CATONE IN UTICA

Caton et César

COMPOSITEUR

Antonio VIVALDI
LIBRETTISTE

Pietro Metastasio

ENREGISTREMENT
ÉDITION
DIRECTION
ÉDITEUR
NOMBRE
LANGUE
FICHE DÉTAILLÉE
1984
2003
Claudio Scimone
Erato
2
italien
2001
2002
Jean-Claude Malgoire
Dynamic
2
italien
2012
2013
Alan Curtis
Naïve
3
italien

Opéra en trois actes (RV 705), représenté  au Théâtre philarmonique de Vérone, le 26 mars 1737, avec une distribution réunissant Cesare Grandi (Catone), le castrat soprano Lorenzo Girardi (Cesare), la castrat soprano Giacomo Zaghini (Arbace), la contralto vénitienne Elisabetta Moro, spécialisée dans les rôles travestis (Fulvio), Giovanna Gasparini (Emilia), Anna Giro (Marzia).

Charles Albert (*), électeur de Bavière, son épouse Marie Amélie, et son frère Ferdinand assistèrent à la première représentation. Vivaldi était sans doute présent également.

(*) Charles Albert de Bavièree, né en 1697, se fit couronner empereur germanique en 1742 sous le nom de Charles VII, et mourut en 1745.

Il fut interdit à Venise, deux mois avant les représentations de Vérone par le Conseil des Dix, en raison du sujet trop politique. Toutefois, la fin fut amputée de la mort de Caton. L'opéra fut repris l'année suivante à Amsterdam.

Seuls les actes II et III sont parvenus : la partition de l'acte I est perdue, dont Vivaldi disait qu'il avait été composé par "d'autres personnes".

 Reprise à Graz à l'automne 1740, avec Anna Giro, et - sans doute - en présence de Vivaldi.

 

Synopsis

"C'est dans l'histoire romaine que le quatrième opéra véronais de Vivaldi nous transporte. Giulio Cesare règne en maître absolu sur l'Empire après sa victoire sur Pompeo. L'un des derniers républicains à lui résister est le sénateur Catone d'Utica (ville africaine), associé au prince de Numidie, Arbace. Suivant le goût baroque bien connu chez Corneille, que l'on retrouvera par exemple chez Haendel, et peut-être héritier de Sénèque via Shakespeare, de mêler la trame politique à l'histoire amoureuse, l'intrigue fera d'Arbace le soupirant de la fille de son ami Catone, Marzia qui, elle, est éprise du tyran. Cesare se présente à Utica devant Catone pour tenter une paix, mais Emilia, veuve de Pompeo, laisse éclater son indignation et sa peine. Le légat romain Fulvius vit parallèlement un lourd dilemme : il soutient sincèrement la politique de l'Empereur tout en brûlant d'amour pour Emilia. Marzia propose à Cesare une union qui amènerait forcément la paix voulue. A l'acte II, Catone refuse fièrement l'exigence du Sénat lui ordonnant de se soumettre à la volonté populaire, en faveur de Cesare. Il consent, finalement à rencontrer le tyran. Cette entrevue ne porte guère, l'intégrité républicaine de Catone restant sans faille, et le rebelle s'emporte à la proposition de mariage entre Marzia et l'Empereur. La jeune fille, disculpant ainsi Cesare, avoue publiquement un amour authentique. Le dernier acte cristallise la tragédie : Cesare s'apprête à entamer une guerre contre Utica. Emilia, toujours soucieuse de venger la mort de Pompeo, lui tend une embuscade. Mais Catone arrive, et déjoue ses plans. Il s'indigne du procédé honteux de la veuve, et propose un duel à l'Empereur. Cependant, la bataille a commencé. Bientôt, Utica est vaincue. Catone, fidèle à la République, veut mettre fin à ses jours. Surviennent Arbace et Marzia qui parviendront à l'en dissuader. Emilia quitte les lieux en affirmant son espoir de vengeance, tandis que Marzia et Cesare seront unis. La première version du livret, en 1728, prévoyait, fidèlement à l'histoire, la mort de Catone sur scène, dans les bras de sa fille. Metastasio conçut une seconde version cinq ans plus tard qui répondit mieux au goût du public : c'est celle-ci que choisit Vivaldi pour son opéra. (Anaclase.com)

 

 Synopsis détaillé

Dans la ville africaine d'Utique se sont regroupées les ultimes résistances républicaines antagonistes de Jules César qui, après sa victoire sur Pompée, est désormais le maître absolu de la scène politique et militaire romaine. L'une des dernières poches de résistance est tenue par le sénateur romain Caton d'Utique et par Arbace, prince royal de Numidie, ami de Caton Arbace est épris de Marzia, la fille de Caton, mais celle-ci aime César, bien que son père l'ait promise à Arbace.

