COMPOSITEUR
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Alessandro SCARLATTI
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LIBRETTISTE
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Apostolo Zeno
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ENREGISTREMENT
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ÉDITION
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DIRECTION
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EDITEUR
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NOMBRE
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FICHE
DETAILLEE
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Cambridge Records
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1960
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1994
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Bruno Maderna
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Arkadia
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3
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1970
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2001
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Nino Sanzogno
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Opera d'oro
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2
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2002
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2003
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René Jacobs
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Harmonia Mundi
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3
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Opéra en trois actes,
créé à Rome, au Théâtre Capranica,
en janvier 1721, à la suite d'une commande du prince Ruspoli,
dans une distribution entièrement masculine- cinq castrats et
un ténor - destinée à une représentation
privée. Le rôle de Gualtiero était (sans doute)
tenu par Antonio Bernacchi, et celui de Costanza par Giovanni
Carestini, alors âgé de seize ans.
Le livret d'Apostolo Zeno (1701),
inspiré du Decameron de Boccace, fut révisé par
un anonyme, peut-être le prince Ruspoli
lui-même.
Il s'agit du dernier opéra
conservé de Scarlatti, qui avait alors soixante
ans.
Le manuscrit autographe est
conservé au British Museum de Londres.
Personnages : Gualtiero, roi de Sicile (castrat
alto) ; Griselda, épouse de Gualtiero (soprano) ; Costanza,
fille de Gualtiero et Griselda, vivant à la cour de Corrado,
éprise de Roberto (alto) ; Roberto, frère cadet de
Corrado, épris de Costanza (castrat soprano) ; Corrado, prince
des Pouilles (ténor) ; Ottone, noble sicilien (castrat alto) ;
Everardo, fils de Griselda (rôle muet)
Synopsis détaillé
L'action se passe entre le
XIe et le XIIIe siècle,
lors de la domination normande de la Sicile
Acte I
Salle magnifique
réservée aux audiences publiques. D'un
côté le trône royal, flanqué de deux autres
sièges ; de l'autre, les grands du royaume et le peuple.
Lointaines fanfares.
A Palerme, le peuple murmure sur
la mésalliance du roi Gualtiero (castrat/alto) et de la
bergère Griselda (soprano). Leur fille âgée de
quinze ans, Costanza (soprano), a disparu. Elle se trouve en fait
chez chez Corrado (ténor), prince des Pouilles, où elle
s'est épris de Roberto (castrat/soprano), son fils
puîné. Un autre enfant de Griselda naît, Everardo,
ce qui provoque une rébellion de la population excitée
par Ottone (castrat/alto), un noble palermitain.
(1) Afin de calmer les esprits,
Gualtiero annonce au peuple qu'il répudie Griselda. (2) Arrive
Griselda avec ses suivantes. Gualtiero la questionne pour qu'elle
rappelle comment, humble bergère, elle est devenue reine,
comment leur fille lui fut arrachée, quinze ans auparavant,
puis comment un nouveau fils leur est né, Everardo. Gualtiero
lui annonce que contraint par le peuple, il la répudie.
Griselda lui rend la couronne et le sceptre. Air de Griselda ("In
voler cio che tu brami") . (3) Ottone survient et annonce
l'arrivée du prince Corrado accompagné de
l'épouse royale. Gualtiero va l'accueillir sans s'occuper de
Griselda qui se lamente. Ottone confie à Griselda qu'il lui
reste fidèle et qu'il l'aime. Il lui propose de l'aider
à résister, mais Griselda le repousse. Air de Griselda
("Nell'aspro mio dolor"). (5) Resté seul, Ottone espère
que Griselda changera d'avis lorsqu'elle sera éloignée
du trône. Air d'Ottone ("Chi regina mi disprezza").
Port maritime proche de la
ville. Des navires font voile dans le lointain. Aborde un riche
vaisseau, dont débarquent, escortés de chevaliers,
dames et gardes, Corrado, Roberto et Costanza
(6) Air de Roberto ("Come presto
nel porto crudele"). Corrado décide de partir en avant
annoncer l'arrivée de Roberto et Costanza à Gualtiero.
(7) Roberto sait qu'il va perdre Costanza, mais souhaite son bonheur.
Air de Costanza ("Bel labbro, ancor non sai"). (8) Gualtiero demande
le secret à Corrado. Tous deux arrivent devant Costanza.
Gualtiero demandent à Corrado et Roberto de rester
auprès d'elle, le temps qu'elle s'habitue à sa nouvelle
condition. Air de Gualtiero ("Vago sei, volto amoroso"). (9) Air de
Costanza ("Godi, bell'alma, godi"). (10) Corrado tente de rassurer
Roberto et lui promet qu'il sera bientôt heureux. Roberteo n'en
croit rien. Air de Roberto ("Non vorrei conoscere"). (10) De retour
au palais, Gualtiero s'étonne de la présence de
Griselda, tout en admirant secrètement sa beauté. Il
lui montre un portrait de sa nouvelle épouse. Griselda,
à la vue du portrait se trouble, puis félicite
Gualtiero. Celui-ci lui demande à nouveau de quitter le
palais. Air de Gualtiero ("Che bella tirannia"). (10) Griselda va
embrasser son fils Everardo. Ottone arrache ce dernier de ses bras,
et exerce sur elle un chantage que Griselda refuse. Air de Griselda
("Di', che sogno e che deliro"). (15) Ottone décide d'employer
la ruse pour obtenir les faveurs de Griselda. Air d'Ottone ("Quella
tiranna, che il cor m'impiaga").
