COMPOSITEUR
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Antonio VIVALDI
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LIBRETTISTE
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Pietro Metastasio
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ENREGISTREMENT
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ÉDITION
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DIRECTION
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ÉDITEUR
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NOMBRE
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LANGUE
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FICHE
DÉTAILLÉE
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1984
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2003
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Claudio Scimone
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Erato
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2
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italien
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2001
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2002
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Jean-Claude Malgoire
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Dynamic
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2
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italien
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2012
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2013
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Alan Curtis
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Naïve
|
3
|
italien
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Opéra en trois actes (RV
705), représenté au Théâtre
philarmonique de Vérone, le 26 mars 1737, avec une
distribution réunissant Cesare Grandi (Catone), le castrat
soprano Lorenzo Girardi (Cesare), la castrat soprano Giacomo Zaghini
(Arbace), la contralto vénitienne Elisabetta Moro,
spécialisée dans les rôles travestis (Fulvio),
Giovanna Gasparini (Emilia), Anna Giro (Marzia).
Charles Albert (*), électeur
de Bavière, son épouse Marie Amélie, et son
frère Ferdinand assistèrent à la première
représentation. Vivaldi était sans doute présent
également.
(*) Charles Albert de Bavièree,
né en 1697, se fit couronner empereur germanique en 1742 sous
le nom de Charles VII, et mourut en 1745.
Il fut interdit à Venise,
deux mois avant les représentations de Vérone par le
Conseil des Dix, en raison du sujet trop politique. Toutefois, la fin
fut amputée de la mort de Caton. L'opéra fut repris
l'année suivante à Amsterdam.
Seuls les actes II et III sont
parvenus : la partition de l'acte I est perdue, dont Vivaldi disait
qu'il avait été composé par "d'autres
personnes".
Reprise à Graz
à l'automne 1740, avec Anna Giro, et - sans doute - en
présence de Vivaldi.
Synopsis
"C'est dans l'histoire romaine
que le quatrième opéra véronais de Vivaldi nous
transporte. Giulio Cesare règne en maître absolu sur
l'Empire après sa victoire sur Pompeo. L'un des derniers
républicains à lui résister est le
sénateur Catone d'Utica (ville africaine), associé au
prince de Numidie, Arbace. Suivant le goût baroque bien connu
chez Corneille, que l'on retrouvera par exemple chez Haendel, et
peut-être héritier de Sénèque via
Shakespeare, de mêler la trame politique à l'histoire
amoureuse, l'intrigue fera d'Arbace le soupirant de la fille de son
ami Catone, Marzia qui, elle, est éprise du tyran. Cesare se
présente à Utica devant Catone pour tenter une paix,
mais Emilia, veuve de Pompeo, laisse éclater son indignation
et sa peine. Le légat romain Fulvius vit parallèlement
un lourd dilemme : il soutient sincèrement la politique de
l'Empereur tout en brûlant d'amour pour Emilia. Marzia propose
à Cesare une union qui amènerait forcément la
paix voulue. A l'acte II, Catone refuse fièrement l'exigence
du Sénat lui ordonnant de se soumettre à la
volonté populaire, en faveur de Cesare. Il consent, finalement
à rencontrer le tyran. Cette entrevue ne porte guère,
l'intégrité républicaine de Catone restant sans
faille, et le rebelle s'emporte à la proposition de mariage
entre Marzia et l'Empereur. La jeune fille, disculpant ainsi Cesare,
avoue publiquement un amour authentique. Le dernier acte cristallise
la tragédie : Cesare s'apprête à entamer une
guerre contre Utica. Emilia, toujours soucieuse de venger la mort de
Pompeo, lui tend une embuscade. Mais Catone arrive, et déjoue
ses plans. Il s'indigne du procédé honteux de la veuve,
et propose un duel à l'Empereur. Cependant, la bataille a
commencé. Bientôt, Utica est vaincue. Catone,
fidèle à la République, veut mettre fin à
ses jours. Surviennent Arbace et Marzia qui parviendront à
l'en dissuader. Emilia quitte les lieux en affirmant son espoir de
vengeance, tandis que Marzia et Cesare seront unis. La
première version du livret, en 1728, prévoyait,
fidèlement à l'histoire, la mort de Catone sur
scène, dans les bras de sa fille. Metastasio conçut une
seconde version cinq ans plus tard qui répondit mieux au
goût du public : c'est celle-ci que choisit Vivaldi pour son
opéra. (Anaclase.com)
Synopsis détaillé
Dans la ville africaine d'Utique se sont
regroupées les ultimes résistances républicaines
antagonistes de Jules César qui, après sa victoire sur
Pompée, est désormais le maître absolu de la
scène politique et militaire romaine. L'une des
dernières poches de résistance est tenue par le
sénateur romain Caton d'Utique et par Arbace, prince royal de
Numidie, ami de Caton Arbace est épris de Marzia, la fille de
Caton, mais celle-ci aime César, bien que son père
l'ait promise à Arbace.
