Opéra en trois actes, d'après le livret
écrit par Michel du Boulay pour la tagédie lyrique mise
en musique par Louis Lully, fils de Jean-Baptiste.
Il fut créé, en
version de concert le 9 mars 1726, à l'Opéra de
Hambourg, sous le titre Die
wunderbare Beständigkeit der Liebe oder Orpheus (La Merveilleuse
constance de l'amour ou Orphée), puis mis en scène à Karlsruhe, en
1728, dans la résidence di margrave Carl-Wilhelm von
Baden-Durlach. Il ne fut représenté à Hambourg
que le 15 octobre 1736, sous le titre Die rachberiege Libe, oder Orasia, verwittwete
Könogin in Thracien
(L'Amour assoiffé de vengeance
ou Orasie, le reine veuve de Thrace).
Le livret est en allemand, mais
quelques airs sont écrits en italien et en français. La
partition fut retrouvée en 1978.
Le livret mêle à la
légende d'Orphée et Eurydice le personnage d'Orasie,
reine de Thrace, amoureuse dédaignée d'Orphée,
et jalouse meurtrière d'Eurydice.
"Amoureuse d'Orphée, la reine des
Thraces provoque la mort d'Eurydice pour avoir le poète tout
à elle. Découvrant ses manigances, Orphée se
détourne de la criminelle qui le fait aussitôt mettre en
pièces par les bacchantes avant de se tuer. Scènes de
cour et pastorales se partagent une musique extrêmeme-ment
variée qui atteint un puissant niveau dramatique quand Orasia
laisse éclater sa passion. A l'instar de bien des
opéras baroques, c'est aux Enfers, royaume de Pluton, que la
musique produit son meilleur effet. Certes, elle reste le plus
souvent prisonnière d'un cadre sévère-ment
délimité, mais le musicien ne fait pas moins preuve de
beaucoup de virtuosité dans son approche des modèles
français et italiens, et cet Orpheus n'a rien à envier
aux oeuvres de son époque."
(Opéra International - janvier 1995)
"Au schématisme des
situations répond une articulation très simple en trois
actes, respectivement Mort d'Eurydice, Orphée aux enfers, Mort
d'Orphée. Mais de même que le livret mêle les
langues, les situations et les personnages en une mosaïque
shakespearienne, la réalisation musicale apparaît d'une
permanente diversité, faisant sans cesse rebondir
l'intérêt de l'auditeur. Diversité des parties
chantées, allant du simple récitatif aux plus
variées des arias, jusqu'à l'aria a da capo et à
coloratures de l'opera seria, en passant par toutes sortes de
formules d'arioso extrêmement libres, parfois très
dramatiques, voire à des ariettes annonçant le futur
Singspiel. Les affects des personnages et les climats des situations
sont cernés avec une grande justesse : la haine d'Orasie, sur
la véhémence de l'orchestre, cordes rageuses,
trémolos et vigoureux accords dissonants entrecoupés de
silences impressionnants, comme la solitude et la rêverie
d'Orphée. Dans ses principaux airs (après la mort de sa
jeune femme, à l'arrivée aux enfers et après la
disparition d'Eurydice), celui-ci est caractérisé par
la flûte à bec sur pizzicati de cordes, évoquant
la lyre, dans le nimbe d'une beauté idéale, presque
abstraite, contrastant avec les cris d'Orasie et la violence de
Pluton.
L'ensemble instrumental
participe très efficacement à cette
caractérisation des affects, notamment par les sinfonie qui
les annoncent ou les prolongent, comme cette audacieuse sinfonia de
l'effroi ouvrant le deuxième acte, ou la brève et
intense sinfonia du désespoir suivant la mort d'Orphée.