Appartements royaux
somptueusement ornés en l'honneur de Costanza. Une petite
table porte le sceptre, la couronne et le manteau
royaux
Corrado présente à
Costanza ses appartements. Elle avoue se plier à sa nouvelle
condition, quoique son coeur reste fidèle à Roberto.
Air de Corrado ("Non lasciar d'amar chi t'ama"). (17) Costanza feint
la froideur devant Roberto perd espoir. Air de Costanza ("Voi
sospitate"). (18) Roberto, seul, se lamente. Air de Roberto ("Amanti,
che piangete").
Acte II
Vue champêtre, avec
chaumières, petits bosquets, colline et chute
d'eau
(1) Griselda est revenue vivre
dans la forêt. Air de Griselda ("Mi rivedi, o selva ombrosa").
(3) Corrado arrive, accompagné d'Everardo. Il annonce à
Griselda qu'il a reçu l'ordre de livrer ce dernier aux
bêtes sauvages. Ému par Griselda, il lui rend l'enfant.
(4) Ottone survient, l'épée à la main,
accompagné de gardes, et lui annonce qu'il vient tuer
Everardo. Griselda le supplie. Ottone exige, pour sauver l'enfant,
qu'elle acepte le mariage. Griselda refuse. Air de Griselda ("Figlio
!Tiranno ! O Dio !"). (5) La résistance de Griselda rend
Ottone furieux. Air d'Ottone ("Bellezze spietate").
Une forêt,
traversée de chemins, avec une vue sur la mer dans le
lointain. Au second plan, la champêtre cabane de Griselda,
ouvert, dans laquelle l'on aperçoit un lit rustique ; à
côté, d'autre cabanes
(10) Seule, Griselda est
accablée et s'endort. Air de Griselda ("Finita, barbara
sorte").
Grande galerie
(11) Roberto questionne Costanza
qui avoue avoir quelues sentiments pour son époux. Air de
Roberto ("Tu non intendi"). Gualtiero ramène Roberto qui s'en
allait. Il demande à Costanza et à Roberto de
l'accompagner à la chasse. Air de Gualtiero ("Luce mia
bella"). (9) Seule, Costanza se rend compte que l'amour peut se
révéler cruel.
Sonneries de cors. Des animaux
sauvages traversent la scène, suivis par les chasseurs,
armés d'épieux
(12) Costanza s'aproche de la
cabane de Griselda, et découvre celle-ci endormie. A sa vue,
elle se trouble, et embrasse Griselda qui, dans son sommeil, croit
voir sa fille, puis se réveille. Griselda interroge Costanza
et se rend compte que celle qu'elle croyait être sa fille est
sa rivale. Duo de Griselda et Costanza ("Non sei quella"). Survient
Gualtiero à qui Costanza demande de pouvoir garder Grisedda
auprès d'elle comme suivante. Gualtiero lui
révèle que Griselda est son ancienne épouse,
mais Costanza maintient sa demande. (14) Corrado vient annoncer
qu'Ottone veut venir enlever Griselda. Gualtiero déclare se
désintéresser de son sort. Air de Gualtiero ("Vorresti
col tuo pianto"). (15) Ottone tente une nouvelle fois de
décider Griselda à le suivre. Sur son refus, il ordonne
à ses soldats de l'emmener. (16) Gualtiero qui l'a entendu,
fait arrêter Ottone par Corrado, et lui enlève son
épée. (17) Sur les prières de Costanza,
Gulatiero accepte que Griselda revienne au palais, comme servante.
Trio.
Acte III
Au palais
(5) Traduit en justice, Ottone
avoue avoir agi par amour pour Griselda. Gualtiero lui pardonne, et
lui promet que Griselda sera sienne lorsqu'il aura lui-même
épousé Costanza. Air d'Ottone ("Mi dimostra il tuo bel
dono"). (6) Gualtiero ordonne à Griselda de préparer la
cérémonie de mariage et de cacher sa douleur. Air de
Griselda ("Se il mio dolor t'offende"). (7) Seul, Gualtiero avoue sa
souffrance de devoir traiter ainsi sa femme qu'il aime toujours. Air
de Gualtiero ("Ho in seno due fiammelle").
Allée ravissante dans
les jardins royaux
(8) Air de Roberto ("Come va
l'ape di fiore in fiore"). Robereto est décidé à
partir avant la cérémonie. Corrado tente en vain de le
retenir. (9) Costanza reproche son départ à Roberto,
mais Roberto reste décidé. Il s'embrassent. Duo. (10)
Survient Griselda qui leur fait des reproches. (11) Gualtiero demande
des explications que Corrado lui donne : Costanza et Roberto
s'aiment. Gualtiero fait preuve de compréhension, pourvu que
leur amour reste chaste. Quatuor.