Acte I
Salle d'armes
(1) Caton s'apprête à recevoir
César à sa demande. Arbace lui confirme sa
fidélité et demande en contrepartie la main de Marzia.
Celle-ci se récrie, mais Caton accepte, et décerne
à Arbace la citoyenneté romaine. (2) Marzia ne peut
cacher à Arbace son amour pour César, mais lui fait
promettre de ne pas parler de noces. (3) Resté seul, Arbace se
lamente. (4) César, accompagné de Fulvius, légat
romain rallié à sa cause, se présente devant
Caton, et lui marque du respect. (5) Emilie, la veuve de
Pompée, venue chercher refuge auprès de Caton, ne
parvient pas à retenir son indignation devant le responsable
de la mort de son époux. Fulvius calme le jeu, et la rencontre
entre Caton et César est repoussée. (6) Emilie reste
très remontée contre César. (7) Elle reproche
à Fulvius d'avoir pris le parti de César et lui demande
de choisir entre être "l'ami de César" et "l'amant
d'Emilie". Fulvius promet à Emilie de lui être
fidèle. (8) Emilie, restée seule, renouvelle son
désir de vengeance.
Un jardin proche de la résidence de
Caton
(9) Fulvius raconte à César, qui l'en
remercie, comment il a feint d'être du côté
d'Emilie. (10) Marzia survient et reproche à César son
attitude vis à vis de Caton. En échange de son amour,
César lui promet de faire la paix avec son père.
Acte II
Une cour magnifique
(1) Caton confirme à Arbace et Marzia leurs
noces prochaines. Fulvius arrive qui l'informe de l'arrivée de
César. Caton refuse de le rencontrer, mais Fulvius lui remet
un message par lequel le Sénat romain menace Caton de le
déclarer ennemi s'il ne se retire pas devant César.
Caton reste inflexible et se retire. (2) Fulvius fulmine contre
Caton. Marzia repousse Arbace. (3) César survient devant
Emilie et Marzia. César est outré de l'attitude de
Caton. (4) fulvius annonce à César que ce dernier, sous
la pression populaire, accepte de le recevoir. César confirme
à Marzia qu'il ne cherche qu'à faire la paix. (5)
Marzia reprend espoir devant Emilie qui a compris ses sentiments pour
César. (6) Emilie est consciente de la trahison de Fulvius,
qui lui confirme son aide, mais n'en laisse rien paraître. (7)
Fulvius a des remords de trahir Emilie.
Un lieu à l'écart, chez Caton
(8) Caton indique à César qu'il le
reçoit sous la contrainte. César, quqi cherche un
accord à tout prix, accepte de passer pour vaincu, mais Caton
exige qu'il abandonne le commandement des armées, qu'il
renonce au titre de César et qu'il soit emprisonné.
César veut discuter, mais Caton refuse. L'indignation de Caton
est à son comble lorsque César lui parle
d'épouser Marzia. (9) Celle-ci est
désespérée, et toutes ses tentatives de ramener
la paix entre les deux Romains sont vaines, et la guerre
apparaît inévitable. (10) Marzia reproche à son
père de mettre sa vie et celle d'Emilie en danger. Caton lui
fait part d'un passage qui leur permettra de s'échapper vers
la source d'Isis. (11) Arbace demande à Caton la main de
Marzia, mais celle-ci ne parvient plus à se retenir et avoue
à son père son amour pour César. Caton est
furieux, et Arbace le maîtrise alors qu'il allait la frapper.
(12) Marzia reproche à Arbace et Emilie, qui s'en
défendent, d'oeuvrer contre elle. (13) Arbace exhale sa
douleur. (14) Restée seule, Emilie craint pour elle en cas de
victoire de César.
