Poème silvestre ou
divertissement à caractère spirituel, sur un livret de
Georg Philipp Harsdörffer (1607 - 1658), juriste, essayiste,
fondateur de la Pegnitz, société littéraire de
langue allemande.
Il fut représenté
à la cour de Nuremberg en 1644.
Argument
:
La lutte des puissances du bien
et du mal est représentée sous la forme d'une
pastorale, en ce qu'elle se déroule dans le milieu des bergers
italiens, mais où les personnages ont un caractère
allégorique : Seelewig personnifie l'âme
éternelle, Sinnigunda la sensualité, Herzigilt la
raison, Gwissulda la conscience, Trügewalt le
démon.
Synopsis
Prologue
La figure allégorique
personnifiant la Musique ou l'Art du chant confesse que, pendant
longtemps, elle n'a servi qu'à l'amusement profane et indigne.
Libérée de tout faste superflu et alliée
à la Poésie, elle désire maintenant se tourner
vers sa vocation originale : louer Dieu en toute
simplicité.
Acte I
Narcissisme et curiosité
sophistiquée se mêlent en la personne du berger
Künsteling, qui admire son reflet dans le fleuve. Alors qu'il se
demande pourquoi son image n'est pas emportée par les flots,
un esprit des bois à cornes et aux pieds de bouc,
Trügewalt, s'approche de lui. Le satyre est obsédé
pan l'envie de séduire la belle nymphe Seelewig, mais il sait
qu'en raison de sa laideur il ne pourra arriver à ses fins que
par une mystification. Il décide de pousser Künsteling
à séduire Seelewig pour la lui céder. Deux
autres bergers, Ehrelob et Reichimuth, acceptent de participer
à la tromperie. Absorbés par la contemplation des
ombres que dessinent leurs corps dans le soleil couchant, ils
remettent cependant l'aide promise au lendemain. Sinnigunda, la
complice des deux bergers, tente encore le soir même
d'écarter Seelewig du chemin de la vertu, alors que celle-ci
se promène au bord de la mer. Elle commence à peine
à persuader la jeune fille lorsque apparaissent la matrone
Gwissulda et la bergère Hertzigilt. Ces deuu dernières
mettent Seelewig en garde contre les dangers de la nuit et
l'exhortent, à temps, à faire demi-tour. Furieux de son
échec, Trügewalt jure qu'il imposera sa domination sur la
forêt et tous ses habitants.
Acte II
Juste avant le début du
deuxième acte, Künsteling, Ehrelob et Reichimuth se
préparent encore une fois à participer ensemble
à la duperie perfide. Apparaissent alors Seelewig et
Sinnigunda, réjouies par les fleurs multicolores, le chant des
oiseaux et les rayons du soleil. A leur tour, les bergers louent la
nature et Seelewig, sa plus belle parure. Ils comblent de cadeaux la
nymphe candide, afin de gagner ses faveurs. Künsteling lui remet
une longue vue, Ehrelob une canne à pêche, Reichimuth un
arc à flèches et Sinnigunda une couronne de fleurs.
Cependant, Gwissulda et Hertzigilt ont tout entendu et en appellent
au bon sens et à la conscience de Seelewig. Un orage surprend
Seelewig dans son sommeil, elle prend peur et dans son affliction,
elle demande conseil à l'écho de la forêt. Toutes
les réponses de l'échu sont unanimes : il faut fuir les
bergers et la frivolité du monde.
Acte III
Le matin après l'orage,
les bergers et Trügewalt analysent les raisons de leur
échec, et tentent d'inventer une nouvelle ruse. Seelewig est
assise au bord du fleuve, triste et déchirée au plus
profond d'elle-même. Mais Sinnigunda réussit à
détourner son amie de son sentiment de culpabilité.
Encore une fois, elle fait appel à l'oracle de l'écho -
mais cette fois, Trügewalt s'est tenu prêt, et c'est lui
qui répond en déguisant sa voix. Le faux écho,
approuvé par Sinnigunda, conseille à Seelewig de
s'abandonner aux plaisirs de ce monde et à la compagnie des
bergers qui l'attendent. Künsteling propose un jeu de
colin-maillard et, comme par hasard, il s'arrange pour que ce soit
d'abord Seelewig qui ait les yeux bandés. Caché
derrière les arbres, Trügewalt observe Seelewig tenter
d'attraper un berger ; il sort alors de sa cachette et se jette dans
ses bras. In extremis, Herzigilt et Gwissulda déjouent le plan
de Trügewalt en arrachant le bandeau des yeux de Seelewig.
Trügewalt et les bergers sont chassés dans la
forêt, Sinnigunda s'effondre, impuissante, et Seelewig est
définitivement convertie. Elle tombe à genoux, un
choeur d'anges se joint à son chant d'action de grâce
pour son salut.
A la fin, la Peinture prend la
parole : dans l'épilogue, elle demande au public d'accorder
aux décors la même estime que celle qu'il a
portée à ses deux soeurs, la Poésie et la
Musique.