Amphithéâtre que
l'on prépare pour les noces, à grand renfort
d'illuminations et d'autres décorations
(13) Griselda, habillée en
servante, hâte les préparatifs. (14) Tout le monde
arrive pour la cérémonie. L'humilité de Griselda
attendrit Gualtiero. Il annonce à Griselda qu'il la donne en
mariage à Ottone. Griselda explose et refuse. Gualtiero lui
offre le mariage avec Ottone ou la mort. Griselda choisit la mort.
Gualtiero ne peut plus se retenir et embrasse Griselda. Sa vertu
reconnue, Griselda est acclamée. Ottone s'accuse d'avoir
comploté par amour pour Griselda, Gualtiero lui pardonne.
Corrado annonce à Griselda que Costanza est sa fille. La
mèer et la fille tombent dans les bras l'une de l'autre.
Gualtiero offre Costanza pour épouse à Roberto, et
rétablit Griselda sur le trône. Ensemble.
Ballet.
(livret TCE -
décembre 2000)
http://www.librettidopera.it/griselda/griselda.html
Partition complète
publiée en 1975, par le musicologue Donald Jay
Grout.
"Le Royaume de Sicile, gouverné par
Gualtiero. A la naissance de son fils Everardo (enfin, un peu
après), Gualtiero se trouvé confronté à
une révolte de son peuple qui réclame la
répudiation de son épouse Griselda, simple
bergère qu\92il avait épousée seize ans
auparavant, et dont il avait déjà eu une fille
l\92année suivant leur mariage, fille qu\92il avait dû faire
abandonner pour les mêmes raisons, car le peuple refuse de
devoir plus tard être gouverné par le rejeton d\92une
vulgaire fille des bois. Gualtiero s\92exécute et fait venir des
Pouilles sa pseudo-future nouvelle épouse, la jeune Costanza,
escortée par le fidèle Corrado, sorte de semi-confident
de Gualtiero, et du jeune frère de Corrado, Roberto. Las! La
charmante princesse, qui a été élevée par
Corrado, et a par conséquent grandi avec Roberto, est
éprise du jeune homme, qui partage sa flamme. Pendant ce
temps, Griselda est bien évidemment très malheureuse,
ce dont tente de profiter le sombre Ottone, un noble napolitain, qui
aimerait bien la \93récupérer\94, cette Griselda,
maintenant qu\92elle n\92est plus sa souveraine. Voilà pour la
situation de départ qui va plus ou moins stagner durant tout
le premier acte et une partie du deuxième, avec quelques
redites (plusieurs scène Griselda/Ottone du genre \93Je t\92aime!
/ Moi non plus! / Aime-moi, idiote! / Et puis quoi encore, sinistre
pervers!\94, ou Costanza/Roberto dans le style
\93Aaaaarh-je-suis-le-plus-malheureux-des-hommes-je-ne-veux-pas-voir-ce-mariage-adieu!
/ Tu m\92abandonnes?! / Il le faut! / Partons ensemble! / Mon amour! /
Je veux fuir avec toi, dussé-je sombrer dans la misère!
/ Pas question! Je veux ton bonheur! Sois reine! / Alors comme
ça tu ne m\92aimes plus, c\92est ça?! / Ça ne serait
pas t\92aimer que t\92aimer au point de te pousser à renoncer au
trône. Je ne veux que ton bonheur. / Mon \9Cil! Puisque c\92est
comme ça, pars imbécile! Mais sache que je te serai
toujours fidèle! /
Ah-tu-ne-te-rends-pas-compte-comme-la-jalousie-me-fait-souffrir-ingrate!\94,
etc, etc, etc\85). Mais soudain, au milieu du deuxième acte,
coup de théâtre: lors d\92une chasse, Costanza, lasse de
poursuivre les sauvages bêtes aux côtés de son
royal fiancé, tombe nez-à-nez avec une cabane en
forêt, refuge de Griselda, qui, dormant, rêve que sa
fille perdue vient à sa rencontre. S\92ensuit une très
belle scène où les deux femmes sentent une affection
aussi instinctive et réciproque qu\92inexplicable les lier l\92une
à l\92autre; Costanza aimerait voir en Griselda sa mère
qu\92elle n\92a jamais connue, alors que Griselda (qui cependant a
entre-temps compris que Costanza n\92était autre que celle qui
l\92a supplantée dans les faveurs royales) se prend à
rêver que cette charmante demoiselle serait sa fille perdue,
qui d\92ailleurs portait le même nom (tiens donc, ce que c\92est
que le hasard tout de même\85 enfin, j\92ironise sur la sitaution
qui dite comme ça semble un tantinet ridicule, mais
détrompez-vous, cette scène est vraiment très
émouvante, et les deux artistes étaient tellement
convaincantes que certains auditeurs \97dont moi\97 n\92ont manqué
de verser une p\92tite larme durant le duo \93Non sei quella\85\94\85). Surgit
alors Gualtiero, qui se montre odieux envers Griselda et
révèle à Costanza qu\92il s\92agit de son ex, avant
de se cacher précipitamment avec sa fiancée, car\85
arrive Ottone, bien décidé à enlever Griselda,
soit-disant sur un ordre royal! \93"Séleurouakilordonne"?! Te
voilà bien zélé, Ottone!\94 s\92exclame en substance