Et l'on ne saurait omettre la délicieuse évocation de
la nature au troisième acte, où l'on entend chanter les
oiseaux parmi les prairies et les bois. A tous ces trésors
d'une invention toujours renouvelée, il faut associer les
divertissements dansés, dans le plus pur style
français, sans pour autant négliger ici ou là
une polonaise au rythme bien marqué, avec ses tournures
modales et ses effets de bourdons." (Telemann - Gilles
Cantagrel - Papillon)
Synopsis
détaillé
Acte I
Un vaste et agréable
jardin, non loin de la capitale de la Thrace
(1) Orasie, reine de Thrace,
veuve, confie à Ismène, sa dame d'honneur, qu'elle aime
Orphée, mais que Euridice fait obstacle à cet amour.
Elle annonce son intention de se venger Eurydice (air en italien
Su, mio core), et demande aux Furies d'envoyer des vipères
dans le jardin où les Nymphes viennent cueillir des fleurs.
(2) Orphée et son ami Eurimédès arrivent.
Orphée s'assied sans voir la reine, et chante avec le choeur
des Nymphes la douceur de vivre. Orasie se découvre et lui
rappelle ses devoirs à la cour. (3) Orphée fait part
à Eurimédès de son déplaisir de devoir
retourner à la cour de la reine (air en italien
Chi sta in corte) et de son intention de s'enfuir en Grèce.
(4) Eurydice survient et les amants échangent des paroles
d'amour. (5) Euridice retourne avec les Nymphes qui chantent (choeur
en français Les plaisirs sont
de tous les âges) et dansent.
(6) La nymphe Céphise voit Eurydice mourir sous ses yeux,
mordue par un serpent. Orphée accourt et tente de ranimer
Eurydice. (7) Eurydice dit adieu à Orphée et meurt dans
ses bras. Orphée s'évanouit. (8)
Eurimédès déclare son amour à
Céphise (air en italien A
l'incendio d'un occhio amoroso),
mais celle-ci le repousse, car les nymphes privilégient la
liberté (choeur en français N'aimons que la liberté). (9) Orphée se lamente et appelle la mort.
(10) Orasie se réjouit de la mort d'Eurydice, et espère
pouvoir aimer Orphée (air en français C'est ma plus chère envie). (11) Eurimédès conseille à
Orphée d'aller arracher Eurydice à Pluton par le
pouvoir de son chant. Orphée est décidé à
suivre son conseil (air en italien Come Alcide discendo all'inferno).
Acte II
Une vaste contrée,
où Pluton assis sur son trône, juge les esprits qui
arrivent. Dans le lointain, différents symboles de son royaume
souterrain.
(1) Pluton entends un intrus dans
son royaume, et craint qu'il soit envoyé par Jupiter. Ils
demande à ses serviteurs de se préparer. On entend une
très agréable mélodie venue de loin, à
laquelle Pluton est sensible. Mais il se ressaisit et prépare
la résistance. (2) Son serviteur Ascalax annonce qu'un
étranger arrive, mais seul et sans armes, qui a réussi
à séduire Cerbère et Charon. (3) Orphée
s'avance, plein de crainte et d'espoir (air en italien
Tra speranza, e tra
timore). Apercevant Pluton et sa
suite, il s'arrête. (4) Il explique à Pluton la raison
de sa venue. Pluton, ému, l'envoie vers Proserpine
auprès de qui se trouve Eurydice. Dans un élan de
compassion, il demande que l'on libère la troupe des
damnés. (5) Les damnés expriment leur joie (choeur en
français Heureux Mortel,
quelle est ta gloire !) et dansent.
