Damigella
Marinella Pennicchi

Poppea
Sylvia McNair

Nerone
Dana Hanchard

Ottone
Michael Chance

Seneca
Francesco Ellero d'Artegna

Arnalta
Bernarda Fink

Nutrice, Famigliare de Seneca
Roberto Balconi

Primo Soldato, Lucano, Famigliare, Console
Marck Tucker

Secondo Soldato, Liberto, Console
Nigel Robson

Valletto
Constanze Backes

Littore, Mercurio, Famigliare, Console
Julian Clarkson

DATE D'ENREGISTREMENT
décembre 1993
LIEU D'ENREGISTREMENT
Queen Elisabeth Hall - London
ENREGISTREMENT EN CONCERT
oui

EDITEUR
Archiv Produktion
COLLECTION
Deutsche Gramophon
DATE DE PRODUCTION
1993/1996
NOMBRE DE DISQUES
3
CATEGORIE
DDD

Critique de cet enregistrement dans : 

"Dans ses notes, Tim Carter, comme Alan Curtis, argumente en faveur d’une intervention instrumtentale minimum “Avec des chanteurs sensibles au langage et à la dramaturgic, et avec des joueurs de continuo attentifs aux inflexions de la voix des chanteurs ... la beauté et la puissance de Poppca et d’autres opéras vénitiens du XVII sièciel trouvent de nouveaux échos en nous, nous éveillant à de nouveaux sons et à de nouvelles émotions”. Un accompagnement plus riche traduit, de son point de vue, une vision trop musicale de ces opéras, ainsi qu’une certaine réticence à se lier au simple pouvoir et à la capacite dramaturgique de la voix humaine”.

L'enregistrenoent de cette interprétation vient à l’appui des arguments de Carter : les excellents chanteurs transmettent parfaitement le message dramaturgique grâce a la beauté et à l’énergie de leurs voix et à leur phrasé soigné et vigoureux, soutenus par un petit groupe de continuo attentif et plein de finesse. Syivia McNair prouve que la voluptueuse sensualité de Poppea et sa cruauté impitoyable passent aisément la rampe sans l’ajout d’une riche orchestration, et le reste de la distribution n’a pas vraiment de maillon faible.

Paradoxalement, pourtant, je trouve que Gardiner et certains de ses chanteurs eux­mêmes adoptent parfois “une vision trop musicale” de cette oeuvre. Ils chantent toujours magnifiquement, mais, étant donnés les objectifs esthétiques qui guident explicitement cette interprétation, j’aurais espéré une expression plus proche du langage parlé dans certains passages, aussi bien du point de vue de l’émission vocale que du timing. En depit de cette réserve, on ne peut que recommander cette superbe interprétation tellement expressive."

"L'enregistrement de Gardiner est le premier à restituer cette perspective sonore, plus proche de l'esthétique intimiste du madrigal que celui de l'opéra. Le résultat est austère, déroutant, mais ne tarde pas à ensorceler. Une distribution vocale étincelante." 

"Le choix de Gardiner s'est porté sur le manuscrit de Naples, plus complet et plus fiable. Avec l'aide de Peter Holman, ce dernier n'a pas hésité à reconstituer certaines des ritournelles, voire à remplacer quelques pièces instrumentales...Cette gravure se distingue par son style épuré d'une grande sobriété. La texture orchestrale a été allégée au profit d'un continuo très riche et varié...Les prestations de Sylvia McNair (féline comme jamais), d'Anne Sofie von Otter (bouleversante d'émotion) et de Michael Chance suffisent à hisser cet enregistrement au rang des références du chant montéverdien...Un "Couronnement" épuré et racé."

"Ce treizième Couronnement de Poppée aux prétentions musicologiques et à la distribution fort alléchante ne tient pas toutes ses promesses. Gardiner a choisi de privilégier la version napolitaine, a priori la moins connue...Les coupures et substitutions sont nombreuses...Plus grave encore la conception d'ensemble déçoit : le théâtre tend souvent à disparaître au profit du seul beau chant. Michael Chance campe un Ottone au lyrisme élégant, mais guère en proie à ses déchirements intérieurs. Sylvia McNair charme sans vraiment séduire...On a peine à imaginer Dana Hanchard en monarque ivre de pouvoir et de désir...L'attribution du rôle d'Arnalta à Bernarda Fink ne paraît pas plus judicieux. Seule Anne Sofie von Otter convainc parfaitement dans le rôle ambigu de l'impératrice répudiée. Les personnages secondaires sont heureusement bien distribués et les instrumentistes, en particulier les continuistes, magistraux."

"Réalisé on public, cet enregistrement s'appuie essentiellement sur la version dite "de Naples", complétée de nouvelles ritournelles instrumentales réalisées par Peter Holman, sur les lignes de basses réputées être de la main de Monteverdi. Aux antipodes de l'appropriation imaginative que René Jacobs fit de cette oeuvre incomplète et partiellement étrangère à la stricte plume de Monteverdi, John Eliot Gardiner s'en tient donc à une littéralité la plus stricte...Il n'a procédé à aucune lecture théâtrale du livret de Busenello ; il n'en a pas mis en valeur les différents registres expressifs (du factuel au plus allégorique, de la déploration tragique aux moments les plus bouffes ou les plus ironiques, sans compter les allusions à la vie politique et institutionnelle, à Venise, dans les années 1640). Son interprétation dramaturgique se réduit à l'entrecroisement de pages tragiques et de pages bouffes, comme si un tableau à la polychromie structurante nous était présenté dans un noir (la tragédie) et blanc (la comédie) affadi...Quant au choix des registres vocaux, Nerone est chanté par une mezzo-soprano ; et si Nutrice est distribuée à un alto masculin, Arnalta est confiée à une mezzo. Le plateau vocal est assez bien choisi mais, parce que n'existent pas les choix dramaturgiques mentionnés ci-dessus, n'interprète, et donc ne déclame presque jamais, le texte, donc la musique. Selon l'engagement et les mérites de chacun, certains moments expressivement justes surgissent. Parmi les heureux titulaires, citons Anne Sofie van Otter (Ottavia) qui, rassemblant ses multiples moyens stylistiques, propose une impératrice de haute stature ; Sylvia McNair (Poppea) dont la séduction vocale - quelquefois près de tomber dans la mignardise et la dépersonnalisation - est convaincante. Comme à presque toutes ses prestations, Catherine Bott allie une volonté expressive à des travers techniques, dûs à son engagement dramatique mal maîtrisé. Regrettons que Michael Chance (Ottone), pour très fin musicien qu'il soit, n'ait pas la densité vocale requise ; que Roberto Balconi (Nutrice), soit embarrassé par son manque de ponticello entre ses registres de fausset et de poitrine ; que l'excellente mezzo Bernarda Fink en Arnalta soit totalement dépourvue d'humour ; et que Francesco Ellero d'Artegna (Seneca) allie ce même défaut à un timbre sans grande densité. Quant à Dana Hanchard (Nenone), elle possède un bas médium chaleureux, expressif et coloré, et - hélas - une moitié de voix aiguë sans soutien, tendue et stridente qui, si elle est convenable dans un duo avec une soprano (Poppea), est insupportable avec une voix distante d'une octave, comme avec le ténor Lucano (l'excellent Mark Tucker)."

 

 

 

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