Gualtiero, avant de le faire arrêter par Corrado. Costanza
obtient de son fiancé que Griselda devienne sa dame de
compagnie, et le II se clôt sur un superbe trio (\93Ti voglio
sempre odiar\94, II-17). Je vous passe les détails du
début du III (sachez simplement que Gualtiero continue de
traiter Griselda comme une chienne \97notamment dans la terrible
scène 6, qui voit leur premier face-à-face en seul
à seul\97, et que Roberto veut lever l\92ancre une bonne fois pour
toutes \97Corrado tentera sans grand succès de l\92en dissuader
[ici, très bel air de Robert, \93Come va l\92ape\94]\97 et va faire
ses adieux à Costanza, ce qui est prétexte à un
duo torride (enfin, presque), \93Bella mano\94 (III-9), subitement
interrompu par une Griselda offusquée, qui, ayant tout
entendu, leur fait des remontrances et va pour tout
révéler au roi, qui, pas troublé le moins du
monde, rabroue la rapporteuse et va jusqu\92à encourager les
deux jeunes gens à flirter (si si!), ce qui lance un
très beau quatuor (\93Non fu mai colpa amor\94, III-11). Enfin
bref, fort heureusement tout sera bien qui finira bien, puisque le
moment fatyidique venu d\92allumer les torches nuptiales pour les noces
de Gualtiero avec Costanza et Griselda avec Ottone (à qui le
roi avait promis non sans perversité \93au moment même
où j\92épouserai Costanza, Griselda sera tienne\94!),
Gualtiero, bouleversé par la fidélité, la
droiture et l\92abnégation de sons épouse bafouée
(qui l\92implore de lui donner la mort sur-le-champ plutôt que de
lui imposer le mariage avec Ottone), va tout révéler :
Costanza n\92est autre que leur fille abandonnée, et
lui-même n\92a fait tout ce cirque que pour prouver à ses
sujets combien elle est fantastique cette bergère et comme ils
ont tort de faire leurs snobs. Ottone, de son côté,
avouera avoir été l\92instigateur de ma révolte
populaire pour ravir Griselda à son suzerain, qui, magnanime,
lui pardonne. Tout rentre dans l\92ordre, tout le monde est content,
Griselda redevient reine et Costanza peut épouser son cher
petit Roberto." (Festival Mozart)
"Griselda, composé en 1721, est le
cent-quatorzième et dernier opéra de Scarlatti. A ce
titre, il prend une certaine valeur symbolique : non seule-ment le
compositeur semble lui avoir accordé un soin tout particulier
dans l'orchestration, d'une infinie richesse et subtilité,
mais cet opéra est aussi l'un des derniers
représentants d'une école extrêmement exigeante
sur le double plan de la qualité littéraire et
musicale, avant que celle-ci ne soit peu à peu amenée
à céder le pas, notamment sous la plume du propre
élève de Scarlatti, Johann Adolf Hasse, face aux
partisans d'une musique plus facile, davantage virtuose.
Griselda est une oeuvre dense et variée, mais
non point virtuose, et à ce titre, parce qu'elle ne livre pas
d'emblée toutes ses séductions, elle demande à
l'auditeur, pour en recevoir pleine justice, un travail
d'écoute et d'acclimatation. Point de vocalises gratuites ni
d'introductions orchestrales excessivement brillantes : ici le texte,
riche et complexe, à haute teneur allégorique et
morale, occupe encore une place déterminante et il est
préférable, pour apprécier vraiment l'oeuvre, de
lui accorder du temps, livret en main.
De quoi s'agit-il? D'un épisode
célèbre qui inspirera également Bononcini,
Albinoni et Vivaldi, tiré de Boccace mais enrichi (ou, si l'on
veut, abusivement complexifié) par le grand librettiste
Apostolo Zeno, et de surcroît modifié sur l'ordre et
avec l'aide du riche mécène de Scarlatti, Francesco
Maria Ruspoli - comme souvent dans la carrière du musicien. Le
peuple refuse de reconnaître Griselda, épouse du roi de
Sicile Gualtiero, parce qu'elle est de basse extraction. Son
époux, pour mettre en valeur ses qualités morales et sa
constance, et lui-même ébranlé dans ses
convictions, la répudie et lui fait subir une série
d'épreuves. Malgré les plus cruelles humiliations, elle
s'en sort avec succès et prouve ainsi qu'elle a toutes les
qualités requises pour être reine et génitrice
royale.
Dans cette intrigue principale s'in-sère un
épisode essentiel : Griselda, au terme de son parcours, doit
aider aux préparatifs des noces de celui qui était son
époux et de la jeune Costanza... personnage qui se
révèle au bout du compte n'être rien d'autre que
leur propre fille! Beaucoup de sadisme, un personnage dont la
permanente douleur prend un caractère édifiant, des
situations où l'amour crée un vertige identitaire, tels
sont les ingrédients de ce beau livret chargé."