(6) Ascalax arrive avec Eurydice voilée et énonce la
condition émise par Pluton : ne pas la regarder avant d'avoir
quitté les enfers. Il leur indique le chemin, et ajoute, de la
part de Pluton, que c'est la jalousie d'Orasie qui est à
l'origine de la mort d'Eurydice. Ascalax annonce aux damnés
qu'ils retrouveront leurs chaînes dès Orphée
parti, et se demande s'il fallait vraiment leur accorder une joie
brève, suivie d'un tourment encore plus grand. (7)
Orphée et Eurydice sont impatients de voir la lumière
du ciel. La lumière s'éteint et l'obscurité
devient complète. Puis la lumière revient et on voit
une partie du Rhodope et, creusée dans la montagne, une
caverne de laquelle Orphée vient de sortir. Orphée, qui
n'entend plus Eurydice, s'inquiète, et l'appelle. sans
réponse, il se retourne et voit Eurydice quqi semble sortir de
la caverne, mais est violemment tirée en arrière par
les serviteurs de Pluton. (8) Orphée ne comprend pas, n'ayant
pas conscience d'avoir enfreint l'interdiction. Il se décide
à rebrousser chemin (air en italien Vezzosi lumi). (9)
Les serviteurs de Pluton lui barrent le chemin et le repoussent
à l'extérieur.
Acte III
Le mont Rhodope
(1) Orasie attend
qu'Orphée revienne sans Eurydice, mais son coeur est
tiraillé entre la crainte et l'espoir, la haine et l'amour.
Elle est toutefois bien décidée à renvoyer
Eurydice aux enfers si Orphée a réussi à l'en
arracher, en déchaînant ses nymphes contre Eurydice,
lors de la fête de Bacchus. Ismène se dit que la
vengeance est une étrange chose. (2) Orasie accueille
Orphée avec hypocrisie. Orphée lui révèle
qu'il sait qu'elle est responsable de la mort d'Eurydice et repousse
ses avances. Orasie éclate de colère et crie vengeance
(air en italien Vieni, o
sdegno).
Une partie d'un jardin non
loin du mont Rhodope, entouré d'un agréable paysage de
prairies et de bois
(3) Eurimédès
s'inquiète de savoir où est Céphise (air en
italien Augelleti, che
cantate). Il aperçoit
Orphée assis, triste et perdu dans ses pensées. Il
retrouve avec joie Orphée, mais celui-ci veut rester seul avec
son chagrin. (4) Seul, Orphée se rend compte qu'il a perdu
deux fois son Eurydice. L'écho de la forêt
répète une partie de sa plainte, les animaux sauvages
arrivent pour l'écouter. Il lance sa couronne de laurier et sa
lyre, se fait des reproches et attend la mort, seule capable de lui
rendre Eurydice. (5) Orasie se dit délivrée de son
amour et uniquement occupée de sa vengeance. Sa suite crie
également vengeance. (6) Une bande de femmmes ivres et
déchaînées tiennent chacun un bâton
entouré de lierre à la main. (7) La Prêtresse de
Bacchus et le choeur des femmes demandent qu'Orphée leur soit
livré et invoque Bacchus. Orasie leur demande de chercher
Orphée. On finit par l'apercevoir. Les femmes lancent leurs
bâtons sur lui et s'en reviennent avec, comme trophées,
des morceaux de sa couronne de laurier et de sa lyre. Orasie voit
Orphée renoncer à la vie avec courage et sent l'effroi
la gagner. La Prêtresse de Bacchus annonce qu'Orphée est
mort, les femmes lancent des cris de victoire. (8) La mort
d'Orphée n'a apporté à Orasie qu'un nouveau
tourment. Sa colère est tombée et l'amour revient
encore plus fort. Les spectres d'Orphée et d'Eurydice lui
apparaissent dans le lointain et elle se rend compte que le voeu
d'Orphée de retrouver Eurydice est maintenant
réalisé (air en français Hélas, quels soupirs me répondent
?). Orasie n'a plus comme issue que
de mourir à son tour pour espérer détourner
Orphée d'Eurydice jusque dans les enfers.