Acte III
Un bois entouré de grands arbres menant
à la source d'Isis
(1) César est désormais
décidé à abandonner toute tentative de
réconciliation avec Caton et veut lui déclarer la
guerre. Fulvius le met en garde contre un complot ourdi par Emilie en
vue de l'assassiner. Il lui conseille de se faire conduire en secret
hors d'Utique par Floro, un soldat de Caton, pendant qu'il attaquera
le camp de Caton. (2) César rencontre Marzia qui tente
d'échapper à la colère de son père et le
quitte en lui demandant d'épargner son père. (3)
César reste seul et soupire. (4) Emilie prépare une
embuscade avec des hommes armés qui se dissimulent. (5)
César arrive avec Floro à la source d'Isis, à la
recherche du passage Il se heurte à Emilie. César croit
avoir été trahi par Fulvius mais Emilie le
détrompe. Les hommes en aarmes sortent, et attaquent
César qui se défend. (6) César est sauvé
par l'arrivée de Caton à la recherche de sa fille.
Emilie avoue devant lui son projet de vengeance. Caton la chasse. (7)
Caton propose à César de résoudre leur
opposition par un duel. Au moment où ils vont se battre, (8)
Emilie arrive qui annonce l'assaut romain aux murailles d'Utique.
César et Caton rejoignent chacun leur propre camp. (9) Emilie,
restée seule, se lamente. (10) Caton, l'épée
à la main, annonce la victoire de César, et
décide de mettre fin à ses jours. (11) Marzia et Arbace
l'en empêchent. Marzia essaie de fléchir son père
mais Caton reste inflexible. (12) Victorieux, César veut que
Caton soit épargné. Fulvius le rassure. (13)
César confirme à Marzia que Caton est libre. Arbace
fait son deuil de Marzia, Emilie renouvelle son désir de
vengeance, César et Marzia se donnent leur coeur.
http://www.liberliber.it/biblioteca/m/metastasio/index.htm
Représentations :
- Paris -
Théâtre des Champs Élysées -
10 janvier 2014 - version de concert - Il Complesso Barocco - dir.
Alan Curtis - avec , Colin Balzer (Catone), Caitlin Hulcup
(Cesare), Sonia Prina (Marzia), Ann Hallenberg (Emilia), Nerea
Berraondo (Fulvio), Ana Quintans (Arbace)
- Tourcoing - Atelier
lyrique - 23 et 25 novembre 2001 - La Grande Ecurie et
la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire - dir. Jean-Claude
Malgoire - mise en scène Gildas Bourdet - décors
Gildas Bourdet et Edouard Laug - costumes Christine Rabot-Pinson -
lumières Jacky Lautem - avec Simon Edwards (Catone), Jacek
Laszczkowski (Cesare), Liliana Faraon (Marzia), Veronica Cangemi
(Emilia), Diana Bertini (Fulvio), Philippe Jaroussky (Arbace),
Yohan Cattant, Antoine Champène, Vincent Gominet, Mathieu
Guez, Rabah Henneguier, Clément Mémery (Soldats et
hommes de garde),
"Il faut tout d\92abord louer
la grande rigueur et patience sur le plan musicologique dont a
fait preuve Jean-Claude Malgoire et son équipe pour exhumer
une \9Cuvre d\92un grand intérêt, dont une partie
(l\92essentiel du premier acte) avait été perdue. Le
travail de reconstitution minutieux a permis de retrouver deux des
sept airs manquants, les cinq autres étant empruntés
à d\92autres opéras de Vivaldi, le plus en rapport
avec la situation dramatique du livret, les récitatifs
étant composés par Malgoire. Le résultat est
plus que probant, la différence entre les deux parties ne
se faisant absolument pas sentir. La production de Gildas Bourdet
est efficace dans sa simplicité et son respect des
conventions du genre. Le point noir reste le rôle de Fluvio,
confié à la création de 1737 à la
virtuose Elisabetta Moro et difficilement distribué
aujourd\92hui : ni Annie Vavrille en 1998, ni Sylvie Althaparro