(Répertoire - octobre 2003)
"Comme il était courant à
l'époque avec un livret à succès, La Griselda
d'Apostolo Zeno fut plusieurs fois mis en musique. A la
première tentative de Carlo Francesco Pollarolo (1701),
succédèrent celles de Antonio Maria Bononcini (1718),
de Tommaso Albinoni (1728), d'Antonio Vivaldi (1735), etc. La version
d'Alessandro Scarlatti fut représentée au
Théâtre Capranica de Rome, en 1721. Son librettiste
régulier, le prince Ruspoli, remania le texte original,
supprimant des personnages ou au contraire donnant plus de place aux
rôles secondaires, changeant des vers de Zeno... Ce fut le cent
quatorzième et dernier opéra du compositeur, avant sa
mort le 22 octobre 1725.
Ceux qui ont lu Le Décaméron de
Boccace reconnaîtront une des traces littéraires de
cette histoire. Gualtiero, roi de Sicile, a pris pour femme une
bergère nommée Griselda. Le peuple n'a jamais
accepté cette union indi-gne et le roi est obligé de
répudier sa femme. Mais, comme il avait déjà
fait semblant de livrer à la mort leur fille Constanza, le roi
va éloigner son épou-se pour mieux la
reconquérir, c'est-à-dire avec l'accord de ses sujets.
Son ami Corrado, qui tantôt avait pris en charge Constanza,
ramène en Sicile la jeune fille où elle est
présentée comme la future reine du pays.
Les intrigues parallèles se mettent en place
alors : tout en acceptant le mariage, Constanza souffre d'être
séparée de son amoureux Roberto tandis que sa
mère Griselda, retournée vivre dans sa cabane
sylvestre, doit repousser sans cesse le courtisan Ottone, amoureux
d'elle depuis toujours et qui voit là une chance unique de la
conquérir. Constanza ren-contre Griselda par hasard et,
émue par son sort, en fait une servante qu'elle ramène
au château. Après l'avoir chassée, Gualtiero
n'épargne pas à Griselda la préparation des
futures noces et, épreuve ultime, lui annonce qu'il l'offre en
mariage à Ottone. Griselda, qui a tout supporté par
amour, réclame la mort plutôt que de donner son c\9Cur
à un autre. Finalement, la vertu de cette femme apparaît
aux yeux de tous et - assurance suprême de bonheur - Ottone
avoue avoir poussé artificiellement le peuple au
sou-lèvement, dans l'espoir de cette répudiation. Tout
finit bien, pour la mère comme pour la fille.
Scarlatti a recherché un équilibre
(entre héroïque et pastoral, action et réflexion,
etc.) dans ce qu'il pressentait peut-être comme son dernier
grand ouvrage. Compositeur vieillissant, il voyait d'un mauvais \9Cil
le style léger et superficiel qui avait cours - celui de Adolf
Hasse, par exemple - alors que lui-même n'avait pas vraiment
rencontré le succès ces dernières années.
C'est peut-être par défi qu'il a composé cette
\9Cuvre originale pour un ensemble assez réduit, avec un texte
qui possède ses propres qualités littéraires (il
y a un dépouillement très moderne qui va a l'essentiel,
avec une poésie minimaliste) et en recherchant une vraie
psychologie de per-sonnages (avec attribution de tonalités
respectives). Le côté spectaculaire de certains
opéras baroques n'est donc pas de mise ici, mais plutôt
la recherche de l'épure, apportant un soin minutieux à
l'écriture de récitatifs qui se distinguent
avantageusement du passe-partout habituel." (Anaclase.com)
Représentations :
- Bielefeld - 5, 10, 12, 18, 25 avril, 19, 22, 24 juin 2008 -
dir. Carolin Nordmeyer - mise en scène, décors et
costumes Peer Boysen - lumières Jòn Philipp von
Linden - avec Victoria Granlund (Griselda), Cornelie
Isenbürger (Costanza), Susanne Reinhard (Ottone) Florian Mock
(Roberto), Meik Schwalm (Gualtiero), Lassi Partanen
(Corado)
- Théâtre des
Champs Elysées - 20 décembre 2000 -
version de concert - Akademie für Alte Musik - dir.