(d'après le livret
Harmonia Mundi)
Représentations :
Paris - Cité de la
Musique - 6 janvier 2009 -
version de concert - Opera Fuoco - dir. David Stern - avec
Dietrich Henschel, baryton (Orpheus), Daphné Touchais,
soprano (Eurydice), Rainer Trost, ténor (Eurimedes), Ann
Hallenberg, mezzo (Orasia), Marc Labonnette, baryton (Pluto),
Camille Poul, soprano (Ismène), Clémentine Margaine,
mezzo-soprano (Ascalax), Caroline Meng, soprano (Cephisa), Luanda
Siqueira, soprano (Die Priesterin), Aurélia Marchais,
soprano (Suivante d'Orasia), Dorothée Leclair, soprano
(Suivante d'Orasia)
Forum Opera - La Cité
s'hambourgeoise…
"Etrange objet musical non
identifié redécouvert il y a environ 30 ans que cet
Orphée de Telemann sur un livret anonyme inspiré de
celui que conçut Michel du Boulay pour Louis Lully (et non
Jean-Baptiste comme on l'entend quelquefois). Tout d'abord une
intrigue abracadabrantesque, renouvelant le mythe avec l'immixtion
du personnage d'Orasie, Reine de Thrace follement éprise
d'Orphée et jalouse de sa rivale Eurydice au point de
l'assassiner. Et puis, une écriture musicale composite,
synthèse du style hambourgeois à la Reinhardt
Kaiser, mâtinée d'airs italiens (sur des paroles
tirées d'opéras d'Haendel), et de chœurs
français (sur des vers provenant d'œuvres de Lully).
Voilà un opéra inclassable, trilingue, entre
intermède, divertissement et tragédie, aux airs
courts et rafraîchissants. Certes, il n'y a pas
fondamentalement ici de bouleversement révolutionnaire,
mais plutôt une juxtaposition harmonieuse des
éléments issus de cultures musicales opposée,
sur un livret – il faut bien l'avouer – dramatiquement assez
faiblard et déséquilibré (gigantesque premier
acte).
Si cette soirée fut
une réussite, ce fut sans conteste grâce à la
présence d'Ann Hallenberg, impériale dans le
rôle de la vengeresse et jalouse Orasie. Dès son
premier air "Wie hart ist mir das Schicksal noch ?" on
apprécie cette belle projection d'un timbre uni et profond.
Les récitatifs sont fermes et assurés, le chant bien
assis même si de temps à autre l'émission est
tendue ("Lieben, und nicht geliebet seyn", "Ach, fünd' ich
nicht"), les airs de fureur à l'italienne jouissifs et
mitrailleurs. Le premier acte voit donc le personnage d'Orasie,
très présent, se tailler la part du lion, quitte
à écraser de sa fière prestance ses autres
collègues. L'Orphée de Henschel s'avère
hélas brouillon et imprécis en dépit d'un
timbre rocailleux, et souffre d'un vibratello permanent, notamment
dans "Einsamkeit ist mein Vergnügen" ou "Fliesst ihr Zeugen".
En outre, le phrasé est excessif tant le baryton surjoue
son rôle, transformant le demi-dieu en caricature geignarde.
Il parvient cependant à se faire aimer de Daphné
Touchais qui campe une aimable et charmante Eurydice de sa voix
claire et innocente. Un peu crispée dans ses courtes
apparitions du premier acte (duo d'amour "Ohne dich kann ich nicht
leben"), la soprano légère se révèle
touchante de fragilité dans les scènes infernales.
A côté de
cette galaxie plus ou moins sérieuse, les personnages
secondaires comiques de Céphise et d'Eurimède sont
brossés avec verdeur et drôlerie par Caroline Meng et
Rainer Trost dans une optique purement "buffa" réjouissante
de spontanéité (toute la scène 8 de l'acte
I). Enfin, le Pluton de Marc Labonnette, débonnaire et
grognon, d'abord paniqué par l'intrusion d'Orphée,
puis mélomane cédant rapidement à ses
suppliques répond bien à l'action du livret, quand
bien même le maître des Enfers en ressort peu
redoutable.