Acte I

Salle d'armes

(1) Caton s'apprête à recevoir César à sa demande. Arbace lui confirme sa fidélité et demande en contrepartie la main de Marzia. Celle-ci se récrie, mais Caton accepte, et décerne à Arbace la citoyenneté romaine. (2) Marzia ne peut cacher à Arbace son amour pour César, mais lui fait promettre de ne pas parler de noces. (3) Resté seul, Arbace se lamente. (4) César, accompagné de Fulvius, légat romain rallié à sa cause, se présente devant Caton, et lui marque du respect. (5) Emilie, la veuve de Pompée, venue chercher refuge auprès de Caton, ne parvient pas à retenir son indignation devant le responsable de la mort de son époux. Fulvius calme le jeu, et la rencontre entre Caton et César est repoussée. (6) Emilie reste très remontée contre César. (7) Elle reproche à Fulvius d'avoir pris le parti de César et lui demande de choisir entre être "l'ami de César" et "l'amant d'Emilie". Fulvius promet à Emilie de lui être fidèle. (8) Emilie, restée seule, renouvelle son désir de vengeance.

Un jardin proche de la résidence de Caton

(9) Fulvius raconte à César, qui l'en remercie, comment il a feint d'être du côté d'Emilie. (10) Marzia survient et reproche à César son attitude vis à vis de Caton. En échange de son amour, César lui promet de faire la paix avec son père.

Acte II

Une cour magnifique

(1) Caton confirme à Arbace et Marzia leurs noces prochaines. Fulvius arrive qui l'informe de l'arrivée de César. Caton refuse de le rencontrer, mais Fulvius lui remet un message par lequel le Sénat romain menace Caton de le déclarer ennemi s'il ne se retire pas devant César. Caton reste inflexible et se retire. (2) Fulvius fulmine contre Caton. Marzia repousse Arbace. (3) César survient devant Emilie et Marzia. César est outré de l'attitude de Caton. (4) fulvius annonce à César que ce dernier, sous la pression populaire, accepte de le recevoir. César confirme à Marzia qu'il ne cherche qu'à faire la paix. (5) Marzia reprend espoir devant Emilie qui a compris ses sentiments pour César. (6) Emilie est consciente de la trahison de Fulvius, qui lui confirme son aide, mais n'en laisse rien paraître. (7) Fulvius a des remords de trahir Emilie.

Un lieu à l'écart, chez Caton

(8) Caton indique à César qu'il le reçoit sous la contrainte. César, quqi cherche un accord à tout prix, accepte de passer pour vaincu, mais Caton exige qu'il abandonne le commandement des armées, qu'il renonce au titre de César et qu'il soit emprisonné. César veut discuter, mais Caton refuse. L'indignation de Caton est à son comble lorsque César lui parle d'épouser Marzia. (9) Celle-ci est désespérée, et toutes ses tentatives de ramener la paix entre les deux Romains sont vaines, et la guerre apparaît inévitable. (10) Marzia reproche à son père de mettre sa vie et celle d'Emilie en danger. Caton lui fait part d'un passage qui leur permettra de s'échapper vers la source d'Isis. (11) Arbace demande à Caton la main de Marzia, mais celle-ci ne parvient plus à se retenir et avoue à son père son amour pour César. Caton est furieux, et Arbace le maîtrise alors qu'il allait la frapper. (12) Marzia reproche à Arbace et Emilie, qui s'en défendent, d'oeuvrer contre elle. (13) Arbace exhale sa douleur. (14) Restée seule, Emilie craint pour elle en cas de victoire de César.

Acte III

Un bois entouré de grands arbres menant à la source d'Isis

(1) César est désormais décidé à abandonner toute tentative de réconciliation avec Caton et veut lui déclarer la guerre. Fulvius le met en garde contre un complot ourdi par Emilie en vue de l'assassiner. Il lui conseille de se faire conduire en secret hors d'Utique par Floro, un soldat de Caton, pendant qu'il attaquera le camp de Caton. (2) César rencontre Marzia qui tente d'échapper à la colère de son père et le quitte en lui demandant d'épargner son père. (3) César reste seul et soupire. (4) Emilie prépare une embuscade avec des hommes armés qui se dissimulent. (5) César arrive avec Floro à la source d'Isis, à la recherche du passage Il se heurte à Emilie. César croit avoir été trahi par Fulvius mais Emilie le détrompe. Les hommes en aarmes sortent, et attaquent César qui se défend. (6) César est sauvé par l'arrivée de Caton à la recherche de sa fille. Emilie avoue devant lui son projet de vengeance. Caton la chasse. (7) Caton propose à César de résoudre leur opposition par un duel. Au moment où ils vont se battre, (8) Emilie arrive qui annonce l'assaut romain aux murailles d'Utique. César et Caton rejoignent chacun leur propre camp. (9) Emilie, restée seule, se lamente. (10) Caton, l'épée à la main, annonce la victoire de César, et décide de mettre fin à ses jours. (11) Marzia et Arbace l'en empêchent. Marzia essaie de fléchir son père mais Caton reste inflexible. (12) Victorieux, César veut que Caton soit épargné. Fulvius le rassure. (13) César confirme à Marzia que Caton est libre. Arbace fait son deuil de Marzia, Emilie renouvelle son désir de vengeance, César et Marzia se donnent leur coeur.