René Jacobs - avec Veronica Cangemi (Griselda), Lawrence
Zazzo (Gualtiero), Miah Persson (Costanza), Malena Ernman
(Roberto), Artur Stefanowicz (Ottone), Daniel Kirch (Corrado)
- Festival Mozart - compte-rendu de
Mathilde Bouhon
"Première
particularité : la distribution ne compte aucune voix grave,
la voix la plus grave (et unique \93vraie\93 voix d\92homme) étant
un ténor, en la personne de Corrado. Les autres personnages
étaient distribués comme suit : Griselda et Costanza =
sopranos ; Gualtiero et Ottone = contre-ténors ; Roberto =
mezzo. (à la création, qui eut lieu à Rome
où les femmes étaient à l\92époque
interdites de scène, la distribution était, vous l\92avez
deviné, entièrement masculine \97CINQ CASTRATS et un
ténor ! le rôle de Costanza fut tenu par un tout jeune
chanteur, un certain\85 Carestini, futur créateur d\92Ariodante et
du Ruggiero d\92Alcina.)...Autant dire que les chanteurs sont
extrêmement sollicités tant vocalement que
dramatiquement, et cela tombait vraiment bien, car Jacobs avait
réuni pour l\92occasion une troupe (presque) parfaite. Griselda
touchante de résignation, Veronica Cangemi était
vraiment très impressionnante dans les scènes
émotionnellement chargées (notamment un air \97\93Se il mio
dolor t\92offende\94, III-6\97 où Griselda semble pratiquement au
bord de la démence) ; la jeune soprano suédoise Miah
Persson était elle parfaite en jeune femme
déboussolée par les évènements et par ses
émotions dans le rôle de Costanza. Le jeune ténor
allemend Daniel Kirch faisait un Corrado honnête et brave ; et
l\92Ottone du Polonais Artur Stefanowicz était correct
(même si j\92aurais personnellement aimé plus de noirceur
et d\92ambiguïté chez ce personnage \97mais son premier air a
été gratifié d\92un sonore \93bravo!\94 qui retentit
dans le silence pré-applaudissements; une fan transie, sans
doute! J ). Mais il y en avait deux que j\92attendais plus
particulièrement au tournant pour les avoir tous deux
découverts dans Agrippina en mai dernier: le
contre-ténor américain Lawrence Zazzo et la mezzo
suédoise Malena Ernman. Et ils ne m\92ont pas
déçue, loin de là! Lawrence Zazzo s\92est
même révélé en Gualtiero supérieur
à mes espérances, car si j\92avais beaucoup
apprécié son Ottone la saison dernière
(souvenez-vous, le marin cucul la praline qui paradait en faisant des
ronds-de-jambe façon musical kitsch en chantant \93Coronato il
crin d\92alloro\94! mais qui sut également se montrer en parfaite
adéquation avec le personnage, et ses douces lamentations
\97superbe \93Vaghe Fonti\94 le soir où j\92y suis allée\97
étaient vraiment touchantes), il ne m\92avait cependant pas
enthousiasmée outre mesure. Et bien là, mes amis,
quelle métamorphose! En Gualtiero, Zazzo compose un personnage
tout en ambiguïté, en apparence cynique, sadique,
désinvolte, arrogant, cruel, mais profondément
émouvant dans ses moments d\92introspection où il
dévoile l\92amour véritable qu\92il porte à Griselda
et l\92admiration que suscite chez lui le courage de cette
dernière (\93Ho in seno due fiamelle\94, III-7), ainsi que la
souffrance qu\92il endure en la torturant moralement.
Mais pour moi, le must absolu
(car je vous ai bien entendu gardé le meilleur pour la fin! ;)
) de la soirée, ce fut le Roberto luxueux de Malena Ernman, ce
fameux \93petit blond d\92Agrippina\94 qui avait fait craquer tout le monde
avec ses baggy jeans, son survêt\92 à capuche et ses
manières de p\92tit caïd bourgeois la saison
dernière. Son Roberto a toutes les caractéristiques qui
m\92avaient fait adorer son Nerone (avec plus d\92airs, en plus! ;) ):
beauté du timbre, subtilité des nuances, instinct et
engagement dramatiques époustouflants, expressivité
à couper le souffle, virtuosité débridée,
brillance, fougue, humour et sensualité. Et, surtout, cette
présence! Chacune de ses interventions est un instant de pur
bonheur proprement électrisant, surtout son sublime duo avec
Costanza\85 Mais que dire alors de l\92air final du I, \93Amanti che
piangete\94, qui vaut vraiment le détour avec ses vocalises
échevelées! Amateurs de sensations fortes (du type \93air
de la ligne de coke\94 dans Agrippina), vous auriez adoré! La
façon dont elle a attaqué son premier
\93AMAAAAAAANNNNTTTI!!!\94 m\92a littéralement renversée dans
mon fauteuil (vu que j\92étais penchée sur la balustrade
du 2° balcon pour réussir à l\92apercevoir, j\92ai
failli basculer dans le vide sous le coup de la surprise, en fait) et
fait dresser les cheveux sur la tête. Enfin, je m\92arrête
là (sinon j\92en connais qui vont encore jâhzer sur mon
compte ;) ), mais, en résumé, elle est vraiment
renversante !
Pour le reste, que dire sinon
que tout était excellent? Très bonne Akademie für
alte Musik Berlin entraînée par un Jacobs visiblement
très heureux de diriger cette musique \97vous auriez dû
voir la jubilation des cors, tous fiers d\92être si bien mis en
valeur (surtout que Jacobs les a fait jouer debout un peu en avant
des autres vents, ouah les stars!) dans la (très chouette)
sinfonia da caccia du II et dans les airs intrépides de
Roberto! Quant au continuo, il était assuré par Jacobs
et notamment\85 Nicolau de Figueiredo, ce qui ne gâte rien
à l\92affaire; \93j\92en ai dit assez, je crois, en disant son nom\94\85
(il est vraiment GENIAAAL ce Nicolau!!!!).