à l\92Opéra-Comique n\92avaient convaincu mais Diana
Berti les surpasse dans la médiocrité, insuffisante
de projection, molle de diction et surtout impossible dans les
vocalises, surtout dans son premier air "Anch\92il mare par che
sommerga", issu de Semiramide puis Bajazet, d\92autant qu\92il a
été enregistré récemment dans le
récital Vivaldi par Cecilia Bartoli. Heureusement, les
autres chanteurs rendent tous justice à leur rôle et
sortent vainqueurs des difficultés de la partition. Tout
d\92abord, la grande musicienne qu\92est Veronica Cangemi,
annoncée souffrante pourtant, se joue des écarts de
ses deux airs de fureur avec une aisance déconcertante, le
timbre corsé ayant pris de la consistance au fil des
années. Le contraste avec le soprano plus léger,
moins coloré mais d'une grande finesse de Liliana Faraon
est des plus heureux. Simon Edwards mûrit toujours un peu
plus depuis ses premières apparitions hésitantes
à Tourcoing, la voix s\92élargissant positivement et
le comédien sensible brosse un portrait touchant du
rôle titre. Restent les deux sopranistes : Philippe
Jaroussky, dans un rôle trop secondaire, réussit
pourtant à faire remarquer une technique déjà
remarquable, un timbre d\92une homogénéité
rarement rencontrée, une capacité de maîtrise
du legato et une facilité dans la vocalisation. Jacek
Laszczkowski, bien connu désormais du public de l\92Atelier
Lyrique de Tourcoing est un comédien extraordinaire
incarnant subtilement Cesare, sa magnanimité et ses
contradictions ; sa voix a quelque chose de surhumain, gagnant en
consistance plus la tessiture rejoint le suraigu, alors que le
grave a du mal à se projeter ; sa musicalité est
particulièrement évidente dans l\92air plein de
noblesse qu\92est "Vincerà l\92aspro moi fatto", en fait air de
remplacement issu de Semiramide et qui fut le plus beau moment de
la représentation. Jean-Claude Malgoire dirige avec un
évident plaisir cette partition passionnante et prend soin
de ses chanteurs tout en faisant preuve d\92une réelle
rigueur dans sa direction." (ConcertoNet - 25 novembre
2001)
- Opéra Comique
- 25, 26, 27, 29, 30 mai, 1er, 2, 3 juin
2001 - La Grande Ecurie et la Chambre du Roy - dir. Jean-Claude
Malgoire - mise en scène Gildas Bourdet - conseiller
musical et dramaturgique Frédéric Delaméa -
décor Gildas Bourdet, Edouard Laug - lumière Jacky
Lautem - costumes Christine Rabot-Pinson - chef de chant Elisabeth
Geiger - avec Simon Edwards (Catone), Jacek Laszczkowski (Cesare),
Manuela Kriscak (Marzia), Veronica Cangemi (Emilia), Sylvie
Althaparro (Fulvio), Philippe Jaroussky (Arbace) - Production de
l'Atelier Lyrique de Tourcoing
- Opéra International - juillet
2001
"Apparemment, Jean-Claude
Malgoire dirige de manière assez peu contraignante...il
veille admirablement à ne pas couvrir les voix"..."La
distribution est d'excellente tenue, à commencer par les
deux contre-ténors...Le sopraniste Jacek Laszczkowski a une
projection bien mince...mais la grâce du timbre, la
maîtrise de l'aigu et la musicalité emportent une
adhésion sans réserve"..."L'allto Philippe Jaroussky
possède une densité assez rare ches les
contre-ténors"..."La distribution féminine a
été dominée par Veronica Cangemi, laquelle
allie densité timbrique et ardeur dramatique"..."Les
qualités vocales de Manuela Kriscak ont été
renforcées par une évidente aisance
scénique"..."Dans un rôle masculin, la contralto
Sylvie Althaparro a montré bien des qualités ;
pourtant ses deux airs requéraient des qualités
opposées, extrême virtusosité et ligne de
chant tendue."