La lecture de David Stern,
familier de Telemann - qui s'est déjà
aventuré avec bonheur dans Der Tag des Gerichts et Jephta -
est celle d'un Chardin ou d'un Boucher qui procède par
touches de couleurs, tout en courbes et douceur. L'ouverture est
ronde, chaude, les temps peu marqués, le premier chœur
alangui voire mollasson ("Angenehmer Aufenhalt"). De l'orchestre
d'Opera Fuoco émerge le continuo très volontariste
de Jay Bernfeld, qui soutient avec brio et expressivité les
récitatifs, de même que des bois grainés et
des flûtes coulantes. Le noyau des cordes est plus terne, en
retrait mais attentif et sensible. Autant dire que
l'interprétation ne parvient pas réellement à
insuffler sérieusement du drame à des
péripéties farfelues et à des dialogues d'une
platitude expliquant peut-être l'anonymat de leur auteur
(notamment la scène de trépas d'Euridyce, où
Orphée, hébété, répète 3
fois "Ach, Eurydice, stirbest du ?" – Ah Eurydice, tu te meurs
?").
En définitive, il
s'agit là d'une lecture paisible et éminemment
agréable à entendre de cette œuvre rare de Telemann,
d'où se détache très nettement l'Orasie d'Ann
Hallenberg, et qui pousse l'auditeur, sitôt sorti, à
se procurer au plus vite l'enregistrement de René Jacobs
avec l'Orasie très différente de Dorothea
Röschmann (Harmonia Mundi)."
Wolf Trap Opera - Virginie
- États Unis - 16, 18, 23,
25m juin 2006
Berlin - Apollo Saal
- 12, 14, 16, 19, 21 mai 2000 -
dir. Cremonesi - mise en scène Peters-Messer - avec Smytka,
Nold, Stojkovic, Trekel, Güra, Mannov, Wessel
Berlin - Deutsche
Staatsoper - 17, 19, 21, 25 et 27
avril 1996 - dir. René Jacobs - mise en scène Jakob
Peters Meser - costumes Tobias Hoheisel - avec Janet Williams,
Roman Trekel (Orpheus), Dorothea Röschmann, Efrat Ben-Nun,
Axel Köhler
Berlin - Deutsche
Staatsoper - 20, 23, 25, 27
octobre, 2, 6, 8, 10 novembre 1994 - dir. René Jacobs -
mise en scène Jakob Peters Meser - costumes Tobias Hoheisel
- avec Janet Williams (Orasia), Roman Trekel (Orpheus), Carola
Höhn, Efrat Ben-Nun, Axel Köhler (Ascalax), Grant
Dixon (Plutone)
"Quelques coupures auraient
peut-être donné plus d'efficacité à
l'ensemble. Déjà représentée à
Innsbruck, cette production a obtenu un grand succès à
Berlin. Mise en scène prudente et de bon goût de Jakob
Peters-Meser, dans de beaux décors et surtout, avec les
costumes ravissants de Tobias Hoheisel. Au pupitre de l'Akademie
für Alte Musik, René Jacobs est plus stimulant et
pétillant que jamais, au sommet de son art dans les airs
d'Orasia qui débordent véritablement de
sensualité. Janet Williams s'y montre tour à tour une
reine pathétique et une coquette pleine d'artifice. La voix
est généreuse et la colorature d'une agilité
surprenante. L'Orphée de Roman Trekel, assez méchamment
traité par le compositeur, reste correct, tandis que Grant
Dixon (Pluton) nous éblouit par ses vocalises. Axel
Köhler est excellent on Ascalax, garde du corps de
Pluton."
Innsbruck - Festival de
Musique Ancienne - 14, 16 et 18
août 1994 - dir. René Jacobs - mise en scène
Peters Messer - avec Janet Williams, Roman Trekel (Orpheus),
Höhn, Efrat Ben-Nun, Eisenfeld, Hering