Une fois de plus, Jacobs nous
a prouvé (si besoin était) son aptitude à mener
un vrai travail d\92équipe \97de troupe, aurais-je presque envie
de dire\97, et cela était d\92autant plus flagrant et
réjouissant que ce spectacle avait été
parfaitement rodé puisqu\92il nous venait tout droit de Berlin
où il venait d\92être repris au Staatsoper unter den
Linden (Zazzo portait d\92ailleurs un élément de son
costume dans cette production, un très beau gilet rouge et or,
auquel il avait pris soin d\92associer une veste noire très
chic\85 à doublure rouge! Quel soin du détail!)
début décembre, la dernière ayant eu lieu le 16,
c\92est-à-dire quatre jours avant ce concert parisien, et cela
se sentait à fond: tous les chanteurs jouaient et
étaient vraiment parfaitement à l\92aise et en confiance
\97et je n\92ai personnellement pas eu à souffrir de l\92absence de
mise en scène, décors et costume, loin de
là."
"Un opéra, donc,
d\92Alessandro Scarlatti par \85 René Jacobs. Un opéra
appartenant à\85une nombreuse cohorte qui reste encore bien
inconnue. Un des opéras, et on voit rarement la couleur des
autres. René Jacobs continue donc, avec un égal
bonheur, car cette Griselda en a des couleurs. Des couleurs
amoureuses, pastorales, royales et morales, sorties d\92un livret
d\92Apostolo Zeno. On y voit une petite bergère devenue
épouse du roi Gualtiero, répudiée finalement
à cause de l\92opposition populaire. Mais cet
éloignement, annoncé frontalement dès les
premières minutes, n\92est destiné qu\92à
éprouver la vertu de ladite bergère, une vertu «
royale » qui pourra se révéler utile. Et c\92est
là où ce Dramma per musica peut prendre un tour
légèrement comique, Gualtiero en rajoutant dans le
côté dur et méprisant pour voir si la belle est
digne. La belle est ici Veronica Cangemi, parfaite d\92expression, de
ligne vocale et de présence - elle reprend sans
démériter la noblesse qu\92a dû déployer
dans ce rôle Mirella Freni, en 1960 et 1970 (avec Bruno
Moderna, puis Nino Sanzogo). Elle doit faire face à Ottone,
second du roi, qui apparaît comme un sombre opportuniste sans
dimension. L\92histoire se double d\92une autre qui s\92enroule sur la
première : Costanza, l\92épouse royale de remplacement,
est en réalité la fille de Griselda et Gualtierro,
jadis éloignée. Elle est d\92ailleurs elle-même
aimée par l\92enthousiaste Roberto. On connaît
l\92engagement théâtral et musical (avec sa vocalisation
rageuse) de Malena Ernman déjà remarquée en juin
dans le Nerone de l\92Agrippina de Haendel. Une fois les
épreuves passées, tout se noue et se renoue et
Gualtierro exalte sa bergère, tandis que le méchant
Ottone confie que la mésestime populaire pour Griselda
n\92était que le fait de son amour : il comptait bien
s\92accaparer cette proie rendue plus facile. Lieto fine avec la
trompette virtuose de Johannes Rauterberg. L\92ensemble des airs sont
plutôt rapides, ce qui donne une bonne allure à cette
magnifique partition variée et d\92une grande finesse
(René Jacobs met délicatement en avant ses nombreuses
subtilités), qui compte d\92impressionnants airs de fureur, et
nombre d\92ensembles, du duo au quatuor. L\92orchestre, vrombissant
à souhait, rendait justice à cet ouvrage tout à
fait unique créé en privé au
Théâtre Capranica de Rome en janvier 1721, avec une
distribution entièrement masculine - dont les grands Antonio
Bernacchi, et Giovanni Carestini. Notons également que pour de
nombreuses oeuvres contemporaines, tout un contexte, une
élaboration complexe sont requis, même si bien souvent,
il ne se passe rien et ça ne « marche » pas. Au
contraire, pour nombres d\92opéras \91baroques\92 composés
dans un cadre bien étroit (souvent très
économe), fruit des circonstances extérieures et non du
narcissisme de l\92auteur, leur adaptabilité est
étonnante. Sans mise en scène, il suffit d\92un geste,
d\92un regard pour voir ce dont il est question et ses
différents niveaux d\92interprétation."
- Berlin - Staatsoper unten
den Linden - 10, 12, 14, 16 décembre 2000 -
Akademie für Alte Musik - dir. René Jacobs
- Festival d'Ambronay -
Abbatiale - 16 septembre 2000 -
dir. René Jacobs
- Innsbruck - Festival de Musique Ancienne - 12, 14, 16
août 2000 - dir. René Jacobs - mise en
scène Stephen Lawless - avec Veronica Cangemi (Griselda),
Lawrence Zazzo (Gualtiero), Miah Persson (Costanzo), Malena Ernman
(Roberto), Artur Stefanowicz (Ottone), Guy de Mey (Corrado)
- Berlin - Staatsoper
unten den Linden - 30 janvier, 1, 3, 5, 8 et 13
février 2000 - Akademie für Alte Musik - dir.