- Altamusica - Honni soit qui Gloire y
pense - 25 mai 2001
"S\92appuyant sur une
orchestration à la richesse respectable, la musique de
Vivaldi ne réserve pas beaucoup de surprises, mais
dispense néanmoins de beaux instants, principalement
dans les airs de César. Par ailleurs, Jean-Claude
Malgoire a opéré une habile sélection dans
le corpus vivaldien pour remplacer la musique du premier acte,
entièrement perdue. Opera seria jusqu\92à la
dernière note, Catone donne la priorité à
la pyrotechnie vocale, la plupart des airs exigeant une
vélocité impressionnante et surtout une tessiture
terrifiante. C\92est à cette primauté de la
vocalité sur une réelle réflexion
dramatique que se heurte tout metteur en scène :
comment, par exemple, traiter les da capo, occasion pour un
chanteur de dévoiler son art (encore faut-il qu\92il en
ait les capacités), mais immanquable casse-tête
pour la scénographie ? Gildas Bourdet n\92aura pas
apporté de réponse définitive, mais du
moins a-t-il le mérite de ne pas laisser ses artistes
à l\92abandon et d\92éviter tout statisme, avec un
jeu d\92acteur certes conventionnel. Même remarque pour les
décors minimalistes et résolument abstraits,
faits de panneaux de couleurs vives que reflète un sol
très miroitant, des chaises servant seules d\92accessoires
; passé l\92interrogation première suscitée
par leur sens, le spectateur se laisse prendre à un jeu
de lumières assez esthétiques. Le gros point noir
reste des costumes assez "camelote"(celui d\92Arbace !), dont
l\92exubérance à mi-chemin entre histoire et
féérie jure de manière flagrante avec
l\92environnement abstrait.
Le manque de
préparation de la Grande Ecurie a été pour sa
part bien réel. Justesse approximative, attaques
désordonnées, sonorité d\92ensemble malingre,
l\92orchestre a fortement déçu, dans une musique qui
pourtant n\92exige pas de prouesses. Jean-Claude Malgoire n\92a pas
réussi à surmonter les faiblesses de sa phalange
pour imprimer un véritable dramatisme à la
partition. En revanche, on ne pouvait trouver meilleur choix s\92il
agissait d\92écarter le répertoire baroque de cette
scène (l\92Opéra Comique) qui lui convient pourtant
idéalement. Reste la distribution. Dans le
rôle-titre, le ténor Simon Edwards n\92a pas le plus
beau timbre du monde, mais il assure courageusement les notes,
sans parvenir toutefois à animer un personnage
unidimensionnel. Sa fille Marzia, ici la soprano Manuela Kriscak,
est un peu à son image, professionnelle, mais sans grande
séduction ni virtuosité. Sa prestation demeure
cependant un plaisir si on la compare au Fulvio catastrophique de
Sylvie Althaparro. On connaissait le beau timbre de cette
chanteuse, ainsi que ses limites dans les exercices de
virtuosité, mais comment ne pas être atterré
par les inégalités de registre, le manque de
souplesse ou la justesse inexistante, brutalement
révélés dans un rôle écrit pour
Elisabetta Moro, l\92une des plus grandes virtuoses de l\92ère
baroque ? Philippe Jarroussky en Arbace a fait valoir une
musicalité parfaite, servie par un beau sens du
phrasé, mais il doit encore travailler le placement de la
voix et sa projection. Veronica Cangemi a aisément
triomphé en Emilia vengeresse : beau timbre, vocalises
sidérantes, la soprano a compensé un certain manque
de franchise dans l\92émission par un engagement
théâtral admirable. Reste le cas Jacek Laczckowski.
Le polonais est un vrai sopraniste ; si le grave est
quasi-inaudible, si l\92endurance dans une oeuvre aussi longue fait
défaut, le musicien a surpris par son raffinement et
surtout, le virtuose a sidéré le public par son
aisance dans les aigus, jusque dans des cadences distillant des
contre-notes à faire pâlir bien des sopranos. Un cas
unique assurément. Plus qu\92un simple objet de
curiosité, Laczckowski a été l'astre bizarre
d\92une soirée qui a alterné le meilleur et plus
souvent le pire."
et aussi :
"L'entreprise,
confiée à Jean-Claude Malgoire, souffre d'un mal qui
tend à devenir trop fréquent chez le pionnier du
concert à l'ancienne en France. En d'autres termes, son
orchestre de la Grande Ecurie joue "petits bras" dès
l'ouverture, compromise par des cors en mal de justesse et des
cordes terriblement à la peine. Dommage, hélas,
trois fois dommage, car l'harmonieuse mise en scène de
Gildas Bourdet et le plateau de voix stimulant \96 sinon
entièrement satisfaisant - méritaient mieux que cet
accompagnement très insuffisant. Avec un bonheur absolu :
la révélation du soprano conquérant et
vengeur de Veronica Cangemi, à l'aise dans les prouesses
pyrotechniques du rôle d'Emilia, la veuve de Pompée
qui poursuit César de sa haine. Précisément,
César est le sopraniste Jacek Laszczkowski : timbre disons
fabriqué, mais technique assurée qui fait
rêver à ce que la réalité historique
des castrats a peut-être été. Et si la mezzo
Sylvie Althaparro (Fulvio) ne sort pas indemne d'un aria certes
à très haut risque (popularisé au disque par
Cecilia Bartoli), on n'oubliera pas de sitôt le Caton au
profil de médaille du ténor Simon Edwards, non plus
que l'Arbace de Philippe Jaroussky, décidément le
contre-ténor qui monte."
