Tragédie musicale en
trois actes, d'après la pièce de Voltaire.
Première représentation à Lodi, près de
Milan, en 1732.
"L'action traite de la passion
du sultan Mahomet II pour l'esclave Irene. Celle-ci aime Demetrio et
en est aimée. La soeur d'Irene, Zaïde, aime
également Demetrio, mais est aimée de Solimano.
Comprenant qu'il ne pourra conquérir Irène, Memet
décide de l'envoyer à la mort. Zaïde et Solimano
intercèdent en sa faveur, et Memet finit par se montrer
clément. Irene pourra ainsi épouser Demetrio, et
Zaïde Solimano. (Le Monde de la Musique - mai
2002)
"Revisité à
l'aune de l'opéra napolitain, le livret de Roberti,
malgré une versification volontiers prosaïque, un
goût prononcé de l'action
scénique...apparaît fade et bancal. Quant à la
musique du jeune Sammartini, elle manque passablement de
personnalité, se cantonnant le plus souvent dans l'air de
demi-caractère." (Diapason - juin 2002)
"En 1732, lorsque Giovanni Battista Sammartini
écrivit Memet, son premier opéra, il était
déjà un acteur important de l'émergence dc la
symphonie. Oscillant entre baroque et classique, le style de Memet
est multiple, mais les introductions orchestrales des actes Il et III
sont des exemples précoces d'écriture symphonique.
Sujet d'opéra relativement populaire à l'époque,
Memet a pour thème la lutte morale entre la tyrannie et la
justice à la cour du belliqueux sultan turc Memet. Ce dernier
(ténor) s'entiche de l'esclave byzantine Irene (soprano), mais
celle-ci, tout comme sa soeur Zaide (soprano), aime Demetrio (alto),
qui à son tour est aimé par la courtisane de Memet,
Solimano (soprano). L'action se développe à travers une
série de jolies arias ne manquant pas de caractère,
deux récitatifs dramatiques avec accompagnement, un duo
touchant entre Irene et Demetrio, dans l'attente de leur
séparation sur ordre de Memet, et enfin un quintette servant
de conclusion. Une paire de trompettes ajoutent occasionnellement du
brillant aux cordes." (Goldberg - décembre 2002)
Pour en savoir plus
:
New York - Metropolitan Museum of Art - The Temple of
Dendur in The Sackler Wing - 27 octobre 2001 - Titano Chamber
Orchestra of San Marino - dir. Augusto Ciavatta - avec Sandro
Naglia (Memet), Rosita Frisani (Solimano), Michel Van Goethem
(Demetrio), Daniela Uccello (Irene), Anna Chierichetti
(Zaide).
Saint-Marin- Teatro Titano - 4 novembre
2000 - Bologna- Palazzo
D'Accursio - 10 décembre
2000 - Première recréation - dir; Augusto Ciavatti -
mise en scène Giogio Bongiovanni - décors et
costumes Sebastiano Romano - avec Sandro Naglia (Memet), Rosita
Frisani (Solimano), Michel van Goethem (Demetrio), Daniela Uccello
(Irene), Anna Chierichetti (Zaide)
"Les traits
caractéristiques de l'opéra italien du
XVIe siècle sont parfaitement caracterisés.
Nous sommes en 1737 et Memet commence par une ouverture tripartite.
Faut-il s'en étonner quand on sait que son auteur, Giovan
Battista Sammartini, a été l'un des principaux artisans
de cette révolution instrumentale que codifieront de plus
illustres confrères autrichiens ? Et n'oublions la "turquerie"
du sujet, thème particulièrement en vogue à
l'époque, dont Mozart et Rossini, bien plus tard, feront
encore leur miel. Toutes les airs sont avec da capo, et
s'enchaînent avec les récitatifs d'une manière
invariable ; elles parcourent la gamme des affects de rigueur au
Settecento, de la fureur à l'agitation, en passant par les
épanchements de tendresse et de désespoir. Mais,
par-delà ses conventions, Memet révèle toute la
maestria d'un Sammartini également capable
d'imagination.
Le livret de Girolamo
Frigimelica Roberti, que Pollarolo et Scarlatti ont
également mis en musique, se concentre sur la figure du
sultan Mahomet II (Memet), qui s'amourache d'une esclave
byzantine, Irene, elle-même amoureuse de Demetrio.
Découvrant cette liaison, le souverain veut envoyer les
jeunes gens à la mort, mais Solimano et Zaide l'incitent
à la clémence, et il cède à leurs
prières.
Représenté
à Saint-Marin pour la première fois en ce
siècle, sous les auspices de la "Rassegna Musicale
d'Autunno" et dans une révision de Maria Teresa Della
Borra, Memet a constitué une agréable surprise,
surtout par son lieto fine, assez inhabituel dans ce type
d'intrigue. La musique mérite plus d'une fois le
détour, de l'aria de Zaide, à la fin du premier
acte, à l'invocation d'Irene, au second, en passant par les
rares ensembles (le quintette conclusif, en
particulier).
La mise en scène
efficace de Giorgio Bongiovanni - on apprécie
l'introduction de jeunes figurants en habits guerriers, venant
casser le statisme de l'intrigue - s'intègre dans les beaux
décors et costumes de Sehastiano Romano, simples mais
parfaitement évocateurs d'une atmosphère orientale.
La distribution réunit trois sopranos au style impeccable :
Daniela Uccello, Irene héroïque et passionnée ;
Rosita Frisani, Solimano en travesti ; et Anna Chierichetti, Zaide
douce et sensible. Le ténor Sandro Naglia, en revanche,
trahit quelques difficultés dans le rôle-titre, le
contraltiste belge Michel Van Goethem s'efforçant de
maintenir l'homogénéité de ses registres dans
la redoutable tessiture de Demetrio. A la tête de
l'orchestre "Camerata del Titano" de Saint-Marin, Augusto Ciavatta
dirige avec beaucoup de scrupule musicologique, en tentant de
retrouver des sonorités typiquement XVIIIe. On regrette
simplement une basse continue un peu trop scolaire." (Opéra
International - décembre 2000 - 4 novembre
2000)