René Jacobs - mise en scène Stephen Lawless - avec
Dorothea Röschmann/Veronica Cangemi (Griselda), Lawrence
Zazzo (Gualtiero), Miah Persson (Costanzo), Malena Ernman
(Roberto), Artur Stefanowicz (Ottone), Daniel Kirch (Corrado)
"Dernière composition
lyrique de son auteur, Griselda, sur un sujet traité par
d'innombrables compositeurs, présente l'avantage d'être
une oeuvre entièrement originale, ne recourant à aucun
emprunt à des pages antérieures. La musique est une
magnifique illustration de la théorie des "affects", de
l'expression instrumentalement et vocalement individualisée
des sentiments des personnages ; les coloratures y servent
également à cette fin de justesse expressive et n'ont
rien de purement décoratif, ce qui en rend d'ailleurs
l'exécution particulièrement délicate, exigeant
des chanteurs une profonde sensibilité stylistique. La
production berlinoise est offerte dans la mise en scène certes
plus aimable que vraiment imaginative de Stephen Lawless, mais qui
n'offense à aucun moment le bon goût. Elle se trouve par
bonheur valorisée par la scénographie réussie de
Tobias Hoheisel qui harmonise, dans ses décors et costumes,
des éléments de coloris parfois vigoureusemnent
contrastés. René Jacobs modèle et phrase le
discours musical avec des ressources infinies de phrasé et de
rythmique, épousant, avec une constante intuition et une
fervente éloquence, la teneur affective. Les
récitatifs, nombreux et souvent assez longs, s'avèrent
nécessaires à l'intelligibilité de la progession
de l'action, mais les surtitres les rendent accessibles aux
spectateurs ne possédant pas l'italien.
Avec les musiciens
merveilleusement ductiles de l'Akademie fùr Alte Musik Berlin
et un groupe de solistes de premier choix, René Jacobs n'a pas
de mal à offrir une lecture en tous points vivifiante de la
partition, dont plusieurs numéros, véritables sommets
de l'art de Scarlatti, suscitent le désir immédiat
d'une réécoute. Autour de Dorothea Röschmann, que
ses prestations précédentes dans le cadre des
productions baroques de ce théâtre ont promue vedette
incontestée de l'ensemble, évoluent de jeunes
chanteurs, dotés d'une belle technique et de voix
agréables. Lawrence Zazzo allie fluide virtuosité
contraténorale et prestance scénique dans le rôle
de Gualtiero, roi de Sicile, qui a dû répudier son
épouse sous la pression de son peuple, qui n'acceptait pas
l'union du monarque avec une roturière, en l'occurrence la
bergère Griselda, dont Dorothea Röschmann traduit, avec
la même sincérité d'accents et la même
ligne vocale immaculée, aussi bien la tendresse que la
tristesse et la patiente soumission au destin, avant de se voir
rétablie sur son trône. Costanza, fille
présumée morte du souverain, charme par la
volubilité de la soprano Miah Persson, au timbre vaporeux.
Dans le rôle du "méchant", qui bénéficiera
pour finir de la magnanimité de Gualtiero, Artur Stefanowicz
convainc lui aussi pleinement. Une curiosité vite
acceptée sans réserve est la distribution du personnage
de Roberto, l'amoureux transi de Costanza, à Malena Ernman qui
lui donne, sans que grand effort de maquillage ait été
nécessaire, l'aplomb d'un jeune homme impétueux et
l'interprète crédiblement, avec une voix se jouant de
la tessiture et des fioritures d'une écriture
particulièrement exigeante. Daniel Kirch enfin, ne
dépare nullement en Corrado. L'ouvrage tout entier n'a donc
rien d'une aride exhumation musicologique dans la constante pulsation
agogique et la mise en relief des contours psychologiques que lui
confère, sans relâche, l'art consommé et
superbement communicatif de René Jacobs." (Opéra
International - mars 2000)
- Naples - 29 octobre 1970 - Orchestre et choeur
Alessandro Scarlatti de la RAI de Naples - dir. Nino Sanzogno -
avec Mirella Freni (Griselda), Luigi Alva (Roberto), Rolando
Panerai (Ottone), Veriano Luchetti (Corrado), Sesto Bruscantini
(Gualtiero), Carmen Lavani (Costanza)
- Hanovre - 27 septembre 1960 - Hannoverche
Solistenvereinigung - Norddeutscher Rundfunk Orchester Hannover -
dir. Bruno Maderna - avec Mirella Freni (Griselda), Ernst
Häfliger (Roberto), Pierre Mollet (Gualtiero), Eugenia Ratti
(Costanza), Heinz Rehfuss (Ottone), Peter Witsch
(Corrado)
- Catane - Teatro
Massimo - 1960 - dir. Umberto
Cattini - mise en sscène, décors et costumes Franco
Zefireelli - avec Rina Gigli, Mirto Picchi, Renato
Gioni
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