"C'est le manque de
technique et de dramatisme qui condamne le Catone de Malgoire
à un honnête spectacle de fin d'année. Seule
la souveraine Veronica Cangemi, la flamme dans le regard et le
sourire au coin des lèvres jusque dans une fureur
gourmande, et le prometteur Philippe Jaroussky possèdent
à la fois les notes, l'ampleur et le caractère des
personnages. L'absence de pulsation dans la direction
réduit tous les mouvements à un andante plus ou
moins rapide, jamis incisif ni suspendu, qui ne peut tendre le
drame".
- Concerto.net - 25 mai 2001
"La représentation
de cette reconstitution, travail de l'Atelier Lyrique de
Tourcoing, sous la direction de Gildas Bourdet, est en tout point
digne d'éloges. Le chef Jean-Claude Malgoire et le metteur
en scène ont su insuffler vie et rythme à une
histoire au fond assez statique, reposant essentiellement, selon
le modèle encore en vigueur à l'époque, sur
une alternance de récitatifs, qui exposent le
déroulement de l'action et d'airs chargés d'exprimer
la joie, l'attente, la colère, le désespoir des
différents protagonistes. Le décor repose sur un jeu
de praticables aux formes géométriques,
traités dans les trois couleurs primaires, que les
lumières viennent nuancer ici et là, faisant par
exemple passer le jaune du citron le plus vif et dur à
l'orangé pâle. Ce très beau jeu des
lumières et le plancher brillant comme un miroir permettent
de susciter à plusieurs reprises des effets magnifiques
d'ombres portées et de reflets, certains personnages se
présentant par moments comme les figures à deux
têtes des jeux de cartes. Les costumes sont
entièrement traités dans les blancs, les noirs et
les gris, en opposition avec les couleurs vives du décor.
La distribution des
rôles est équilibrée, même si parfois on
est un peu gêné, dans les récitatifs, par le
contraste entre la voix de sopraniste de César et le
ténor de Caton. En revanche, dans les airs, magnifiques, de
César, on est pleinement convaincu par cette option de
Vivaldi qui lui permet de donner à César une sorte
de fragilité humaine. Autre superbe interprétation,
celle de l'Emilia de Veronica Cangemi, aussi bonne
tragédienne que musicienne. L'Orchestre de la Grande Ecurie
et la Chambre du Roi, fort d'une vingtaine de musiciens, et
étoffé par un beau pupitre de basse continue
(clavecin, viole et théorbe) fait parfaitement ressortir
l'extraordinaire efficacité de la musique de
Vivaldi."
- Le Canard enchaîné - Catone
in Utica - Viva Vivaldi !
"...la belle production que
Malgoire nous présente, dans une sobre mise en scène
de Gildas Bourdet. Les décors, dont le moins que l'on
puisse dire, est qu'ils sont colorés, et les très
riches costumes excitent l'oeil, mais cependant pas autant que la
musique nos oreilles. Il faut dire que Malgoire fait un sort
à chacun des airs da capo. Tous les chanteurs sont
parfaits. Cependant Jacek Lazczkowski (haute-contre) en
César est plus que parfait. Il faut dire qu'il a les plus
beaux airs à défendre. Du très grand art. Du
très grand art également, le beau chant de Veronica
Canbgemi dans ses airs de fureur de veuve."