 

http://www.liberliber.it/biblioteca/m/metastasio/index.htm

  

Représentations :

 

 

Catone in Utica à l'Opéra Comique

 

Catone in Utica à Tourcoing

" La musique des deux derniers actes de Catone in Utica (1737) nous est parvenue ; manque seulement celle du premier, soit sept airs et l'Ouverture. Comme ils l'avaient fait pour Montezuma, Malgoire et son équipe ont donc emprunté les airs manquants aux oeuvres contemporaines (dont beaucoup incomplètes) du Prêtre roux, retrouvant même deux d'entre eux qui avaient été transportés tels quels, avec notes et paroles, d'un ouvrage à l'autre, ce qui se faisait couramment à l'époque. Toujours passionnants d'un point de vue musical (l'air de Cesare "Vaga sel" et celui d'Emilia "O nel sen di qualche stella" constituent des découvertes particulièrement séduisantes), les choix de nos artistes s'avèrent parfois un peu moins convaincants en ce qui concerne la prosodie ("Con si bel nome" de Catone). On peut également leur reprocher quelques incohérences dramatiques (le déplacement du monologue d'Arbace et les deux baissers de rideau successifs de l'acte I, la restitution de la mort de Catone à l'acte III) qui ne contribuent pas à rendre sa dignité à un livret déjà largement violenté par le compositeur. Certes, le propos des interprètes n'était pas la reconstitution à tout crin ; il n'est ainsi pas certain que Vivaldi aurait composé des réci-atifs aussi "écrits" que celui précédant le premier air d'Emilia (on dirait du Monteverdi !) ni truffé son opéra d'autant d'interludes "symphoniques". Peu importe, c'est très beau - du moins dès que l'orchestre, un peu amorphe et brouillon ce soir-là (ne parlons pas des cors de l'Ouverture...) se réveille et se concentre.

La mise en scène ne court pas non plus après l'authenticité... pour des résultats mitigés. Regrettons, tout d'abord, un décor d'une grande laideur (pans de mur modulables peints en jaune, bleu et rouge vif, sur un lino noir, agrémentés de quelques chaises qui n'auraient pas déparé dans la salle d'attente d'un dentiste), heureusement de temps en temps masqué par de beaux effets d'éclairage (les feuillages de l'acte III), mais qui a pour défaut principal d'"absorber" visuellement les magnifiques costumes de Christine Rabot-Pinson, parfaits exemples de ce style antico-rococo qui prévalait sur les scènes du Settecento, conçus dans de délicats camaïeux de blancs-noirs-gris. Pour une fois, l'on ne pourra pas reprocher au metteur en scène de n'être pas attentif à la direction d'acteurs, mais Gildas Bourdet a ici péché par excès inverse, imposant à des interprètes qui, hélas, ne sont pas des comédiens, poses, pas et rhétorique gestuelle qu'ils semblent réciter avec application et peu de spontanéité.

La distribution vocale est intéressante, sinon parfaitement adaptée à une partition meurtrière. Simon Edwards la domine grâce à sa voix bien projetée, aux couleurs fort agréables, même si l'on pré-ère ce prometteur jeune ténor dans des rôles plus aigus et plus lyriques (mozartiens, par exemple). Confrontée à la partie paroxystique d'Emilia, Veronica Cangemi renonce à la frénésie d'une Margarita Zimmermann (Erato) au profit d'un chant plus probe, un peu sage parfois, mais d'une superbe maîtrise technique. Patrizia Rozario compense une voix lourde et entachée de souffle par une intense présence scénique. L'on regrette la prestation un peu hésitante de Sophie Fournier, au timbre pourtant plaisant, et le chant totalement engorgé, incompréhensible d'Annie Vavrille. Jacek Laszczkowski, lui non plus, ne se fait pas souvent comprendre en outre, les fréquents coups de glotte et le médium désincarné (évoquant celui de la tardive Agnes Baltsa) de ce sopraniste indisposent d'abord. Mais sa prestance, son magnifique registre aigu, le trille irrésistible par lequel il termine "Se mai senti", les impalpables notes filées d'"Aprile luci" lui ont valu une ovation à laquelle, en définitive, on ne peut s'empêcher de souscrire.". (Opéra International - juillet/août  1998)

 

 

 

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