- Atelier lyrique de
Tourcoing - 12, 14, 15 mai 1998 -
direction Jean-Claude Malgoire - mise en scène Gildas
Bourdet - avec Simon Edwards (Catone), Jacek Laszczkowski
(Cesare), Patrizia Rosario (Marzia), Veronica Cangemi (Emilia),
Sophie Fournier (Arbace), Annie Vavrille (Fulvio)
" La musique des deux derniers
actes de Catone in Utica (1737) nous est parvenue ; manque seulement
celle du premier, soit sept airs et l'Ouverture. Comme ils l'avaient
fait pour Montezuma, Malgoire et son équipe ont donc
emprunté les airs manquants aux oeuvres contemporaines (dont
beaucoup incomplètes) du Prêtre roux, retrouvant
même deux d'entre eux qui avaient été
transportés tels quels, avec notes et paroles, d'un ouvrage
à l'autre, ce qui se faisait couramment à
l'époque. Toujours passionnants d'un point de vue musical
(l'air de Cesare "Vaga sel" et celui d'Emilia "O nel sen di qualche
stella" constituent des découvertes particulièrement
séduisantes), les choix de nos artistes s'avèrent
parfois un peu moins convaincants en ce qui concerne la prosodie
("Con si bel nome" de Catone). On peut également leur
reprocher quelques incohérences dramatiques (le
déplacement du monologue d'Arbace et les deux baissers de
rideau successifs de l'acte I, la restitution de la mort de Catone
à l'acte III) qui ne contribuent pas à rendre sa
dignité à un livret déjà largement
violenté par le compositeur. Certes, le propos des
interprètes n'était pas la reconstitution à tout
crin ; il n'est ainsi pas certain que Vivaldi aurait composé
des réci-atifs aussi "écrits" que celui
précédant le premier air d'Emilia (on dirait du
Monteverdi !) ni truffé son opéra d'autant d'interludes
"symphoniques". Peu importe, c'est très beau - du moins
dès que l'orchestre, un peu amorphe et brouillon ce
soir-là (ne parlons pas des cors de l'Ouverture...) se
réveille et se concentre.
La mise en scène ne
court pas non plus après l'authenticité... pour des
résultats mitigés. Regrettons, tout d'abord, un
décor d'une grande laideur (pans de mur modulables peints en
jaune, bleu et rouge vif, sur un lino noir, agrémentés
de quelques chaises qui n'auraient pas déparé dans la
salle d'attente d'un dentiste), heureusement de temps en temps
masqué par de beaux effets d'éclairage (les feuillages
de l'acte III), mais qui a pour défaut principal d'"absorber"
visuellement les magnifiques costumes de Christine Rabot-Pinson,
parfaits exemples de ce style antico-rococo qui prévalait sur
les scènes du Settecento, conçus dans de
délicats camaïeux de blancs-noirs-gris. Pour une fois,
l'on ne pourra pas reprocher au metteur en scène de
n'être pas attentif à la direction d'acteurs, mais
Gildas Bourdet a ici péché par excès inverse,
imposant à des interprètes qui, hélas, ne sont
pas des comédiens, poses, pas et rhétorique gestuelle
qu'ils semblent réciter avec application et peu de
spontanéité.
La distribution vocale est
intéressante, sinon parfaitement adaptée à une
partition meurtrière. Simon Edwards la domine grâce
à sa voix bien projetée, aux couleurs fort
agréables, même si l'on pré-ère ce
prometteur jeune ténor dans des rôles plus aigus et plus
lyriques (mozartiens, par exemple). Confrontée à la
partie paroxystique d'Emilia, Veronica Cangemi renonce à la
frénésie d'une Margarita Zimmermann (Erato) au profit
d'un chant plus probe, un peu sage parfois, mais d'une superbe
maîtrise technique. Patrizia Rozario compense une voix lourde
et entachée de souffle par une intense présence
scénique. L'on regrette la prestation un peu hésitante
de Sophie Fournier, au timbre pourtant plaisant, et le chant
totalement engorgé, incompréhensible d'Annie Vavrille.
Jacek Laszczkowski, lui non plus, ne se fait pas souvent comprendre
en outre, les fréquents coups de glotte et le médium
désincarné (évoquant celui de la tardive Agnes
Baltsa) de ce sopraniste indisposent d'abord. Mais sa prestance, son
magnifique registre aigu, le trille irrésistible par lequel il
termine "Se mai senti", les impalpables notes filées d'"Aprile
luci" lui ont valu une ovation à laquelle, en
définitive, on ne peut s'empêcher de souscrire.".
(Opéra International -
juillet/août
1998)
- Opéra International - mai 1998 -
Tricentenaire Métastase - L'empereur des librettistes - A propos de la représentation de
Catone in Utica, à l'Atelier Lyrique de Tourcoing, sur un
livret de Métastase, né le 3 janvier
1698.
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